rien n'est à jamais immuable. l'île est un mystère, une nébuleuse insoluble. bianca commençait à cerner les rouages de tout ce système complexe, mais des bugs arrivent. ce qu'on venait de mettre à jour, au delà de l'assassinat du loup, représentait une menace bien plus grande. elle ne se sentait as en sécurité, et ce sentiment de peur qui agitait doucement ses tripes revenait de loin - peut-être depuis qu'elle avait créé la milice avec quelques sympathisants. son visage était légèrement inquiet, ce qui changeait de son visage de marbre habituel. la situation de stress ébouillantait tout son corps alors qu'elle pénétrait dans la mairie pour une concertation avec les autres chefs.
comme le loup et surtout l'arme sous-jacente semaient la panique et troublaient l'île, bianca se sentit comme la première concernée. après tout, quelqu'un qui possède une arme est à juger, et est surtout en tord vis-à-vis des lois : personne ne doit être en mesure d'ôter la vie aussi facilement. à part peut-être, elle-même. malgré toute cette agitation, la ritale ne perdait certainement pas le nord ni son sens des priorités. si elle incarnait la justice, il était presque normal qu'elle ait en sa possession cette arme ? cela ajouterait une légitimité supplémentaire à sa milice et surtout à elle-même. mais elle tairait ce dessein en présence des autres chefs, notamment eliott, qui ne pouvait pas réellement la sentir.
bianca prit les devants uns fois que tout le monde fut réuni : « je récapitule ce que nous savons : la personne qui a tué le loup l’a fait soit en légitime défense, soit elle souhaite nous faire passer un message. dans les deux cas, cette personne possède sans doute encore l’arme à feu sur elle, ou elle l’a cachée. » elle posa les mains sur ses hanches en observant ses égaux. « il faut qu’on retrouve cette personne en fouillant l'île, qu’elle soit jugée et surtout qu’on confisque l’arme pour assurer la sécurité des nôtres et ne pas donner de mauvaises idées. » c'était une situation de crise et elle travaillait pour garder son calme. elle aurait tout de même bien fumé une clope, là, tout de suite.

bianca est blessée. elle n'aime pas ce type de réunions, car elle est souvent la cible d'attaques verbales, de reproches. elle fait ce qu'elle peut, leur devoir est bien différent des leurs qui ne cherchent qu'à s'exploser le crâne à longueur de journée. elle a des responsabilités, doit faire des choix difficiles pour punir les gens. et malgré toute l’importance de son travail, elle est accusée, alors qu'elle apporte des solutions. elle veut le bien de tous sur l'île, et au vue des paroles acerbes qu'elle reçut, elle ne manquerait pas de le rappeler. tout d'abord don, la met en cause ; elle les protège ? bianca n'est pas un bouclier géant, beaucoup de choses échappent à son regard et à la milice. elle n'est pas non plus à l'origine de toutes les erreurs faites par les miliciens ; malheureusement le rôle de chef lui en fait porter le chapeau. c'est ça, avoir des responsabilités. s'il y avait de tels débordements, pourquoi ne pas venir lui en parler directement ? elle savait déjà ce qu'elle ferait en rentrant : remonter les bretelles de tout le mode et sanctionner ceux qui n'ont pas compris qu'elle était l'autorité et qu'ils lui devaient obéissance. ensuite, c'est reginald qui suggère même que c'est un membre de la milice qui est à l'origine de ce bordel car c'est du genre de la maison, apparemment. elle lève les yeux au ciel, alors que le regard de reginald est très sérieux. encore un problème avec sa milice ; oui, ils sont difficile à gérer. mais au moins, ils maintiennent l'ordre sur l'île. elle n'était pas plus au courant que les autres de l'existence de cette arme et quand bien même l'aurait-elle su, elle l'aurait bien gardé pour elle. le savoir est un pouvoir, et bianca l'a bien compris. en fait, cela la dégoûte qu'on pense toute ça de sa milice, plus qu'autre chose. mais elle garde son calme. pas de clope, il ne faut pas avouer de signe de faiblesse. joy apporte enfin du calme à la conversation, en suggérant que se battre ne sert à rien. bianca se détend soudainement. les vrais discussions pouvaient enfin démarrer. après tout, elle n'avait provoqué absolument personne en prenant la parole la première, elle n'était que la victime des paroles des autres. eliott, qui jusqu'à présent était silencieux, répondit aux questions de joy.
