île prison pour les jeunes délinquants du monde entier
 
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 :: LA DEUXIÈME PETITE ÉTOILE :: zones neutres :: plage
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Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?
Eva Esperanza

Eva Esperanza
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MessageSujet: Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?   Flashback ~ What can I do to bring you back to me ? EmptySam 21 Déc - 15:49

What can I do to bring you back to me ?
@"Mikhaila Plizetski

L'empathie n'a jamais véritablement été l'apanage d'Eva. On lui connait bien d'autres traits, ceux qui vivent sur l'île ont en tout cas parfaitement conscience de certains, bien délimités. A commencer par l'impulsivité crasse de la jeune femme, ne supportant aucune provocation, aucune phrase prononcée un peu trop fort, et ne répondant à chacune que par ses poings osseux soigneusement bien placés, que des années de combats en tout genre ont suffisamment bien entraîné pour prouver qu'elle ne plaisante pas. En somme, elle est plutôt tranquille depuis qu'elle est arrivée, mais c'est bien la première fois qu'un tel sentiment la traverse, quand elle quitte l'antre presque sécurisante et bienfaitrice des quartiers nord pour traverser le Centre, les lèvres pincées. Elle regrette déjà ce qu'elle va faire, mais tant pis ; ce qu'elle vient d'entendre suffit amplement pour que, cette fois,  elle se décide à faire un pas en avant. Même les monstres ont un coeur, apparemment.

Ses accès de territorialisme ont généré un bon nombre de bagarres, depuis qu'elle est arrivée. La dernière n'avait rien à voir, et à vrai dire elle ne se souvient même plus de la raison pour laquelle elle a sauté à la gorge de ce type. Peut-être  une phrase un peu trop étrange, des remarques scabreuses, aucune raison n'est mauvaise pour elle, et trouve toujours sa justification dans sa petite tête. Ce qui s'est passé ensuite, en revanche, Eva ne l'a pas compris. L'intervention de Sante Mikhaila ne l'a pas vraiment étonnée, sur le moment. Après tout, la magicienne n'a jamais raté la moindre occasion de gâcher l'ambiance, et tout les départs de feux ont soigneusement été étouffés. C'est presque devenu rituel, avec les années. Eva se bat, Mikhaila les sépare, Eva la recouvre d'insultes, de provocations, et la magicienne ne répond que par le silence. En somme, quelque chose d'insupportable qui lui a valu ce petit sobriquet par l'hispanique ; mais ça, c'était jusqu'à ce que le poing de la blonde s'écrase sur son visage. Elles se sont battues. Jamais Eva ne se serait imaginée que cette fille serait un jour capable de répondre à une insulte, et elle l'a fait.

Peu rancunière, elle n'a pas gardé de haine particulière de cet échange. Sans s'en excuser pour autant, et en ne conservant de ce souvenir qu'une drôle d'indifférence, ce n'est que lorsque le rapprochement a été fait entre son coup de sang et la mort d'un compagnon milicien qu'elle a compris. Voilà exactement pourquoi elle traverse le quartier en cherchant cette silhouette presque familière des yeux ; prise, sans doute, d'une étrange impulsion la conduisant à lui rendre visite, motivée par ses propres souvenirs que l'information a fait remonter dans son esprit. A l'époque où il lui a fallu s'en relever, une poignée d'années auparavant, elle aurait sûrement rejeté toute personne venue lui dire je comprends, tu sais ; mais Santa Mikhaila n'est pas faite du même bois qu'elle. Sans qu'elles n'aient jamais parlé, Eva a compris depuis bien longtemps qu'elle était gentille, cette fille. A l'opposé d'elle, en somme.

C'est donc munie d'une bouteille achetée chez les Alchimistes et de quelques joints fourrés dans sa poche que la milicienne finit par la trouver, sur la plage. Le soleil se couche doucement à l'horizon, et Mikhaila est seule ; elle n'a pas vraiment de peine à deviner pourquoi. « Besoin de compagnie ? » demande-t-elle en sachant qu'il y a une chance sur trois pour qu'elle se fasse envoyer balader ; mais la jeune femme se contente de tourner la tête, tandis que l'espagnole s'installe près d'elle, d'autorité. « J'ai de quoi enterrer la hache de guerre. » Enterrée depuis longtemps aux yeux d'Eva, mais sait-on jamais, pense-t-elle en désignant la bouteille. Puis, secouant doucement la tête, elle hausse les épaules. « Bien sûr si tu préfères rester toute seule, suffit de me le dire. » Parce qu'elle, à l'époque, avait parfaitement conscience que son chagrin demeurerait son seul ami, pour le temps que son deuil durerait. Mais encore une fois, elles sont différentes, ces deux-là.
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Mikhaila Plizetski

Mikhaila Plizetski
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GANG : T'es une magicienne et tu veilles sur les têtes brûlées qui s'y trouvent.
CRIME : Aucun, t'es innocente. T'as juste voulu rejoindre ton mari sur l'île et pour ça, t'as fait croire que toi aussi, t'as trahi ton pays.

