Pas de loup, pas un bruit, silence complet. Légère brise faisant virevolter les feuilles mourantes de la forêt, Lina traquait sa proie sans relâche. Accroupie, telle une animale, une lance fabriquée par ses soins dans la main droite, son autre patte touchait le sol encore humide de la dernière pluie où les empruntes d'un lapin se faisaient voir. Le rongeur était tout proche, les marques se faisaient de plus en plus fraîches. Pistant depuis plus d'une heure le même animal pour avoir de quoi se nourrir ce soir, la demoiselle était quelque part heureuse de pouvoir reprendre son rythme de vie qualifié de sauvage par ses compères humains. Mais il n'y avait rien de sauvage là-dedans. C'était simplement la façon dont elle avait vécu pendant la majeure partie de sa vie, dans une solitude profonde qui ne l'attristait guère. La blonde préférait largement être sa seule compagnie que d'être mal accompagnée. Et ici, sur une île de délinquant, les mauvaises fréquentations ne manquaient guère.
Derrière un buisson, entre les hautes herbes, elle vit la petite frimousse de l'animal qui ne tarderait pas à être son repas. Levant sa lance vers l'arrière, pour prendre assez d'élan, elle lança son arme d'un coup sec et embrocha d'un seul coup le rongeur couleur nuage. Un gémissement de douleur s'échappa du petit être qui essayait de se débattre tant bien que mal pour retirer la lance de son pelage, tandis qu'un liquide rouge sombre s'écoulait lentement au sol. Fière de sa prise, la chasseuse sortit de sa cachette avant de se courber au-dessus de l'animal, couteau sous sa gorge. Inutile de le faire souffrir plus longtemps. Mouvement vif, dernier soubresaut de son existence, il était mort.
Les phalanges de la gamine se perdirent brièvement dans les hémoglobines du lapin décédé avant de se glisser jusque dans ses lèvres. Beaucoup de souvenirs revinrent à cet instant précis. Elle avait faim. Vraiment faim. Elle aurait aimé pouvoir simplement le manger là, maintenant, tout de suite, comme avant. Mais d'après la société c'était mal vu de faire ça. Et ... Certaines personnes comptaient sur elle pour leur trouver de quoi remplir leur estomac. Avec regret, elle retira la lance de l'animal pour la poser sur le côté et empoigna son couteau de chasse pour s'apprêter à le dépecer. Avant de s'arrêter. D'un seul coup. Un craquement. Un bruit. Quelque chose. Ou quelqu'un. Son regard glacial vérifia chacun des buissons et des arbres aux alentours. Instinctivement, sa main gauche vint plaquer la carcasse au sol -pour empêcher n'importe quel animal sauvage de le lui voler- tandis que celle de droite vint resserrer la poignée de sa lame. Toujours accroupie, pratiquement aplatie au sol, solide sur ses appuis, elle attendit simplement. Elle était prête à se défendre et défendre son repas.
Sujet: Re: Darkness getting darker ft. Nicky Myers Sam 2 Nov - 22:14
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Un pas. Un autre, c'est comme ça dans ta tête, pas besoin de se concentrer, les pas semblent toujours te mener au sang d'un individu. Tu demandes pas non plus la paix avec toi même, tu aimes comment tu es, tu aimes ce qui te passes par la tête, démon du mal comme ils aiment à te nommer. Mais t'as pas choisi Nicky, ce que t'as dans la tête, ça s'envole pas. Un pas et un autre encore, réfléchis pour avancer, cherche où mettre ton pied pour ne pas faire trop de bruit. Mais tu sens. Horrible odeur que tu adores, t'as très vite permis de comprendre quel monstre tu étais. Tu sens l'odeur du sang. L'hyperosmie en toi qui s'alarme, tu sentais la terre et les feuilles, tu sens le sang et la mort.
