Histoire

lettre à mon père

« Papa,

J'ai mis du temps, avant de me décider à t'écrire cette lettre. Du temps, parce que j'en avais besoin. Et pour être honnête, je sais que tu ne la liras jamais. Ou peut-être que si, quand je partirai d'ici. Je crois que j'essayerai de te chercher, quand je rentrerai à la maison. Simplement pour te donner cette lettre, je ne m'incrusterai pas dans ta vie. J'ai compris que tu ne voulais pas que j'y sois. Je me suis souvent demandé pourquoi... mais tu as ta famille, après tout. Tu as tes enfants, ta femme. Je suppose que je n'étais qu'une erreur de parcours. Je ne sais pas. Je ne sais pas du tout ce que tu penses, ni pourquoi tu es parti. J'étais si petite, après tout. Et je n'ai qu'une version du discours. Que la version de ma mère, qui me disait que tu nous avais juste abandonné, que tu ne voulais plus me voir. Mais honnêtement, Papa, je ne suis pas sûre de pouvoir croire ma mère. J'aurais dû t'écrire depuis longtemps. Pour avoir des réponses. Pour essayer de comprendre. Car tu aurais pu faire quelque chose, hein, quand ils m'ont envoyée dans cet orphelinat. Et tu n'as rien fait. Tu n'as pas levé le petit doigt. C'est comme ça que je l'ai vécu, en tout cas. Tu ne t'es pas battu, pour moi. Pourquoi ? Je n'étais pas assez bien pour toi ? Pourquoi tu as préféré me laisser avec elle ? J'ai bien reçu tes cartes, pour mon anniversaire. Mais ce n'est pas assez, tu sais ?

Pourquoi tu n'es jamais revenu me chercher ? Je t'ai attendu, moi. J'ai attendu que tu te manifestes, que tu viennes me voir. Est-ce que tu as été également déchu de tes droits parentaux, ou est-ce que tu les as abandonné ? C'est l'un, ou l'autre. Je ne saurais pas quoi penser de l'un, comme de l'autre. S'ils t'ont enlevé tes droits, je crois que tu le mérites. Si tu les as abandonné, je crois que tu ne mérites même pas que je couche ces mots sur le papier. Et tu sais le pire, Papa ? C'est que j'ai continué à t'aimer, moi, malgré tout. Parce que je me souviens bien, quand tu venais me voir, quand j'étais toute gamine. Quand tu te prenais la tête avec ma mère parce qu'elle ne voulait pas te laisser entrer. Pourquoi tu as arrêté ça ? J'avais 10 ans, la dernière fois où tu es venu, pour m'annoncer que j'avais une petite sœur. J'ai été heureuse, ce jour là, Papa. J'étais contente pour toi, j'étais contente d'être grande sœur. Si j'avais su que ça voulait dire qu'elle prenait ma place en tant que ta fille, je crois que j'aurais été un peu moins heureuse. J'ai voulu venir la voir, à la maternité, mais ma mère n'a pas voulu. Qu'est-ce que je pouvais faire contre ça ? Même Sergeï n'a pas réussi à la convaincre. Tu sais, Sergeï a fait de son mieux pour remplir un rôle de père auprès de moi. Mais ma mère est folle, on le sait tous. J'aurais juste aimé avoir une famille normale, moi. Je suis sûre qu'avec Svetlana et toi, j'aurais eu une autre vie. Tant pis.

