Histoire

It's so nice to meet you, let's never meet again

2005

Deklan sourit, et son sourire est insolent. Bien entendu, ça n’arrange rien aux hurlements de l’homme qui se tient face à lui, écarlate de colère ; ça a quelque chose de très amusant et de très satisfaisant de voir le teint habituellement pâle de Andreï Levski se colorer de cette façon. L’homme d’ordinaire si calme et convenable en tout point ne sait plus quoi faire pour ramener son deuxième fils sur le droit chemin, et c’est un état de fait que ledit fils n’a aucun mal à comprendre étant donné le nombre aberrant de comparaisons que son paternel fait en si peu de phrases, entre lui et son aîné, Demyan, digne fils s’il en est un. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que Deklan n’en a rien à foutre de son petit discours moralisateur à la con. Lui, cette vie d’aristocrate débile, il n’en veut pas, et si ça l’arrange bien que sa famille beaucoup trop obsédée par sa réputation paye tous les tribunaux du pays pour lui éviter la prison juvénile, et tous les journaux à scandale pour que leur nom ne soit pas traîné dans la boue, il clame haut et fort qu’il en a rien à foutre, qu’il a pas besoin d’eux, lui, qu’il est libre, et que s’il a envie de se taper deux putes en même temps sur la place de l’hôtel de ville, personne ne l’en empêchera. Pour autant, ça, il ne l’a jamais fait. Allez savoir.

Quelques minutes passent pendant lesquelles il ne dit pas un mot ; il sait déjà que ça ne sert à rien. Il n’écoute même pas, beaucoup trop occupé à savourer ce sermon qu’il considère presque comme un énième instant de gloire. Et puis, lassé d’entendre les mêmes phrases en boucle et peu désireux d’en prendre une dans la figure, bien que ce ne soit pas le genre de la maison, il finit lâcher un « Tu m’fais chier » dédaigneux, puis saisir sa veste accrochée au porte-manteaux près de la porte, passant enfin cette dernière en savourant le silence choqué qui résonne derrière-lui. Espèce de vieux con débile.