Tu fais attention d'abord, mais l'odeur a un quelque chose qui t'as toujours attiré. Et lorsque finalement tes yeux se posent sur ce que tu penses d'abord être un cadavre dans les bois, t'as fais du bruit sans le vouloir. Des yeux qui sortent presque de leurs orbites lorsque tu regardes la figure de ce corps devant toi, presque envie de vérifier s'il respire encore. Alors tu fais un pas hors des fourrées. Et lorsque tu vois que le corps n'est pas mort, que les yeux bougent pour couvrir la proie, tu viens t'accroupir sans dire un mot. Le regard dans le sien, le sourire qui s'étire sur les lèvres. Tu lui parles pas, pourtant t'aurais plein de choses à lui dire. Tu l'observes simplement être le prédateur qui s'échappe dans le monde.
Toi aussi t'es un prédateur non? Toi aussi t'as du sang sur les mains. Décroche pas les yeux de son visage tandis que tu humes l'air une nouvelle fois. Malsain et appétissant, à croire que trouver une femme dans les bois au dessus d'un animal n'a rien pour te décevoir. Mais tu ne fais que la regarder, sans surprise tu es toi même témoin, toi même acteur. Et c'est seulement après un long moment que tu montes la main à ton visage pour venir poser ta tête dans cette dernière. "Tu comptes en faire quelque chose?" L'odeur ne te déplaît pas, regarder l'animal mort non plus, mais t'es plus que curieux de voir la suite, de voir ce qu'elle peut faire d'un animal mort. Est-ce qu'elle est au delà de tes attentes ou est-ce qu'elle va s'enfuir et disparaître pour te décevoir dans les bois noirs?
Un homme, un adulte, un être humain. Pas une nouvelle proie ni même un prédateur. Un de ses semblables qu'elle ne considérait pas comme tel. Elle n'était pas de leur monde, elle venait d'un bien plus violent et difficile mais ironiquement plus beau et doux. On le lui avait souvent dit, ça, à l'internat. Qu'elle était différente, comme une alien, comme une chienne enragée. Oui. C'était ces mots qu'ils avaient utilisé pour la décrire. Ces mots qu'ils avaient dû regretter de prononcer lorsque la dernière chose qu'ils avaient pu voir dans leur futile vie fut le sourire terrifiant de la blonde se moquer de leur mort. Jouir de leur dernier souffle, de leur disparition. Ce même sourire qu'arborait actuellement celui de la même espèce qu'elle tout en s'accroupissant. Elle pouvait le reconnaître. Pas de mots échangés, qu'un simple regard et pourtant, Lina sentait déjà quelque chose le lier à cet inconnu bien trop grand. Silence prolongé, ses ongles s'enfoncèrent dans le pelage écarlate de l'animal comme pour marquer son territoire et intimer à l'être humain que le lapin était sien. Que le toucher serait sa dernière erreur. Couteau toujours prêt à l'emploi, elle baissa néanmoins sa main -mais pas sa garde- en l'entendant parler. Une question qui resta en suspens quelques instants. Que comptait-elle faire avec ? C'était logique pourtant. Le dévorer, pour subsister une autre journée. Enfin. Le porter au bercail pour faire ça. Bon sang. Elle n'aimait déjà pas devoir vivre avec d'autres de ses semblables. Partager était une notion bien trop abstraite pour elle. C'était la loi du plus fort ici, non ?
En guise de réponse, la chasseuse inséra l'une de ses phalanges dans la plaie béante trouant littéralement en deux l'animal, puis le porta à ses lèvres pour le goûter une seconde fois. Cela devait lui offrir une idée générale de ce qu'elle comptait faire avec. Une marque sanglante s'était alors dessinée sur sa joue. Elle était couverte d'hémoglobine. Reculant d'un pas, elle s'assit au sol, en tailleur et utilisa son couteau pour commencer à dépouiller le mammifère, enlevant sa fourrure calmement et précisément avec une vitesse folle. Elle avait l'habitude. Relevant ses yeux glacés vers l'inconnu, toujours en effectuant ses mouvements, elle ouvrit la bouche une demi-seconde avant de se raviser. Non, elle ne voulait pas parler. Elle ne voulait pas lui parler. Elle ne voulait parler à personne même. À la place, la blonde le pointa du doigt en faisait une expression à peu près interrogative. Que faisait un être comme lui ici ? Sans arme ? Sans avoir de quoi chasser ? C'était étrange. Trop étrange. Les êtres humains la dépassaient complètement, elle ne les comprenait pas. Elle ne les comprenait jamais. Et ils ne la comprenaient jamais.