Je sais pas si tu le sais, Papa, mais je suis sur une île, au large du Japon, je crois. Et je sais que ça pourrait faire rêver, dis comme ça... Mais c'est pas le cas. Je suis sur cette île parce que j'ai tué quelqu'un, et parce que le gouvernement a décidé de m'envoyer ici, avec d'autres délinquants. T'as pas vraiment de quoi être fier de moi, finalement. Mais, tu sais, peut-être que tout ça ne serait pas arrivé si j'avais pu vivre chez toi. Au fond, ça ne serait peut-être pas arrivé si ma mère avait été stable, si Sergeï s'était battu davantage quand ils sont venus me chercher pour m'emmener à l'orphelinat ou si j'avais été accueillie dans une famille d'accueil à la place. Je ne sais pas. Peut-être que c'était juste le Destin, qu'il y a des gens ici que je dois rencontrer, ou des choses que je devais vivre dans mon existence. Peut-être que je n'ai juste pas eu de chance au grand loto de la vie. Est-ce que tu le sais, toi ? Tout ce dont je suis sûre, maintenant, c'est que je vais devoir rester ici jusqu'à mes 31 ans, pour payer un crime que je n'ai jamais voulu commettre. Tu sais ce qui fait faire des conneries, Papa ? L'amour. Et le besoin d'affection. Parce que j'avais besoin d'être aimée, j'avais besoin d'être indispensable à quelqu'un. On ne peut pas vraiment dire que ce sont des choses que vous m'avez apporté, toi et ma génitrice. Vous m'avez faite, et une fois passé le stade de l'émerveillement, vous avez découvert que je n'étais pas une poupée. Alors vous avez fait comme les enfants qui se lassent de leurs animaux de compagnie, vous avez arrêté de vous occuper de moi. Voilà ce que ça donne, Papa. Moi, condamnée pour un homicide volontaire. J'ai jamais voulu tuer qui que ce soit, mais je ne voulais pas décevoir Columbine. Il m'aimait, lui, au moins.

Forcément, tu ne sais pas qui est Columbine. Ce n'est pas son vrai nom, mais je ne préfère pas vraiment le donner dans un truc qui pourrait être lu par n'importe qui. Je dirais bien que c'est un connard qui a gâché ma vie, mais au fond, tu sais, je mentirais. C'est mon premier amour. Mon seul, en vérité. Je l'ai aimé presque à la seconde où je l'ai vu. Je suis romantique, je ne sais pas de qui je tiens ça... De toi, peut-être ? Va savoir, je te connais à peine. En tout cas, Columbine est un des premiers que j'ai rencontré, à l'orphelinat. C'était après que ma mère ait été déchue de ses droits parentaux parce que, tu sais, elle en avait vraiment rien à faire de moi, et je passais plus de temps dehors que chez elle, et bien plus de temps dehors que dans des salles de classe. C'était après l'hôpital, aussi. On en reparlera, de l'hôpital. Bref, il était plus âgé que moi et tu sais quoi, Papa ? Ça a failli devenir ton gendre. Je le connais depuis que j'ai 13 ans, et on s'est mis ensemble quand j'en avais 14. Et quand j'ai eu 19 ans, je me suis fiancée avec lui. On devait se marier, on l'avait prévu, mais on avait pas l'argent pour ça. Quand on a quitté l'orphelinat, on avait déjà à peine assez d'argent pour avoir un petit studio dans les quartiers un peu louches de Saint-Pétersbourg. Mais on économisait pour le mariage. Je l'aimais sincèrement. Et je sais qu'il m'aimait sincèrement aussi. Mais il a balancé Austin et Newtown, et tu sais quoi ? Ça, je ne pourrais pas lui pardonner. Parce qu'en plus, je sais que lui n'a rien pris. Je sais qu'il a réussi à s'en sortir, et j'ai l'impression d'avoir été prise pour une conne. Je ne veux même pas savoir pourquoi il a fait ça. Je pensais qu'il allait veiller sur eux, moi. Je pensais que c'était lui le chef des Nobodies. Il m'a fait penser à toi, sur ce coup là. À fuir ses responsabilités. À préférer son confort, son intérêt à celui de sa famille. Quand j'ai appris ce qu'il avait fait, je me suis sentie presque autant abandonnée que quand tu es parti. Sauf que là, c'est pire. Parce qu'au final, Newtown et Austin, c'est ma famille. Et on ne balance pas ma famille. Je ne sais pas comment je réagirai face à Columbine, quand je quitterai cette île. Mais je pense qu'il va falloir qu'il sache particulièrement bien quoi dire pour se défendre quand ça arrivera. Parce qu'aujourd'hui, la cheffe des Nobodies, c'est moi.

