two shadows in a million hell

@vinny king

Six jours. Presque une semaine depuis la nuit qu'elle aimerait oublier, effacer de sa mémoire. Elle se sent toujours dès plus répugnante, honteuse. Elle n'a pas osé voir Vinny. Elle a tout fait pour l'éviter. Elle est même restée presque ces derniers jours dans sa cabane, sans en sortir, sans voir personne. Kei passait de temps en temps, elle ne lui a rien dit. Elle pleurait simplement. Ses yeux sont boursoufflés, comme si le torrent de larmes n'avaient pas cessés de couler depuis six jours entiers. Elle est fatiguée. Et elle n'en peut plus de se haïr à ce point. Et surtout, Vinny lui manque. Elle veut prendre ses responsabilités. Elle a doit accepter la colère et le dégout de son frère. Elle doit le voir. Se rendre chez lui. Cet endroit qui maintenant l'effraie à cause de ce qu'ils ont fait. De ce qu'elle a fait. Mais il n'y a pas d'autres moyens, parce qu'elle ne supporterait pas affronter son regard aux yeux de tous. Elle préfère se faire haïr en privé.

Elle angoisse. Les mains sont moites. Ça fait deux minutes qu'elle est devant la porte de son frère, sans osé frapper. Elle a peur que dès qu'il ouvre la porte, elle se prenne une gifle. Des mots horribles qu'elle mériterait pourtant. Son frère l'a fait jouir. Elle s'en veut. Elle pensait pourtant pas à mal, elle pensait qu'il contrôlait. Elle pensait avoir confiance. Mais non. Il ne savait rien. Elle a l'impression d'avoir abusé de lui, de l'avoir trahis.

Elle respire. Et elle toque. Elle regrette aussitôt. Elle a les larmes aux yeux alors qu'il n'a pas encore ouvert. Et ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il n'est pas seul dedans. Y'a une autre fille, là où elle, elle était des nuits plus tôt.

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@jenny king

Six jours. Ça fait six jours que Vinny se plonge dans son job. Tous les Alchimistes le disent : depuis six jours, Monthy Python est devenu insupportable. Encore plus sur les crans que d’habitude, encore plus radin que d’habitude. Il est pas radin, Vinny, il fait juste son taff. On  lui a dit de faire gaffe aux réserves d’alcool, alors il fait gaffe aux réserves d’alcool. Et il boit pas. Pas une seule goûte. Il est terrorisé de savoir ce qu’il a fait la dernière fois qu’il a bu. Et il fait tout pour que ça se reproduise pas. Alors il garde les deux objets coupables et victimes de sa faute, l’alcool et Jenny, le plus loin possible de lui. Puis tous les soirs, enfin, il passe la nuit avec quelqu’un. Avec une fille différente, tous les soirs. Il a toujours pas été voir les Muses, simplement parce qu’il n’a jamais été voir les Muses, n’importe laquelle. Jamais. Puis parce qu’il préfère se dire que les filles en ont réellement envies. Six jours, six filles. Possiblement plus, lorsqu’il y a une fête le soir et qu’il couche avec deux filles différentes lors de la fête et de la nuit. Il a pas honte, c’est comme ça qu’il agit, et c’est comme ça qu’il a toujours agit. Il est juste comme ça, a toujours été juste comme ça.
Il est avec une fille ce soir. Il est torse nu  en train de  lui embrasser la clavicule. Il a les  yeux grands ouverts sur sa peau foncée. Il couche aussi qu’avec des filles dont aucune partie du corps peut  lui rappeler celui de Jenny. Elle gémit doucement  des attentions qu’il lui procure. Mais  c’est pas ce gémissement qu’il entend, Vinny. Six jours que toutes les filles qui passent dans son lit ne suffisent  pas. Aucune. Il n’apprécie  le moment passé avec elles aucunement par rapport à la soirée terrible. Parce qu’il peut pas dire le contraire. Parce que Jenny ou pas, y’a tout un moment où il ne savait pas qui elle était, et qu’il ne peut pas oublier le fait qu’il n’avait jamais été excité aussi rapidement par une fille avant. Ni après, du coup. Mais il doit continuer de chercher. Il doit pas s’arrêter à ça. Il peut pas s’arrêter à ça. Et il veut pas, de toute façon.
Ça toque à sa porte et Vinny relève les yeux vers l’endroit du bruit. Il se décolle légèrement de sa future conquête. Et elle le tient plus ou moins fermement, lui disant que qui que ce soient, ils peuvent repasser. Mais Vinny n’apprécie pas assez le moment pour risquer de laisser passer quelque chose d’urgent. Alors il se relève en prenant appuie sur ses mains, et se dirige vers la porte. Il l’ouvre, toujours torse nu, les lèvres humides et rouges, et les cheveux décoiffés. Ça ne laisse aucune place à l’imagination quant à ce qu’il se passait dans cette cabane quelques secondes plus tôt. Son regard tombe sur Jenny. Et par un automatisme qu’il veut maudire, il passe ses langues sur ses lèvres. Il a soudainement soif. Et il a vraiment aussi, soudainement envie de gerber.
La fille derrière lui l’appelle, lui demande qui est là, et Vinny a envie de lui dire de se casser, que c’est pas ses oignons. Mais surtout, pour une raison qui lui échappe, il se sent honteux que Jenny le trouve là, dans cette cabane, avec quelqu’un d’autre.