Sujet: Re: Darkness getting darker ft. Nicky Myers Sam 2 Nov - 22:16
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T'observes, un talent qui t'es cher, tout comme décuplé, un savoir être que de regarder, savoir qui se perd dans ce monde fou par sa stupidité. Toi tu sais observer en étant silencieux. Et le silence semble être de mise entre vous, elle ne te répond pas. Pas d'affront pourtant, une réponse physique qui vaut plus que trois mots échangés à la volée. Tu l'observes s'étaler du sang sur le visage, odeur plus forte qu'avant encore, retient un frisson de parcourir ton corps, ne brusque pas l'animal sauvage en face de toi. Qui prend une vie sait dans quel monde il vit. La loi du plus fort que tu portes à merveille. Mais les éléments s'échappent d'eux mêmes.
Observe là s'asseoir et commencer à dépecer l'animal. Monde morbide qui est le tien, retient de nouveau le frisson qui menace de parcourir ton corps, apprécie chaque découpe, chaque geste que tu trouve gracieux lorsque tu devrais le trouver dégoûtant. A ton tour de venir poser ton corps au sol, garde une distance pour ne la faire fuir à jamais. T'es hypnotisé, pas besoin de savoir son nom ou son âge, t'as juste besoin de la voir mouver les doigts sur le corps inanimé de l'animal pour savoir que l'intérêt que tu portes n'est pas seulement pour cette chaire à vif.
Un regard sur son visage tandis que tu comprends ce qu'elle te demande, doux sourire sur les lèvres, comme amusé de n'entendre une voix s'élever. Qu'est-ce que tu faisais là? A la recherche de tes pensées dans les bois, une lame cachée quelque part au fond de tes vêtements, aucune peur dans tes pas. "Lorsqu'on a pas peur de ce qui est sauvage on peut se promener librement dans les bois." Et c'est ce que tu faisais, à te promener sans avoir peur de qui que ce soit. Moins que de la peur, tu avais trouver un intérêt, les choses qui piquent ton intérêt sont si rares, toi, détaché du monde. Tu ne lui fais pas l'affront de lui demander ce qu'elle fait là, tu n'as même pas besoin de parler pour qu'elle comprenne que tu ne diras plus rien. T'as rien à rajouter au fait que t'es là, assis dans l'herbe à regarder une femme dépecer un animal, le sang aux éclats. Tu souris encore, comme happé par l'idée que ce lien est aussi fort que celui que tu aurais pu avoir avec une personne que tu connais depuis longtemps. "J'aime l'odeur." Tu sais pas pourquoi tu te sens obligé de le dire, toi qui ne dit jamais ça à personne. Peut-être parce qu'elle est assise à même le sol, assise les mains couvertes du fumet qui te remplit d'aigreur.
Mains tâchées de ce liquide si précieux, nécessaire à la survie de tous mammifères, l'élégance dont faisait preuve la Norvégienne contrastait avec l'acte qu'elle effectuait. Ses mouvements étaient si précis, si rapides, si gracieux que la peau du lapin s'enlevait comme un simple ruban fait de chair et de sang. Surveillant du coin de l'oeil son semblable, tentant de déduire grâce à son langage corporel ses véritables intentions, elle comprit rapidement qu'elle était l'objet d'une curiosité pouvant être qualifiée de morbide par les autres humains. Mais elle n'était pas comme eux. Et elle n'était pas dérangée que quelqu'un observe ses moindres faits et gestes avec autant d'insistance et ... De plaisir. Il s'était assis d'ailleurs, lui aussi. Et Lina n'avait toujours rien dit. Elle n'avait aucun intérêt à parler, à prononcer la moindre syllabe, à faire sortir un quelconque son de ses cordes vocales, de toute façon. L'inconnu répondit à sa question en énonçant le fait qu'il n'avait peur de rien dans les bois. Bien. Cela leur faisait un point commun. Lorsqu'ils étaient les chasseurs, les prédateurs de la forêt, personne ne pouvait les contester, rien ne pouvait les effrayer. Une sorte d'invincibilité, ou du moins un sentiment s'en approchant grandement. Néanmoins, le mot sauvage lui resta en tête quelque temps. C'était comme ça qu'on la qualifiait, c'était le mot que les autres avaient à la bouche en parlant d'elle. Et lui aussi venait de le dire. Peut-être en parlant d'elle. Ou peut-être pas. Elle ne savait pas exactement déterminer les non-dits, les sous-entendus et l'ironie. Cela lui échappait simplement, alors elle ne répondit rien. Encore une fois.