Enfin, ça, ça ne t'intéresse pas trop, je pense. Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça. Je crois que j'ai juste besoin de vider mon sac. Parce que c'est un peu la merde sur l'île en ce moment. Enfin, je veux dire... Un des nôtres avait une arme et tuait des gens ici. Et ça m'a un peu secouée. Je fais partie d'un gang, Papa. On s'appelle « Les Sages » parce qu'à la base, on est vraiment pas méchants. On cultive et on vend des plantes, on ne fait rien de mal. Mais un des nôtres a fait quelque chose de mal. Et, ouais, ça m'a secouée. Ça a secoué tout le monde, je crois. Même si je suis sûre que d'ici un mois, on aura tous oublié. Parce que la vie continue, hein ? Toi plus que personne comprend ça, que la vie continue malgré le passé... Je suis désolée, je suis amère, Papa. Je suis fatiguée, en réalité. Et je t'en veux, c'est ça la vérité. C'est pour ça que je suis aussi virulente à ton égard. Mais tu as des choses à te reprocher. Tiens, parlons de l'hôpital. Tu sais, mes bras sont recouverts de cicatrices. Des cicatrices que je me suis faite moi-même, parce que grandir comme j'ai grandi laisse des traces. Un jour, j'ai voulu en finir. Je ne comprenais pas vraiment l'intérêt de rester en vie, l'intérêt de grandir dans ce monde pourri. Alors j'ai essayé de m'ouvrir les veines. J'ai réussi, à vrai dire. C'est Sergeï qui m'a trouvée dans une mare de sang, et qui a appelé les secours. Tu n'es même pas venue me voir à l'hôpital. Pourtant, j'ai failli mourir ce jour-là, Papa. J'ai failli mourir seule. C'est ce qui a tout déclenché, c'est pour ça que les autorités se sont intéressés à moi, à ma mère, à nos conditions de vie, à ce qu'il se passait à la maison. C'est pour ça qu'ils ont décidé que je devais être retirée à ma mère. Je ne sais même pas si tu t'es manifesté. De toute façon, après tellement d'années à avoir disparu de ma vie, c'était plutôt logique que je sois envoyée dans un orphelinat, n'est-ce pas, histoire de grossir les rangs des orphelins sociaux. On nous appelle comme ça, à Saint-Pétersbourg. Ceux qui ont encore des parents, mais des parents tellement à chier qu'on en devient orphelins par décision de justice. Au moins, j'ai réussi à ne pas être une gamine de la rue.

À la place, je suis devenue une délinquante, avec les Nobodies. Au final, je ne faisais que jouer, Papa. Je ne voulais faire du mal à personne. Et au départ, il s'agissait juste de quelques vols, des trucs comme ça. Rien qui puisse blesser quelqu'un. Jusqu'au vol de trop. Jusqu'au cambriolage de trop. La maison n'était pas vide, et le propriétaire n'a pas trop aimé qu'on s'introduise chez lui. Ça a foiré à cause de Newtown, et c'est moi qui ai pris dans la cuisse la balle du fusil qu'il pointait en notre direction en nous poursuivant. J'en veux pas à Newtown. Il fallait bien que ça finisse par arriver, à un moment ou un autre. Sauf que Columbine, ça l'a rendu fou de me voir en danger. Fou. C'est le mot. Honnêtement, je ne pourrais même pas te dire à quel moment j'ai compris que ça avait dégénéré. Parce que, quand j'ai compris, le propriétaire de la maison avait déjà un couteau planté dans la poitrine. Je suis incapable de me rappeler la chronologie des événements. De me rappeler qui a fait quoi. Je sais juste que Columbine m'a dit de le faire, de le poignarder et que je l'ai fait pour ne pas le décevoir. Je me rappelle du sang. Je me rappelle d'avoir hurlé sur Newtown pour qu'il se bouge et se tire de là en entendant les sirènes de police. Je me souviens du dernier baiser de Columbine contre mes lèvres, de ses dernières paroles que je garde précieusement pour moi. Et c'était terminé pour moi, Papa. Ils m'ont retrouvé avec l'arme du crime, à côté du cadavre. Le procès a été rapide. Ils ont essayé de me faire balancer les noms des trois autres personnes visibles mais non-identifiables sur la caméra de vidéo-surveillance, mais je n'ai pas parler. Ils ont soigné sommairement ma jambe, et je me suis retrouvée sur un bateau. Ni plus, ni moins. Voilà ce qu'on gagne à jouer avec le feu. J'espère que tes enfants ne deviendront pas comme moi.

