Emmitouflée dans une sorte de châle en laine, Anastasia s’affairait sur le pas de la porte, elle enlevait les mauvaises herbes qui traînaient ça et là. Il ne faisait pas bien chaud, il faisait même plus tôt froid pour être tout à fait honnête, mais l’air et le vent frais faisaient du bien à la norvégienne qui sous la brise glaçante de l’hiver avait l’impression de retrouver un peu de son pays natal. Elle avait passé la matinée à mettre de l’ordre dans ce qui lui servait de demeure, autant qu’elle pouvait le faire et elle s’attaquait maintenant à l’extérieur. Ce n’était pas réellement propre ou désherbé vu le peu de moyens à disposition mais c’était déjà ça et ça lui permettait de mettre aussi un peu d’ordre dans sa tête. De ne penser à rien de particulier, ce qui était plutôt rare depuis qu’elle était sur l’île. Il y avait toujours à faire, surtout depuis qu’elle était Organisatrice et ces quelques moments de calme étaient peu fréquents. Ça ne la dérangeait pas plus que ça, après tout ça ne lui changeait pas vraiment de la Norvège et de ses cinq frères qui demandaient tout autant d’attention que ses tâches sur l’île lui en demandaient.

Une rafale de vent vint pousser légèrement Anastasia, manquant de la faire tomber alors qu’elle se penchait pour arracher une poignée de chiendent, et la décoiffa. La jeune femme se rattrapa de justesse et se redressa pour remettre un peu d’ordre dans sa chevelure blonde alors qu’elle levait le nez vers le ciel qui s’assombrissait d’heure en heure. La Norvégienne plissa le nez et fronça légèrement les sourcils, il n’allait sans doute pas tarder à pleuvoir. Ana resserra alors son châle autour de ses épaules et se détourna pour se mettre à l’abri avant que le déluge ne s’abatte sur l’île, un déluge bien moindre comparé au typhon du Novembre passé, mais tout de même. Au moment de fermer la porte, l’Organisatrice vit au loin une silhouette masculine qu’elle n’eut pas grand peine à reconnaître, depuis le temps qu’ils se connaissaient, Shiloh, l’amoureux de sa meilleure amie. Elle se demandait ce qui l’amenait à elle, la plupart du temps quand elle le voyait, il était accompagné de la belle Gaia mais cette fois il était seul. En voyant qu’il ne tarderait pas à arriver, la jeune femme laissa la porte de sa petite habitation entrouverte.