2007

« Bientôt, on va s’en aller. » La jeune femme étendue sur le ventre, près de lui, l’observe d’un air totalement surpris. Deklan ça ne l’étonne pas, il est confiant, il sait ce qu’il fait. Et tandis que sa grande main glisse sur l’épaule dénudée de la femme de sa vie, à peine couverte par un drap blanc monté jusqu’à ses reins, il sourit. « On quitte le pays, on se casse. J’en peux plus de leurs conneries, mon père menace de me déshériter depuis trois ans mais j’crois que cette fois il va le faire. Alors autant s’en aller, on a rien à gagner dans cette vie de merde. » Rien à gagner, c’est relatif ; dans la mesure où le hongrois est incapable de se rendre compte de tout ce qu’il a à perdre en réalité, il est loin du compte. Cette vie qui ne lui convient pas, les garçons et les filles de son âges seraient parfois prêts à tuer pour avoir droit à une seule chance de l’atteindre un jour. S’il avait accepté de rentrer dans le rang, sans doute serait-il sur le point d’obtenir un brillant diplôme qui le conduirait à une carrière exceptionnelle dans un milieu ou l’autre. Mais lui il est tellement au-dessus de toutes ces conneries, il a pas besoin de leur réputation, de leur argent, il veut pas faire partie de ce système pourri où tout le monde rentre dans des moules prédéfinis parfaitement pensés pour restreindre les libertés et les réflexions du monde entier. Lui il est libre, et il se conformera jamais à toutes ces conneries. « Mais Deklan, on peut pas… j’ai tout ici, mes études, mon avenir, ma famille… » A ce dernier mot, il ricane un « Ah ! » méprisant, tandis que du haut de la suffisance de ses dix-sept ans il quitte le lit pour rejoindre un petit meuble dans un coin de la chambre d’hôtel, dont il sort un verre plat et une bouteille de whisky. « Ta famille, elle est bien bonne celle-là. Tu parles de monsieur le ministre ton père ou de ta mère la folle dingue ? » Son ton est dédaigneux, moqueur, il les méprise tous, tous autant qu’ils sont ces aristocrates ridicules qui se pensent au-dessus de la populace, qui s’imaginent en droit de dicter les règles. Les seuls qui devraient avoir le pouvoir sont ceux qui l’ont gagné, mérité, qui ont prouvé leur valeur d’une façon ou d’une autre et certainement pas ces imbéciles pédants qui ont pour seul fait d’arme le fait d’avoir survécu au passage du bon noble pénis au bon docile vagin, c’est quand même déplorable. « C’est débile. Viens avec moi, j’ai trouvé du boulot en Amérique, un truc génial dans une mafia, on aura tout le fric qu’on veut et aucune règle pour nous brider, on sera… les rois du monde ! » Portant son verre à ses lèvres, le garçon en boit une gorgée avant de tourner vers la jeune femme un sourire radieux, féroce aussi, parce qu’il sait que rien ne l’empêchera d’atteindre cette vie, et qu’il l’emmènera avec lui, parce que sans elle, quoi que l’avenir lui réserve, ce sera beaucoup moins beau. Pourtant elle n’a pas l’air de partager son enthousiasme, puisque tout ce qu’il trouve en posant les yeux sur elle, c’est une expression angoissée, nerveuse. « Je dois te dire quelque chose, murmure-t-elle alors, les yeux baissés. Ca fait plusieurs fois que ma mère invite à la maison un homme haut placé au gouvernement. C’est exceptionnel d’atteindre ce rang aussi jeune et… il est gentil. » D’accord, très bien. Et donc, en quoi ça le concerne ? « Il m’a demandé ma main cet après-midi. » Ah. Ca le fait ricaner, lui, quand il imagine la gueule probablement cramoisie de ce petit bourgeois surement boudiné devant le refus de sa gonzesse à lui. « Et je… j’voulais pas tu sais mais, ma mère… elle a, elle a accepté, et ils sont déjà en train d’organiser le mariage alors je… je peux plus reculer maintenant. »

Là, ça le fait beaucoup moins rire. Il a mal entendu, non ? « Quoi ? demande-t-il, la voix vibrante de colère et d’une certaine forme de peur qu’il n’est pas tout à fait sûr de comprendre. » Mais la jeune femme s’assoit devant-lui en remontant contre son buste nu le drap blanc dont elle semble vouloir se couvrir pour se cacher. « Je suis désolée, articule-t-elle, les yeux brillants. C’est ma mère, elle… » Bien sûr que c’est sa mère, et à vrai dire à lui ça ne lui traverse même pas l’esprit qu’une petite chose aussi fragile et douce que son amante ait pu prendre elle-même la décision d’épouser un homme qui lui garantirait une vie stable plutôt qu’un petit con comme lui déterminé à foutre sa vie en l’air et avec le sourire. Ca ne lui vient même pas à l’esprit non-plus, qu’elle puisse prétendre ça simplement pour se protéger de sa colère tout de suite, sans en imaginer une seconde les conséquences. « Ca va pas se passer comme ça, gronde-t-il, les mains tremblantes sous l’effet de la rage. Tiens-toi prête à partir ce soir, je passerai te chercher chez toi. »