Je ne m'en suis pas bien sortie, mais tu sais, ça me va. Ici, j'ai pas peur de finir à la rue du jour au lendemain. Et honnêtement ? Je me sens bien, ici. J'ai une famille. Au final, les Nobodies se sont retrouvés ici, à l'exception de cette balance de Columbine. De toute façon, il était majeur quand c'est arrivé. J'ai Newtown, ici, je le connais depuis que j'ai 15 ans, quelque chose comme ça. Il est tellement attaché à moi que j'ai peur des fois de le blesser si je dis ou fais un truc qui peut être mal interprété. Et c'est la dernière chose que je voudrais, le blesser. Parce que je l'aime profondément, je ferai n'importe quoi pour lui. Vraiment. C'est clairement une bonne personne, qui n'a rien à faire sur cette île... et je sais que s'il est là, c'est à cause de moi, uniquement. C'est moi qui l'ai entraîné dans la bande, je l'ai présenté aux autres et je le regrette tous les jours. C'était ce qu'il voulait, mais à quel prix ? Des fois, je me déteste, Papa. Je me déteste d'avoir été aussi naïve et d'avoir embarqué Newtown dans tout ça. Parce que je tiens tellement à lui que je pourrais mourir pour lui. Et quand on aime autant quelqu'un, tout ce qu'on veut, c'est son bonheur. Et je ne crois pas que Newtown soit heureux, ici. Il y a Austin, aussi. Lui, je le connais depuis que j'ai 14 ans, environ.  À la base, c'était un ami de Columbine, mais avec le temps, c'est devenu le mien, aussi. Même si c'est souvent tendu entre nous, honnêtement, je ferai n'importe quoi pour lui aussi. Ces deux là, c'est ma famille. Plus que tu ne le seras jamais. Et je ferai tout pour eux. Tout pour les protéger. Tout pour qu'ils soient heureux. Mais tu sais, c'est pas les seuls. J'ai toujours eu peur d'être seule, de finir seule, de ne pas être aimée... mais ici, malgré tout, j'ai des gens que j'aime et qui m'aiment. Et, finalement, le plus dur, ça va être de quitter cette île et de leur dire au-revoir. Parce qu'il n'y a personne qui m'attend, en Russie. Personne que je veux retrouver. Ni toi, ni ma mère, ni Columbine. Voilà, je crois que j'ai fais le tour de ce que je voulais raconter...

À toi qui ne lira jamais ces mots,
Je te tiens responsable de ce qu'a été ma vie,

Félicitations !

Alexandra Gvozdev, bienvenue sur l'île !

mais mais mais c'est quoi cette histoire faut pas jouer avec mes émotions comme ça elle sera bien chez les sages et becks lui fera des câlins elle aura pas le choix (bon par contre les noms des membres de la bande c'est que des noms de villes ou je suis folle ? )

Bravo pour ta validation petit délinquant. Maintenant que ta fiche est terminée, il est temps de poser définitivement tes valises, de t'installer et de commencer à jouer.
Pour commencer, tu peux vérifier que le staff a bien fait son boulot, et vérifier que ton avatar a été réservé dans le bottin, et que ton personnage a été recensé dans son pays d'origine et sur la date de son arrivée. Si tu ne vois pas ton nom sur un des trois sujets, n'hésite pas à MP un des membres du staff, on t'en voudra pas, loin de là
Une fois ça fait, tu peux aller poster ta fiche de lien et ta première fiche d'activité RP. Si besoin est, tu peux aussi aller poster un pré-lien si t'as une idée bien précise de ce que tu veux.
Voilà, maintenant t'es paré pour commencer à jouer.
Tu peux désormais aller voir ce qu'il se passe dans ton gang (intrigues ou tea time sur les autres gangs) dans le forum qui lui correspond dans la partie "A la file indienne".
Hésite pas non plus à passer dans le flood et les jeux ainsi qu'a voter sur les top-sites.

Bon jeu parmi nous !