la personne, ou les personnes, qui ont l'arme ont probablement soudoyé les gardes qui amènent les provisions et les nouveaux arrivants. cela semble très logique, en fait. elle soupire quant à la réaction de don, qui une nouvelle fois, accuse sa milice. elle est très déçue des réactions de son frère, qui la blessent comme un couteau droit au cœur. la torture n'est pas une partie de plaisir non plus, elle n'aime que la justice. jamais elle n'oserait condamner quelqu'un à mort, ça serait à la fois inutile et avoir une telle chose sur la conscience est pire que tout. « je suis impuissante. si c'est un des miliciens qui possède l'arme, j'en assumerais les conséquences. l'arme, on a qu'à la rendre aux gardes et puis voilà tout. pourquoi donner du pouvoir à un groupe plutôt qu'un autre ? » en fait, si elle la convoitait, c'était la plus sage décision. par souci d'égalité et d'intégrité. elle veut bien se faire voir, bianca, et sa milice et elle ne sont visiblement pas le groupe le plus aimé de l'île.

tout tourne au vinaigre. cette conversation n'ira nulle part. bianca a beau être une tête de mule, elle ne sait pas comment répondre aux accusations de reginald qui semble clairement avoir quelque chose contre sa milice. non pas qu'elle lui ait fait quoique ce soit personnellement, peut-être que l'idée de la justice ou que sa milice au final moins efficace que ce qu'elle voudrait l'exaspère ? en tous cas, déclarer la guerre à elle, en face d'elle, les yeux plantés dans les siens ne résoudra pas cette affaire d'arme à feu. comme s'il attendait qu'elle le prenne personnellement et qu'elle lui braque ledit gun sur la tempe pour lui faire ravaler ses paroles. elle lâche un grand soupir, la brune, sachant que tout ceci ne mènera nulle part. elle, joy et eliott sont au final les plus raisonnés des trois, car ces deux-là approuvent son idée de restitution de l'arme. les autres, même si elle avoue avoir eu l'idées, veulent l'arme pour eux. ça paraît logique à ses yeux pour la milice, mais laisser l'arme aux alcolo du coin pour qu'un type s'amuse, avec trois grammes dans le sang, à tirer dans le tas ; ou que du même coup, un type sous drogue dure décide de voir ce que ça fait s'il appuie sur ce bouton. non. il n'est pas l'heure de déclencher une nouvelle tragédie. et puis, ils avaient beau parler mais cette arme, ils ignoraient où elle pouvait être.
même don, son frère, se ligue contre elle. elle sait même plus sur qui compter, la ritale. ça l’écœure plus qu'autre chose. ne pas avoir d'alliés est une chose à laquelle elle est habituée, mais sortir d'une pièce et se sentir trahie, c'en est une autre. ils sont tout de même relativement unanimes pour fouiller leur clans respectifs, même si bianca sait que cela sera une perte de temps. elle est encore en train de digérer les mots tranchants qu'on lui a adressés, en pure défiance de l'autorité qu'elle a pu s'accorder. mais bianca a beau se mettre dans une position de supériorité face à ses camarades, elle sait pertinemment qu'elle ne vaut pas plus qu'eux.
« vos menaces contre la milice ne vont pas ni la dissoudre ni résoudre cette affaire. » bianca annonce avec gravité. elle s'est déjà bien rendue docile pour toute cette affaire, c'en est trop cette fois. la diplomatie a du bon, mais elle a également ses limites. ils ont qu'à lui mettre une balle au fond du crâne lorsqu'ils trouveront l'arme, comme si ça allait résoudre quoique ce soit. eliott se fait pesant pour qu'ils partent, tandis que don s'est déjà tiré. elle le remercie d'un hochement de tête entendu et le suit d'un pas rapide, avec une expression neutre comme elle les arborait si bien.