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MessageSujet: Re: Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?   Flashback ~ What can I do to bring you back to me ? EmptyLun 23 Déc - 0:29

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​C’est pas toi de t’énerver. De sortir de tes gonds. T’es la force tranquille, chez les magiciens, celle dotée d’un calme inébranlable. Même toi t’en étais convaincue. Jusqu’à ce que ça soit trop. Pourtant, c’était pas la première fois qu’elle t’insultait, pas la première fois qu’elle s’énervait alors que toi, tu l’empêchais de frapper le premier venu. Sauf que cette fois-ci… Tu sais pas. Quelque chose s’est brisé en toi. Ton calme, sans doute. Et face à ses insultes, tu l’as fusillé du regard. Tu l’as averti une fois, de cesser. De se taire. Elle a continué. Et sans même que tu comprennes comment ni même pourquoi, ton poing est parti. Un coup que tu lui as balancé avec violence, te surprenant toi-même. Sauf que tu t’en es pas arrêtée là. Vous vous êtes battue. Puis t’es repartie sans demander ton reste, toujours en colère mais surtout honteuse aussi.

Depuis, tu l’as pas revu. Depuis, t’es pas trop sortie, en vrai, sauf pour aller sur la plage. Parce qu’ils sont bruyants, chez les magiciens. Parce que tous ces gens t’insupportent. C’est bien la première fois que tu te sens ainsi, toi qui a toujours cherché à les prendre sous ton aile, à aider ceux un peu perdu, ceux qui risquaient de se blesser ou de blesser les autres. Mais en ce moment ? C’était difficile. Trop difficile. Assise sur la plage, tes genoux remontés vers toi, tu perds ton regard dans les vagues, peinant à faire ton deuil. On dirait que t’arrives pas à y croire. Que c’est pas possible. Vous aviez fait la guerre. Vous vous étiez retrouvés sur le champ de bataille. Il avait tué, pour te sauver. Il était fort, Lev. Il savait ce qu’il faisait. Il savait se battre, bien mieux que tous ceux présents sur cette île. Tu le savais, après tout, il était l’une des rares personnes capable de l’emporter sur toi. Alors pourquoi ? Comment ? C’est en panique que t’as déboulé à l’hôpital, lorsque t’as eu vent qu’il était dans un état critique. Et c’est la mort dans l’âme que t’as reçu la nouvelle.

Il n’avait pas survécu à ses blessures.

T’as tant pleuré, tellement que t’as plus de larmes à verser. T’es assise sur la plage, immobile, le regard sec mais le coeur lourd. Tu as tiré sur la chaîne autour de ton coup pour pouvoir la tenir dans ta main. Accrochée sur cette dernière se trouve deux choses importantes. Ses plaques, sur lesquelles sont gravées son nom. Ce nom que tu portes désormais, que t’as pris lorsque t’as accepté de le marier peu avant votre mission périlleuse, celle pendant laquelle t’aurais pu y passer, s’il n’avait pas été là. Il y a aussi sa bague, celle que tu lui as passé au doigt lorsque tu lui as prononcé ces tendres mots. Oui je le veux. Tu sais pas ça va te prendre combien de temps, tu sais pas si un jour tu vas te remettre de sa mort. Sûrement. T’es pas du genre à te laisser abattre ni à laisser les émotions négatives prendre le dessus. Mais pour le moment, t’as mal. T’as sûrement juste besoin de vivre cette peine.

Des pas attirent ton attention, suivi d’une voix. Tu sais pas ça fait combien de temps que t’es ici, à fixer le vide. C’est ton activité préférée, depuis que lui n’est plus là. Le vide. C’est bien comme ça que tu te sens, en fait. Tu la suis du regard, fronces légèrement les sourcils avant d’hausser les épaules. T’es pas du genre à beaucoup consommer, pas du tout même, que ce soit drogue ou alcool. Mais pour cette fois-ci, tu peux bien faire une exception, tandis que t’étires un faible sourire à ses mots. T’as pas besoin qu’elle te voit aussi misérable, terrassée par une mort que tu peines à accepter, que t’aimerais pouvoir refuser.

