— chronology —
february 1995 naissance à nemuro (hokkaido). il a une grande soeur de trois ans son aînée (maria). famille déjà en difficulté. le père travaille dans les îles kouriles en tant que pêcheur. la mère qui se tue à la tâche au marché le matin, dans une supérette la journée.
winter 1998 le père a des problèmes au boulot, la pêche est mauvaise. se met à boire. il a l'alcool violent, tape sur le petit dernier qui pleure trop. la mère ferme les yeux, maria panse les plaies.
spring 2001 entrée au primaire. début de l'isolement. iouri se rend compte à quel point il est différent. il commence à rendre les coups et à se forger un caractère. la situation à la maison ne s'améliore pas. trouve refuge chez sa grand-mère qui lui apprend le ainu, la langue de leurs ancêtres.
autumn 2003 iouri commence à répondre à son père. on parle beaucoup de leur famille sur l'île, notamment du petit dernier qui agit comme une bête sauvage. l'école ne s'inquiète pas de ses absences. sa mère est plus souvent au boulot qu'à la maison, et maria impuissante.
summer 2007 il écoute sa soeur jouer du piano comme si ça pouvait soigner ses maux. il y a bien longtemps qu'il ne sait plus pleurer. on a peur de lui dans le quartier, si bien qu'il a la paix. c'est lui maintenant qui cherche les ennuis. autodestruction que personne ne peut arrêter.
winter 2009 il enterre sa grand-mère. il n'y a pas grand monde à la cérémonie, même pas son père. il a l'impression qu'un de ses garde-fous a cédé. sa mère le supplie de se faire petit, de changer, de ne plus se faire remarquer. il la voit sans la voir. après tout, elle n'a jamais vraiment rien fait pour lui. amertume.
spring 2010 dernière année de collège. c'est là qu'il le rencontre lui. qui n'a pas peur de lui. qui l'approche le coeur soi-disant en offrande. lui qui lui offre ce que le monde lui a toujours refusé : de l'amour, de l'attention. lui qu'il laisse entrer dans sa vie. dans son coeur. lui. lui. lui. démon.
july 2011 il enterre sa soeur. et les anges pleurent. le ciel aussi. mais lui se retient. mais ses cris passent ses lèvres, supplications qu'on lui rende. son père finit par le battre. il reste jusqu'à la nuit devant cette tombe, reniant dieu, vie, amour. tout. ses larmes en sacrifice.
august 2011 il n'a pas mis longtemps à comprendre. qui a tué sa soeur. qui l'a étranglé, étouffé, noyé. son amant. et la réalisation est amère, la culpabilité encore plus. celle d'avoir été responsable de la mort de sa soeur. il ne connait pas le mobile. il n'a aucun regret d'ailleurs lors qu'il l'immole, sourire fou, des lueurs assassines dans ses yeux. aucun.
september 2011 il a été emmené en russie. moscou. les rumeurs vont vite, la justice également. sa mère n'a su le cacher. son père n'a rien fait pour le retenir. et il attend le jugement. il plaide coupable iouri. parce qu'il n'aspire qu'à une chose. mourir.
january 2012 la sentence est tombée. et lui, il est envoyé en enfer. on lui a refusé le trépas pour l'envoyer en exil. on lui parle de deuxième chance. on lui parle de rédemption. mais lui il ne voit que le parjure, il ne voit que la souffrance de continuer à vivre dans un monde qui n'a jamais voulu de lui. renégat.
2012 c'est comme un jeu avec lui. c'est comme une attirance qu'il ne peut nommer. attirance morbide pour le garçon, l'impression qu'il danse entre ses doigts. abel. abel qui change, se transforme, et iouri qui le regarde devenir un monstre comme les autres, son monstre. non. entre eux il n'y a rien, parce que iouri n'a rien à offrir, si ce n'est l'illusion et des désirs qu'il ne lui permet pas d'assouvir.
autumn 2013 années troubles sur l'île. il ne sait plus vraiment qui il est. mais les choses ne changent pas, la crainte reste la même. iouri ce garçon violent. celui qui frappe pour mieux recevoir. iouri le chien fou. démon. et ça murmure à tout va. ça le rend coupable de crimes dont il ignore tout, mais il ne dit rien. tête haute, rictus mauvais, il traine sa peine.
spring 2014 on ne sait pas trop pourquoi, comment. on ne sait pas. il est rentré chez les chimères. on dit qu'on a passé un collier autour du cou de la bête. lui ne dit rien, son regard est toujours aussi fou, mais peut-être que dans le fond, il voulait juste appartenir à un groupe. voilà tout.
summer 2014 boucle d'oreille lourde du côté droit, symbole d'un mariage qui fait sourire. on a presque pitié du partenaire, l'alliance de mauvaise augure. et le nom choisi, donné, offert. arès dieu de la guerre, et il a la violence qui colle au personnage, du sang sur ses lèvres, et des ecchymoses plein le corps.
winter 2014 fragile, le corps qui se brise aux portes d'un royaume dont il n'a pas les clefs. et les réveils sont cruels. les réveils se font dans une solitude et des relents de souvenirs qu'il voulait oublier. son monstre. il joue avec lui, avec sa vie. mais ses doigts ne pressent jamais assez fort. et il va toujours plus loin. le surnom ironique entre ses lèvres, il n'a pas la blancheur des ailes dont il le pare. et bientôt sa peau redevient pâle, parce qu'il n'a plus le droit de s'approcher. bientôt sa présence n'est qu'un souvenir. comme le reste. il veut juste oublier. il ne sait pas comment par contre. malheureusement.
december 2016 le diable ne s'est pas tu. il n'a pas réussi à l'étouffer dans les flammes. et sur ses mains du sang. il a le corps secoué et la pluie ne lave pas la réalisation. la pluie ne lave pas non plus ce lien maudit. iouri, démon qu'on fait chanter de ce crime qui n'aurait pas du avoir lieu. iouri qu'on dresse, iouri qu'on malmène, mais le démon ne se tait pas.
2019 la réputation n'est plus à faire. les rumeurs lui collent à la peau, et on se questionne souvent. sur son appartenance aux muses. la clientèle pourtant riche, il y en a qui donne cher pour se défouler, pour laisser cours à leurs passions les plus violentes. et iouri qui les accepte dans leur étreinte. là aussi pourtant du côté de la milice, ces pulsions qui chantent en lui et qu'il ne sait réprimer. sanguin.
spring 2019 il est revenu. son monstre. il est revenu. mais sa jalousie parle pour lui. possession sur sa personne que iouri dénie avec violence. et sur son corps les traces qu'il laisse semblent vouloir effacer ce qu'il est sur cette île. mais iouri fait le fier, index levé, rictus animal lorsqu'il s'affiche avec quelqu'un d'autre. les affres de la jalousie ne le rongent pas, et il n'a rien à gagner entre ses bras, rien à perdre, parce qu'il lui a toujours refusé la seule chose qu'il n'ait jamais demandé. ses mains autour de son cou, comme toujours. et qu'il serre. serre. serre.
june 2019 mort, la réalisation qui laisse un goût âpre dans la bouche et iouri qui se renferme, iouri qui change, parce qu'au final il avait peut-être encore des choses à perdre, peut-être encore les restes palpitants de son coeur qui n'avait pas totalement brûlé. nikita. le nom comme le glas sur ses lèvres, et la résolution plus triste que jamais. il veut mourir.