2009

Il est tombé amoureux une seule fois dans sa vie Deklan. Et il ne sait pas trop pourquoi il y repense maintenant, lui qui s’est appliqué à laisser son ancienne vie derrière-lui en montant dans cet avion deux ans plus tôt, mais ce soir, ça l’obsède, tandis qu’il fait tomber dans sa main le chargeur du glock. Tirant un coup sec sur le chargeur, il vérifie que la chambre est vide d’un coup d’oeil et s’applique ensuite à démonter l’arme méticuleusement, pièce après pièce. C’est son boulot dans la bande, il fait ça toute la journée et il met un point d’honneur à le faire bien en dépit du caractère très ingrat de la tâche, considérant qu’il serait capable de se montrer bien plus utile ailleurs, voire indispensable.
Il s’en rappellera sûrement toute sa vie, des yeux écarquillés de terreur qu’il a vus s’éteindre seconde après seconde tandis qu’il pressait presque sauvagement la gorge de cette salope de bourgeoise qui voulait lui voler la femme de sa vie en l’offrant à un autre. Il ne se serait jamais douté, à l’époque, que sa victime n’avait pas grand chose à voir avec le fait que son amante ne veuille pas partir avec lui. Qu’elle n’en avait en réalité jamais eu l’intention, qu’elle s’amusait des délires de grandeur d’un soi-disant badboy en mal de reconnaissance pour pimenter un peu sa petite vie tranquille. Une étincelle de folie avant de rentrer sagement dans la place qu’on lui avait gentiment destinée. Elle était pas différente des autres. Et lui, il a foutu sa vie en l’air pour une menteuse.

Parce que si Deklan n’a jamais voulu se plier aux règles qu’on voulait lui imposer, il n’avait pas pour autant l’intention de tuer qui que ce soit. Sa seule limite, c’était celle-là, et en la franchissant il a sans doute oublié d’emmener avec lui une partie de sa conscience. C’est pour ça sûrement qu’il est aussi calme ce soir, même si les flics seront là dans quelques minutes. En les attendant, il nettoie le ressort récupérateur, la glissière, le canon. Et quand de lourds pas se font entendre de l’autre côté de la porte fine de son appartement miteux, le glock est remonté, chargé, armé. Lui, il a renoncé à sortir de là vivant. S’il n’est pas tué par les flics, ce sera sûrement fait dans les mois à venir, au bout de la ligne verte.


Et pourtant. Il ne sait pas trop ce qu’il fait là Deklan, pourquoi exactement le tribunal a jugé que c’était une bonne idée de le mettre sur ce bateau quand son avocat a réussi à les convaincre qu’en dépit de ses crimes c’était impensable de conduire un garçon de son âge à la chaise électrique. Dix-neuf ans c’était un peu jeune pour mourir et il est le premier à le reconnaître ; pourtant sa chance est à double tranchant et il ne sait pas vraiment à quoi s’attendre là-bas. Qu’à cela ne tienne, il verra bien ; qui sait, peut-être que cette île lui laissera la chance qu’il n’a pas eue jusqu’à maintenant.

Félicitations !

Deklan Levski, bienvenue sur l'île !

Arrrrrg un autre chevalier !
J'aime beaucoup son histoire et je pense pas te l'avoir encore dis, mais j'adore la façon dont tu écris ! Hâte de voir évoluer ce fossile de l'île en tout cas, au plaisir de RP avec toi ~

Bravo pour ta validation petit délinquant. Maintenant que ta fiche est terminée, il est temps de poser définitivement tes valises, de t'installer et de commencer à jouer.
Pour commencer, tu peux vérifier que le staff a bien fait son boulot, et vérifier que ton avatar a été réservé dans le bottin, et que ton personnage a été recensé dans son pays d'origine et sur la date de son arrivée. Si tu ne vois pas ton nom sur un des trois sujets, n'hésite pas à MP un des membres du staff, on t'en voudra pas, loin de là
Une fois ça fait, tu peux aller poster ta fiche de lien et ta première fiche d'activité RP. Si besoin est, tu peux aussi aller poster un pré-lien si t'as une idée bien précise de ce que tu veux.
Voilà, maintenant t'es paré pour commencer à jouer.
Tu peux désormais aller voir ce qu'il se passe dans ton gang (intrigues ou tea time sur les autres gangs) dans le forum qui lui correspond dans la partie "A la file indienne".
Hésite pas non plus à passer dans le flood et les jeux ainsi qu'a voter sur les top-sites.

Bon jeu parmi nous !