- Tu peux rester. Puis tu sais, il n’y avait pas vraiment de haches à enterrer. Sauf si tu m’en veux.

Parce que toi, tu lui en veux pas. Pas plus que t’es vraiment désolée. Tu comptes pas t’excuser pour ton coup de sang et t’espères que c’est pas ça qu’elle est venue chercher. Tu penses pas. Elle serait pas venue avec de l’alcool sinon. T’attrapes la bouton, l’ouvres pour en prendre une longue gorgée. Ça te brûle la gorge et la sensation est si désagréable qu’elle te fait presque du bien. Ça te permet d’attirer ton esprit ailleurs, pour quelques instants. Parce que t’as mal. Ta poitrine te brûle alors que t’es confrontée à une peine difficile à surmonter. Ça avait toujours été ta plus grande peur, du temps où vous serviez ensemble. Qu’il meurt. À chaque fois qu’il était déployé, t’avais peur qu’il ne revienne pas. Et dire qu’au final, c’était cette île qui t’avait arraché ton mari. Cette île que t’avais rejoint, usant de mensonge pour qu’on t’accuse, tout ça pour pas être séparée de lui.

- Tu vas bien ?

Question toute simple mais qui faisait référence à quelque chose de plus précis. Tu l’avais frappé et si tu pensais pas lui avoir causé de sérieuses blessées, tu préférais t’en assurer. Tu lui rends sa bouteille après une autre longue gorgée, qui te brûle la gorge de la même façon que la première. Un rire peu convaincu s’échappe de tes lèvres.

- Je pense que je vais avoir besoin de plus d’une bouteille.

Ça en était presque triste. Toi, Mikhaila, qui depuis des années, depuis ton arrivée, tu veillais sur les gens, refusant de consommer pour ne pas empoisonner ton corps que t’entraînais toujours avec diligence, voilà que t’étais tentée de boire jusqu’à en perdre la raison. Qui sait, peut-être que ça te ferait du bien. Un peu. Temporairement. Peut-être que l’oubli était ce dont t’avait de besoin. Ou pas. Tu savais pas trop, à vrai dire, ce dont t’avais de besoin. Personne n’avait cru bon de t’informer, lorsque t’as signé ce contrat de mariage, la démarche à suivre en cas du décès de ta seconde moitié.
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Eva Esperanza

Eva Esperanza
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MessageSujet: Re: Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?   Flashback ~ What can I do to bring you back to me ? EmptyLun 23 Déc - 17:46

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@"Mikhaila Plizetski

La jeune femme assise, les bras ramenés devant les genoux, porte dans le regard cette même brisure qu’elle avait elle, quand elle se regardait dans le miroir au moment où sa vie a basculé. La même froideur abyssale, les mêmes émotions vespérales dansant dans ses yeux clairs sans pour autant qu’elle en montre les subtilités. Les aléas du chagrin sont ce qu’ils sont, à commencer par le besoin de solitude qui l’étreignait, elle, quand le monde heureux l’oppressait et qu’elle estimait que personne ne pouvait continuer à sourire autour d’elle, face à l’océan de chagrin qui l’avait envahie. Personne ne pouvait comprendre, la solitude était sa seule porte de sortie, la seule chose capable de la sauver de la folie. De la douleur et de l’envie de mourir, aussi. Alors elle ne peut que comprendre, Eva, ce petit haussement d’épaules qu’esquisse la jeune femme près d’elle quand elle s’installe. Après tout, qu’a-t-elle à lui offrir sinon un tout petit peu de compréhension, le tout petit filet d’empathie qu’il reste à l’espagnole pour comprendre. Parce que ça lui est déjà arrivé. C’est la seule et unique raison pour laquelle elle se trouve là et pas ailleurs, qu’elle a décidé de ne pas ignorer cette fille aux airs de sainte qui lui a toujours ôté le plaisir de détruire un visage sous ses poings de femme.

« Tu peux rester. Puis tu sais, il n’y avait pas vraiment de haches à enterrer. Sauf si tu m’en veux. » Non, bien sûr que non. Se battre, c’est dans son sang latin, elle l’a toujours fait depuis qu’elle sait se servir de ses poings. Tous les jours, ou presque, des bagarres de cour de récré d’abord puis de rues quand elle s’est présentée sur tous les rings sauvages des rues de Barcelone puis de Paris. La violence, c’est dans son sang, et sa seule manière de la contenir a toujours résidé dans le conflit. Et puis, ce jour-là elle a eu une adversaire à la hauteur. Cette fille sait rudement bien se battre, le combat a été difficile et n’a connu aucune gagnante. Parce qu’elle s’est barrée, Santa Mikhaila, quand elle a compris ce qu’elle était en train de faire et que la lutte s’est arrêtée aussi brutalement qu’elle avait commencé. Saisissant la bouteille, la magicienne prend une longue gorgée du tord-boyaux dégueulasse des alchimistes ; elle est d’ailleurs encouragée par un regard très approbateur. Parfois, il n’y a que ça pour aider, même ce qu’elle lui dira risque de ne pas suffire.