Pipelette, son semblable reprit une toute dernière fois la parole pour lui chuchoter qu'il aimait cette odeur. Celle du sang, celle métallique des hémoglobines s'échappant inexorablement des veines et des artères du pauvre animal. Il souriait, aussi. Lina non. Mais hocha doucement la tête. Elle aussi appréciait ça. Car elle se savait vivante. Elle tuait, mais n'était pas tuée. C'était une façon de se persuader qu'elle était encore sur terre, que son coeur battait encore. "A-Aus-si." Bégaiements mais voix assurée. Contraste impossible à cacher. Certains la prenaient en pitié à cause de ça. Et pourtant elle était forte. Extrêmement forte. Plus que la plupart des gens. Mais cet inconnu était différent des autres. Si la vue du sang ne l'effrayait pas, que la nature ne lui faisait pas peur, peut-être qu'il pouvait la comprendre ? Enfin quelqu'un qui pouvait la comprendre ... ?
Peau désormais complètement arrachée, Lina la déposa à ses côtés avant de récupérer sa lance et l'essuyer sur sa manche. La propreté, une notion qui lui échappait encore un peu. Voyant que la pique était émoussée, elle prit son couteau pour commencer à tailler correctement la pointe. Pour qu'elle puisse à nouveau tuer. "Q-qui t-tu es ?"
Sujet: Re: Darkness getting darker ft. Nicky Myers Sam 2 Nov - 22:19
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Sa voix n'a rien pour te décevoir. Parce que si tu parles pas trop, si tu passes ta vie à écouter t'apprécie les voix des autres, tu sais reconnaître que son murmure n'a rien de désagréable. T'avais déjà failli tuer quelqu'un simplement parce que sa voix te donnait envie de vomir, peut-être que son odeur n'avait rien pour t'aider. Ici t'as ce qu'il faut non? t'as pas envie de la faire taire en lui ouvrant la gorge. Non, t'as juste la satisfaction de l'entendre dire qu'elle aussi aime cette odeur. Un sourire se tend sur tes lèvres, prends le temps de s'étirer pour qu'elle aussi ai le temps de l'apprécier. Hoche la tête alors, t'as pas besoin de lui dire quelque chose pour que vous arriviez à vous comprendre.
La peau tombe à vos côtés et tu la regardes quelques instants, le sourire sur le visage est encore là, comme s'il n'allait plus quitter le visage. Tu saurais pas expliquer. Ce sentiment tu l'as déjà ressenti lorsque tu étais avec Erica avant que ce soit toi qui lui fasse comprendre que ta poigne était la plus forte. Tu la regardes tailler sa pointe avec une précision, presque envie de sortir la tienne pour jouer avec, c'est ton talent ça, jouer avec tes doigts. La question te fait presque froncer les sourcils. Qui tu es toi Nicky? Maudit par ton existence même, le sort qui est le tien. Tu l'as pas décidé, t'en as pas choisi le début et t'es pas mécontent de ce qui te tombe dessus. Tu hausses les épaules. "Nicky." T'as pas grand chose à dire sur toi, tu sais pas quoi lui dire. "Un admirateur." Tu souris encore, parce que c'est vrai que là t'as un petit pincement au coeur pour la jeune femme en face de toi. Est-ce que tu possèdes un coeur de toute manière?
