Histoire
So what I get drunk
Until I go crazy
downtown brooklyn ...
ça pue la pisse dans les ruelles. ça grouille de cafards et de rats. ça grouille de vies enchevêtrées les unes aux autres. le jour on n'a pas le temps de se regarder, la nuit on règle ses comptes. c'est downtown brooklyn. le quartier qui accueilli Jay au monde un soir de 1995.
9 ans et on s'occupe déjà du magasin avec maman. on pousse la chaise roulante de papa victime d'un terrible accident de scooter. on s'occupe de la petite qui n'a qu'à peine 2 ans. On regarde, impuissant, son aîné sombrer dans l'alcool et la drogue. mais c'est downtown brooklyn ici, donc rien de vraiment anormal.
11 ans et on s’intéresse beaucoup à la musique et plus particulièrement le hip-hop. on observe les grands du quartier rapper et danser, et tout cela en freestyle. on veut y participer, on veut s'intégrer et prendre part à cette merveilleuse culture et art mais
"hey le chinois, tu te prends pour qui? retourne écouter tes musiques d'animés." heureusement le meilleur ami est là, le frère de sang ainsi que ses cousins. ils te protègent. ils te conseillent de pas écouter les ignorants.
14 ans, après les cours, on se retrouve dans ce petit studio amateur. on enregistre quelques sons. on rappe nos difficultés, nos angoisses, nos peurs, nos envies, nos rêves. on partage sur les réseaux sociaux, on rêve de se faire connaître. avec les potes, on se produit dans des fêtes de quartiers. on essaye de se mesurer au plus grands.
17 ans, t'as un peu percé. dans le quartier on te reconnaît.
"Jay? le p'tit asiat' qui rappe? ouais plutôt cool comme type." t'impressionnes certains, t'irrites d'autres. mais ça t'encourage. tu ne cesses de t'améliorer. la musique, t'as ça dans la peau. c'est ton futur. tu en rêves. si tu persévères assez, tu auras une chance. tu crois en ta bonne étoile.
21 ans, et ta vie n'a pas beaucoup changé. ta carrière n'a pas beaucup évolué. avec ton meilleur pote vous livrez des performances d'enfer dans les sous-sols du quartier, vous imaginant sous les feux des projecteurs hollywoodiens.
une opportunité se présente. une petite. un concours de talent s'organise dans ton université. il se murmurre dans les couloirs que de riches producteurs seront présents dans l'audience, incognito, à la recherche de nouveaux talents. c'est juste une rumeur mais ça fait rêver. vous y foncez têtes baissées. vous rappez jusqu'à en perdre le souffle.
un étrange homme vous glisse une carte entre les mains et avant même que vous n'ayez le temps de la lire, il a déjà disparu dans la foule d'etudiants. la nouvelle se propage vite dans le quartier.
"mec, tu ne devineras jamais ce qu'il sait passer! le duo là, tu sais, l'asiat' et le negro, ils se sont fait répérer par un gros poisson!"les réactions étaient partagées entre admiration et subtile jalousie. deux jeunes du quartier allaient peut-être devenir célèbres. on pourra se vanter de les avoir connu, d'avoir partagé une salle de classe avec eux, d'avoir été un de leurs anciens potes. on organise une fête. tout le quartier est invité. ton pote et toi êtes invités à rencontrer ce fameux producteur. il a très envie de signer un contrat avec vous. demain vous vous rendrez à new-york.
c'est l'euphorie. la musique est à fond. l'alcool et les substances illicites ne manquent pas. vous êtes le centre de l'attention. la plus belle du quartier vous tourne autour. la lionne, qu'on la surnomme. elle prend vos mains et vous guide dans son antre. ce soir, elle est particulièrement gourmande. tous deux, vous êtes ses proies.
il est midi, la fatigue de la veille se fait sentir. vous somnolez sur les sièges du bus qui vous mène à la station de métro. le sommeil vous ralentit le cerveau énormément. vous vous rendez pas compte que les flics qui campent devant la gare sont là pour vous. ils vous encerclent, vous demandent vos cartes d'identités. d'un geste lent, vous les tendez. ils se partagent quelques regards puis hochements de têtes. en deux secondes, vous vous retrouvez les menottes aux poignets. on vous récite vos droits, on vous embarque au poste. on vous a aussi dit pourquoi on vous arrêtait mais ça n'a pas cliqué dans vos cerveaux.
"viol d'une mineur."il n'y avait aucun doute. toutes les preuves étaient contre vous. en plus des expertises médicales, il y avait des "témoins". vous auriez entrainé la jeune fille dans un ancien engard et l'auriez sauvagement violé, lui causant de nombreuses blessures internes.
on vous l'a bien fait à l'envers. peu importe qui était derrière tout ce merdier, on vous l'a mis bien profond. le verdict est sans appel. direction l'île pour une bonne dizaine d'année.
au revoir new-york. au revoir future carrière. et tu les emmerdes cette bande d'incapables. cette jalousie aura raison d'eux un de ces jours.