« Tu vas bien ? » Eva hausse doucement les épaules, un fin petit sourire aux lèvres. « C’est pas à moi qu’il faut poser la question. » Si on lui demande à Eva, elle va toujours bien. La vérité c’est l’inverse, si elle exècre les mots comme chagrin, dépression, déprime elle ne peut pourtant pas renier que leurs effluves vivotent autour d’elle et qu’elle ne peut pas s’en défaire. Depuis quelques années, c’est survivre qu’elle fait et non vivre. Le ring des magiciens et son devoir de milicienne, voilà tout ce qui la qualifie. Le fouet pour passer ses nerfs, les poings quand ça ne suffit pas. Après tout, c’est de bonne guerre. Mikhaila reprend une gorgée du liquide, lui rend, un rire sec au coin des lèvres. A briser le coeur de toute personne sensible, à seulement tordre celui de l’hispanique qui l’observe sans ciller.

« Je pense que je vais avoir besoin de plus d’une bouteille. » Alors elle ira en chercher une autre ; mais avant ça, elle tire une petite boite en fer de sa poche, l’ouvre sous les yeux de la jeune femme pour en dévoiler les quatre joints soigneusement remplis à l’intérieur. « J’ai ça aussi qui marche pas mal. » D’ailleurs, elle s’empresse de l’allumer, après avoir pris une longue gorgée d’alcool, elle aussi. Passant une main devant ses lèvres pourpres, elle repose ensuite l’objet dans le sable avant de tirer sur le tube de cannabis. Par quoi commencer, exactement ? Peut-être par le début. « Je sais pourquoi t’as fait ça, l’autre fois. T’aurais dû continuer. » Qu’elles se battent jusqu’à avoir la gueule en sang, ça lui aurait fait du bien à Mikhaila, Eva n’en doute pas une seule seconde. A force de garder ses émotions sous contrôle, on finit par exploser, et la magicienne semble ne pas se réserver ce luxe là. « Moi à l’époque, ça me calmait d’aller me battre. J’avais l’impression de réparer l’injustice, même si... elle ricane. Tend le joint à la jeune femme. c’était pas du tout le cas. Ça me permettait juste de pas trop y penser quand je le faisais. » Puis, doucement, elle attrape la chaîne à son cou pour lui montrer. La chevalière est petite, c’est pas une alliance, c’est la seule chose qu’elle a réussi à récupérer de Lancelot avant de disparaître. Frappée sur l’or blanc, une clé de sol. « J’pense être la plus à même de comprendre ça, tu vois ? » Mais si elle veut pas, tant pis ; elle la laissera seule, pas question de lui imposer quoi que ce soit.

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Mikhaila Plizetski

Mikhaila Plizetski
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MessageSujet: Re: Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?   Flashback ~ What can I do to bring you back to me ? EmptyMar 24 Déc - 3:06

What can I do to bring you back to me ?


​C'était quelque chose que t'avais toujours crains, une peur qui faisait partie de ton quotidien, même si cette dernière se faisait plus discrète, plus silencieuse, depuis que vous étiez sur l'île. C'était ironique en sachant que vous vous trouviez tous les deux entourés de criminels, mais tu te disais que c'était toujours mieux qu'affronter la guerre et les champs de bataille. Ici, les jeunes n'étaient pas entraînés, encore moins armés. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que cette île t'avait arraché le seul homme que t'ait jamais aimé ? Votre histoire était douce, tranquille. Tous deux nés au sein de famille de militaires, vous vous étiez rencontrés jeunes et t'avais jamais envisagé être avec un autre que lui. Il supportait tellement pas l'idée de vivre sans toi qu'il a sacrifié votre unité pour te sauver. Tu supportais tellement pas l'idée de vivre sans lui qu'à peine deux mois après son départ pour l'île, tu l'avais rejoint, offrant un éhonté mensonge à tes supérieurs.