Un petit sourire encore une fois, garde un regard sur elle cette fois-ci. "Et toi, t'es qui?" Parce que si tes phrases n'ont plus de sens, tu sais que les autres en ont eux. Et elle, est-ce seule qu'elle a un sens elle? Est-ce qu'elle a le sens commun, perdue dans la forêt ici? "Pourquoi t'es toute?" T'as bien l'impression qu'elle peut se débrouiller toute seule de toute manière, t'en as aucun doute. De toute manière les brebis égarées tu peux les faire disparaître. Mais elle n'a pas l'air égarée elle, elle semble savoir tout à fait ce qu'elle fait
Pointe aiguisée, arme prête à l'emploi. La demoiselle releva son regard azur vers son semblable quelques instants avant de considérer sa réponse. Son nom. Son prénom plutôt. Nicky. Les syllabes résonnaient longuement dans son esprit, comme pour compenser le fait qu'elle serait incapable de les prononcer correctement. Ou du moins, d'une traite. Handicape marqué, cet homme avait été l'un, si ce n'est le, premier à ne pas avoir fait de quelconques remarques là-dessus. Secondes paroles. Un admirateur ? Incompréhension. Lina l'observa quelques instants arquer ses lippes avant de faire la même chose. Mais pas avec ses muscles, non. Phalanges sanglantes, peinture terrifiante, sourire dessiné. Le visage déchiré de part en part par ce liquide visqueux vital, commissure de ses lèvres prolongées presque jusqu'à ses oreilles, elle tentait de reproduire en miroir son émotion. Pas qu'elle ne la ressentait pas. Mais elle avait des difficultés à le faire spontanément. Hedda avait réussi, de retour à l'internat. Hedda lui avait fait tout faire, en y repensant. C'était grâce à elle que certaines conventions sociales lui étaient enfin entrées dans le crâne. C'était aussi grâce à elle que la blonde n'avait pas pété les plombs plus tôt. D'après les médias.
La question lui fut finalement retournée. Et étrangement, Lina était tout simplement incapable de trouver comment répondre. Devait-elle expliquer comment le destin l'avait mené ici ? Ou son simple prénom suffisait aussi ? Pas le temps de réagir qu'une seconde interrogation lui fut posée. La sauvageonne tourna la tête à gauche et à droite avant de reposer ses yeux glacials sur l'homme inconnu. Tête s'inclinant lentement, comme pour voir les choses sous un nouvel angle, ses épaules se haussèrent de manière désinvoltes avant que sa petite voix ne résonne une fois encore. "L-Li-Lina." Fit-elle en se désignant avec son propre couteau, touchant sa poitrine avec le bout de la lame rougeâtre. Raclage de gorge, regard rivé sur la peau. Que pouvait-elle bien faire de ça ? Confectionner quelque chose peut-être. Début de couverture pour l'hiver ? Surement.
"C-c-chasser av-vec d'aut-tres ?" Elle prit sa lance et la lança dans sa direction -à ses pieds pour éviter de l'embrocher- "S-savent p-pas viser, l-les a-a-autres, mauv-vais chasseurs ..." Mais aussi, les autres n'étaient pas aussi discrets qu'elle. Rien que Nicky en était la preuve vivante. La blonde l'avait entendu venir. Enfin. Un peu tard, certes, mais tout de même. Une proie se serait enfuie à toute vitesse. Peu de personnes, si ce n'est personne ne pouvait la battre en discretion. Et puis, il valait mieux être seule que mal accompagnés. "P-pourq-quoi tu m'adm-mires ? S-suis une b-bête de f-f-foire ?" Yeux plissés, regard accusateur. Sa lame se redressant peu à peu dans la direction de l'inconnu. Bras désormais tendu, ténèbres dans les prunelles, la satisfaction d'ôter une vie lui remontait doucement à la tête. Finalement, en y repensant, elle était peut-être seule dans les bois pour que personne ne puisse la voir prendre plaisir à tuer ?
Sujet: Re: Darkness getting darker ft. Nicky Myers Sam 2 Nov - 22:26
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Sois témoin, sois acteur, assiste et contribue. Tu vois toutes les pierres de l'édifice du mur au sein de ta tête tombées d'une traite. Tu la regardes créer son personnage, pousse son sourire, contribue par ta présence. Et ton propre corps se penche, comme happé par cette image, regarde ce sourire apparaître sur son visage, fausse joie sanguinolente que tu désires embrasser de tes lèvres. Mais tu restes là, patient comme un animal attendant sa proie. Peut-être que tu t'étais fais repérer, peut-être surtout que tu avais désiré qu'elle te voit. Quoiqu'il en soit, tu ne regrettais aucunement cette petite rencontre. T'as son prénom maintenant, qui va accompagner tes rêves et tes douces pensées. Lina. Tu ne prends pas la peine de le répéter à voix haute, il tourne déjà dans ta tête, trouve qu'il roule plutôt bien entre tes songes. Regarde la et son couteau, aucun doute qu'elle pourrait te faire disparaître toi et tes pensées dans le froid de cette forêt. Mais tu crois que le combat serait sanglant, serait beau, presque une terrible envie de voir lequel de vous deux pourrait s'en relever vainqueur. T'as des doutes, incapable de savoir lequel serait le meilleur. T'as la force silencieuse tandis qu'elle a la force mesquine, cette, Lina.
Tu tiques pas, t'aurais pu mais t'as l'habitude d'une possible violence, t'es peut-être un peu attirée par toute cette situation mais tu préfères montrer ton visage stoïque, tu ne portes qu'un sourire sur les lèvres, un regard qu'on ne peut déchiffrer. Tu sens le danger au fond de tes veines. "Tu pourrais." Comme tu aurais pu l'être toi-même Nicky, on aurait bien aimer regarder ce qu'il y avait à l'intérieur de ton cerveau. L'envie d'attraper toi-même la lame dans ta chaussure te frotte comme une douloureuse sensation, mais tu restes calme, regard planté dans le sien, ne regarde la lame qu'avec plaisir. "Parce que t'es sanguine, t'es un monstre, non, Lina?" Tu lui poses la question mais tu connais la réponse, t'espères ne pas être déçu par sa réaction, peut-être que finalement elle va prendre peur? Pousse les bons leviers et tu auras ce que tu désires Myers.
Tends la main, viens caresser de la pulpe des doigts la lance qui n'est pas très loin de toi, prêt à l'attraper peut-être, quel gâchis que de venir l'empaler. Ta voix n'est plus qu'un murmure maintenant, parce que les bruits forts t'ennuient, que l'odeur du sang mélangé à son odeur te pousse presque à bout. "Mais c'est pas grave d'être un monstre ou une bête." Tu secoues la tête, comme si tu lui disais la pure vérité, celle en laquelle tu crois. Parce que tu dis parole d'évangile et cette gueule d'ange t'accompagnes dans tes dires, monstre avec tes idées sombres que tu offres aux différents visages, victimes de leurs propres réussites. "On peut être des monstre ensemble si tu veux, Lina." Tu en es déjà un. Et elle? Est-ce qu'elle est d'accord avec ce qu'elle est? Est-ce qu'elle fuit encore sa vérité? Lina avec la gueule en sang.
Enfant sauvage déstabilisée, avec dans la paume un instrument de mort qu'elle maniait à la perfection, son regard glacial s'était planté dans celui de son semblable. Un parfait inconnu, qui pourtant, était celui en qui elle se reconnaissait le plus. En qui elle se voyait, comme un miroir fait de chair et de sang, un peu déformé certes, mais tout de même. Sa réponse ne se fit pas attendre, réponse qui ne plût pas à la chasseuse qui, en guise de réponse, s'était tout simplement mise à grogner. Comme un animal, plus précisément, comme un chien enragé. Déposant très lentement le lapin sur le sol, juste à côté de sa peau précédemment retirée, Lina empoigna férocement son arme et s'approcha à quatre pattes de l'homme en face d'elle. Il la qualifia de sanguine. Impossible de comprendre le mot. Mais le mot monstre, lui, était loin de lui être méconnu. Au contraire, elle savait parfaitement ce que cela voulait dire. Les journalistes à la télévision n'avaient pas arrêté de répéter ce mot, tout comme le juge ou les témoins lors de son procès. Monstre, monstre, monstre, monstre. Le monde entier n'avait que ça à la bouche lorsqu'ils la voyaient. Personne n'avait essayé de comprendre ses agissements. Personne n'avait voulu essayer.