D'une voix douce, trahissant toutefois toute l'émotion que tu peux ressentir à l'heure actuelle, tu lui poses une question bien simple mais non sans un intérêt sincère. Allait-elle bien ? Ça t'inquiète, quand même. Tu t'en voudrais de l'avoir blessé. Parce que tu sais que t'aurais pas dû répondre à ses provocations, tu valais mieux que l'éclat de colère qui avait illuminé temporairement ton regard. Parce qu'au final, tu te sentais pas mieux, c'était même le contraire. Tu te sentais mal, un brin coupable, dégoûtée de ta propre personne et agacée d'avoir ainsi succombé à tes émotions, toi qui t'étais toujours fait la promesse de les vivre, certes, sans pour autant que ça ne vienne affecter les autres. T'étais pas insensible, tu souffrais juste en silence.

Ton regard glisse sur la petite boîte qu’elle ouvre, sur les joints qu’elle contient. T’as jamais consommé de drogue, et pourtant, c’est pas les occasions qui ont manqué. Mais là, alors que la bouteille te fait de l’oeil, tu te dis que c’est pas un mauvais moment pour commencer. Ou peut-être que si. Tu connais pas trop les effets que ça a. Mais t’as quoi à perdre, à essayer ? Tu tends alors la main, l’écoutant en même temps, prenant un joint en te notant que t’allais lui en offrir un une prochaine fois. Tu viens le porter à tes lèvres après l’avoir allumé, comprenant peu à peu l’histoire qu’elle te raconte. Elle comprend. Ça te rend triste, de réaliser qu’elle comprend, parce que cette douleur, ce deuil que t’arrives pas à faire, tu le souhaites à personne. Ça fait mal. Et il y avait rien que tu pouvais faire, à ce niveau-là. Le temps allait aider, qu’on te disait. Mais qu’est-ce qu’était le temps, l’infini des jours qui défilaient, sans lui ?

- Ça m’aurait donné quoi de continuer ? J’ai pas envie de blesser les autres.

C’est pas parce que t’as mal que tu cherches à partager ta peine, que t’as envie que d’autres souffrent avec toi. Doucement, tu retires d’autour de ton cou ta chaîne, pour lui montrer. Les plaques de Lev, accrochées avec les tiennes. Et son alliance. Deux choses qui ne l’avaient jamais quitté toutes ces années, qui lui avaient été importantes. Qui était désormais importantes pour toi.

- J’ai toujours eu peur qu’il meurt. C’était une menace qui pesait sur sa tête quotidiennement, qui devenait plus vraie encore lorsqu’il était déployé. Je l’ai épousé en sachant que la vie pourrait me l’arracher à tout instant.

Ta gorge se serre alors que tu dis ça d’une voix étranglée par les sanglots que t’arrivent plus à pleurer. Tu sais pas pourquoi tu lui racontes ça à elle. Peut-être parce qu’elle peut comprendre. Peut-être parce que t’as juste besoin d’en parler, de te vider le coeur. T’as tellement l’habitude de t’occuper des autres, de prendre soin d’eux, que t’as oublié comment prendre soin de toi-même. Tu tires alors sur le bâton de cannabis que tu tiens, t’étouffant légèrement, te retrouvant à toussoter un peu.

- Je pensais y être préparer.

Or, rien n’aurait jamais pu te préparer à cette douleur vive qui brûlait dans ta poitrine.

- Personne m’a jamais dit que ça ferait aussi mal.

Ta main se resserre sur cette chaîne que tu tiens, celle à laquelle tu t’accroches, tout ce qui te reste de l’homme que t’a aimé. Que t’aimes encore.

- On m’a jamais dit que ce serait aussi difficile à accepter.

T’y arrivais pas. Tu voulais pas l’accepter. Parce que cela rendrait les choses trop vraies. Et pourtant, il était mort. Il n’était plus là. On te l’avait dit. Tu l’avais vu. Il n’y avait plus rien que tu pouvais faire, à ce niveau-là, si ce n’était que l’accepter et commencer ton deuil. C’était toutefois plus facile à dire qu’à faire. Parce que tu le voyais partout, sur cette île. Tous ces endroits que vous aviez découverts ensemble. T’avais encore l’impression de l’entendre, de sentir ses bras te serrer contre lui, te susurrant des mots doux pour te bercer jusqu’à ce que tu t’endormes. Peut-être que tu devenais folle, le manque de sommeil ne devait pas aider. T’avais juste trop de souvenirs avec lui, trop de moments partagés après un peu plus de quatre ans sur cette île, pour pouvoir passer par-dessus aussi aisément.
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MessageSujet: Re: Flashback ~ What can I do to bring you back to me ?   Flashback ~ What can I do to bring you back to me ? Empty
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