Les yeux de la gamine se posèrent sur la lance qu'elle venait de lui lancer. Il la touchait. Peut-être comptait-il l'utiliser pour la tuer ? Voulait-il la tuer ? Une peur viscérale mêlée à une rage intérieure se fit sentir dans ses tripes. Lina n'avait pas fait tout ça pour se faire empaler comme une vulgaire proie. Tout ce qu'elle avait toujours fait, avait été pour sa survie. Survie qui allait continuer encore très longtemps, elle s'en assurait correctement. Nouvelles paroles. Nicky défendait les monstres et les bêtes. Pas de réponse de la part de la blonde. Et puis, finalement, la proposition. Celle de trop.
Réaction plus physique que mentale, la survivante sauta sur l'inconnu, le plaquant sur le dos. Genou droit placé sur son épaule gauche, genou gauche placé sur son torse, main gauche sur son épaule droite et enfin, couteau sous la gorge. Il n'avait pas eu le temps de récupérer la lance. Les yeux dans les yeux, elle le fixa longuement, tentant encore une fois en vain de déchiffrer ses intentions et ses motivations. "P-p-pas un monst-tre !" Lame plaquée contre la peau claire de son cou, un filet sombre se mit à couler. "T-t-tuer pour survivre ! N-N-Nécessaire p-p-p-putain !" Sourcils froncés, elle-même ne croyait qu'à moitié à ce mensonge. Quelque chose s'était débloqué dans son esprit, lorsqu'elle venait d'achever le premier garçon de son internat. Une impression de contrôle, une sorte de puissance, comme si elle n'était plus forcée à suivre le destin, mais pouvait forcer l'univers à se plier à ses propres règles. Quelque chose qu'elle n'avait jamais pu ressentir avant. Elle savait que c'était mal, que c'était pire que mal. Qu'elle ne devait pas aimer ça. Que la société n'acceptait pas ça. On l'avait menacé, c'était de la légitime défense. C'était à cause de ça qu'elle s'était mise à tuer. La peur de mourir, la peur de partir. Mais elle avait adoré ça. "Tu c-connais pas les m-monstres, toi !" Lâcha-t-elle, très remontée. Si tout le monde la qualifiait de la sorte, peut-être que c'était vrai au final. Qu'elle en était une ?
Sujet: Re: Darkness getting darker ft. Nicky Myers Ven 8 Nov - 10:45
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@lina olsen
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T’as pas souhaité te retrouver dans cette position et pourtant ça vient te caler un grand sourire sur le visage. T’avais pas vu ce feu dans les yeux des gens depuis un moment déjà. T’avais pas vu le feu dans les yeux d’Erica tandis que t’avais retiré la vie de son corps d’une simple poigne sur sa gorge. T’avais pas vu ce feu là mais peut-être parce que c’était toi qui était au dessus d’elle, toi le tueur dans cette histoire. Et là, t’es pas une victime? Bien sûr que si, t’es sous elle, genou plaqué sur l’épaule, couteau sous la gorge. T’as juste eu le temps d’effleurer l’arme qui aurait pu l’embrocher. Mais t’aurais pu la saisir non? T’aurais pu être prêt à l’embrocher. T’aurais du peut-être, maintenant qu’elle est au dessus de toi et que c’est toi tout le problème de ce petit monde. T’avais eu l’appel du sang toi aussi, t’avais vu cette lance et t’avais eu envie de mettre tes mains dessus, contact avec le tranchant comme une habitude qui ne te sors pas de la tête.
Elle n’est pas un monstre qu’elle dit. Peut-être. Peut-être que tu t’es trompé lorsque tu as cru voir ce petit quelque chose dans ses yeux. Un monstre? T’en a plein la tête, des rêves et des cauchemars, des monstres et un quotidien. Toi t’es un monstre, le monde le sait, tu le sais, t’as vie n’a rien de facile mais ça n’a jamais été une raison pour venir pourrir celle des autres. Et pour toi ça l’était. T’es un monstre avec des petits sentiments. Lame contre la peau, tu sens la chaleur du sang qui coule de ta gorge. C’est pas grave, laisse le couler. Une grimace à peine visible, remballe ton sourire, viens caler une expression neutre sur tes lèvres. Elle joue avec ta vie. Mais tu sais qu’elle ne peut pas t’attaquer. Parce que ça serait inutile, non? Et qu’elle n’est pas un monstre.
Rire au creux de la gorge, qui vient s’éteindre très rapidement lorsque la lame vient frotter plus intensément. Mais tu bouges pas. «Je connais les monstres.» Droit dans les yeux, comme pour lui dire une vérité des plus atroces. «J’en suis un.» Parce que t’as accepté ta vraie nature Myers.
Couteau sous la gorge, gouttelettes de sang s'écoulant lentement, flammes dans les yeux. Lina avait réussi à renverser la situation en sa faveur, à être la prédatrice qu'elle avait toujours été. Son lapin était bien lointain désormais, dans sa tête. Elle n'avait plus de yeux et de pensées que pour lui, cet homme, ce Nicky, celui qui lui avait proposé d'être un monstre en sa compagnie. Comme un animal narguant sa proie, ses phalanges jouaient avec la lame, dressant sur son sillage des marques rouges sombres si atypiques. Un frisson de plaisir fit tressaillir la demoiselle. Avoir le contrôle, être celle au-dessus de la chaîne alimentaire, tuer pour vivre ... C'était si jouissif, dans un sens. Les yeux dans les yeux, son semblable se mit à rire avant de lui dire qu'il connaissait les monstres puisqu'il en était un. Pas étonnant. Pas étonnant du tout même. La blonde l'observa quelques secondes sans pour autant retirer l'arme. Esprit de contradiction prenant le pas, attitude enfantine gardée à jamais, la demoiselle fit vivement non de la tête avant de lever son couteau dans le ciel. "T'es u-un m-mauvais monst-tre a-alors. Faible. Moi ..." Mouvement rapide, erratique, presque incontrôlé, comme une pulsion venant du tréfonds de son âme. Elle le coupa à l’épaule, une magnifique entaille d’où perlait déjà son liquide vital. Doux sentiment, elle montrait qui dominait la situation. “M-moi meilleure. B-bien meilleure q-que toi.”
Prenant appui sur ses genoux -ignorant complètement la douleur qu’elle pouvait lui causer- elle se redressa, bondit jusqu’au lapin et sa peau avant de les attraper à la volée. Sa mission du jour était désormais achevée, aucune raison de rester. Surtout après ce qu’elle avait fait. Laissant volontairement sa lance derrière, elle recula lentement, sur la pointe des pieds. Histoire de lui laisser un souvenir, quelque chose pour qu’il se souvienne d’elle comme celle qui l’avait dominé en un temps trois mouvements. Lina n’avait jamais ressenti autant de fierté, qu’en fermant le clapet de son semblable. Mais quelque chose au fond d’elle souhaitait réitérer cette expérience. Peut-être en le retrouvant, en le revoyant. En le blessant une nouvelle fois. Sa lame était parsemée d’une peinture rouge sanguine si belle à observer. Lapin et sa peau dans les mains, elle jeta un dernier coup d’oeil derrière elle avant de disparaître dans la forêt. Peut-être qu’avec un peu de chance, ce Nicky reviendrait essayer de l’empaler avec sa propre lance.
Pas de loup, pas un bruit, silence complet. Légère brise faisant virevolter les feuilles mourantes de la forêt, Lina traquait sa proie sans relâche. Accroupie, telle une animale, une lance fabriquée par ses soins dans la main droite, son autre patte touchait le sol encore humide de la dernière pluie où les empruntes d'un lapin se faisaient voir. Le rongeur était tout proche, les marques se faisaient de plus en plus fraîches. Pistant depuis plus d'une heure le même animal pour avoir de quoi se nourrir ce soir, la demoiselle était quelque part heureuse de pouvoir reprendre son rythme de vie qualifié de sauvage par ses compères humains. Mais il n'y avait rien de sauvage là-dedans. C'était simplement la façon dont elle avait vécu pendant la majeure partie de sa vie, dans une solitude profonde qui ne l'attristait guère. La blonde préférait largement être sa seule compagnie que d'être mal accompagnée. Et ici, sur une île de délinquant, les mauvaises fréquentations ne manquaient guère. 