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@vinny king

Il ouvre et Jenny a un réflexe de recul. Elle a peur de s'en prendre une. Après ce qu'ils ont fait - ce qu'elle a fait, ce serait normal. Même si Vinny ne s'est jamais montré violent envers elle, cette fois-ci il aurait toutes les raisons de le faire. Mais y'a ses yeux qui se baissent sur le torse nu de son frère. Ce torse qui porte encore la trace, après six jours, de ses ongles qu'elle a très vivement planté en lui par surprise et par plaisir. Et elle se sent honteuse. Elle n'aurait pas du venir. Ce n'était clairement pas le bon moment pour elle. Ni pour lui, de toute évidence, vu sa dégaine. Cheveux en bataille et débraillé, il est avec une femme. Elle n'a plus aucun doute lorsqu'elle entend une voix féminine provenant de la cabane. Elle sait pas pourquoi mais elle se met à rougir. Elle n'arrive plus à le regarder dans les yeux, alors son regard est fuyant. Honteux. Elle se recule même d'un pas. L'envie de pleurer lui prend, mais elle se retient. « Pa..Pardon je.. » Elle quoi ? Va repasser ? S'effacer de la vie de son frère ? Elle ne sait pas quoi faire. Elle est démunie. Elle est perdue. Elle se sent encore plus répugnante.

Alors elle fait un pas en arrière. Elle n'arrive plus vraiment à se retenir. Son regard devient flou, se perle de larmes qui cependant refusent de couler. « Je repasserais si.. si tu.. veux bien. »

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@jenny king

Lorsqu’il la voit, il a envie de dire à la fille présente d’aller autre part. De sortir. Et il sait pas réellement pourquoi il le fait pas. Probablement parce qu’il est encore trop sonné du fait de la voir là, face à lui, après presque une semaine. C’est sa soeur. Et il a été ravi de la retrouver après dix ans. Mais là c’est différent. Parce que la dernière fois qu’il l’a vu, il l’a fait jouir, et que c’est pas quelque chose dont il est fier. C’est même carrément l’inverse. C’est quelque chose dont il a honte, complètement honte. Il a vomi toute la journée suivant. Il a été parler à son meilleur ami, et il a vomi. Et c’est quasiment tout. Puis le soir, il a couché avec une autre fille, pour faire comme si la veille était jamais arrivée. Mais la fille lui a caressé le torse, et il a siffler de douleur. Les marques des ongles de Jenny sont encore là. Et il ose plus se regarder dans le miroir, de peur de les voir. Il essaye d’oublier qu’elles existent, ces marques.
Lorsqu’il la voit reculer, il comprend qu’elle a compris qu’il était pas seul. Et elle s’excuse. Vinny considère qu’elle devrait pas s’excuser. Il est celui qu’a fait de la merde, à pas la reconnaître, à être beaucoup trop bourré pour comprendre qui elle était, reconnaître ne serait-ce que sa voix. Et elle continue de reculer. Vinny a toujours pas répondu à la fille alors et il la sent à ses côtés quelques secondes plus tard. Il se tourne pas vers elle, continue de regarder Jenny qui lui dit qu’elle repassera, si il veut bien. Comment ça, s’il veut bien ? Qu’est-ce qu’elle… Pourquoi elle est là ? Qu’est-ce qu’elle veut lui dire. “Je pense que tu devrais partir.” qu’il lance. En regardant Jenny. Puis il se rend compte que le message est probablement mal passé alors il se retourne vers son coup d’un soir à qui il sourit presque gentiment. “Désolée, je pense que tu devrais partir, j’ai besoin de lui parler.” Il voulait dire “j’ai besoin de parler à ma soeur”. Mais il peut pas dire ça. Pas après ce qu’il a fait.
Il a plus le droit de l’appeler comme ça. La fille a pas l’air heureuse, et elle retourne dans le centre de la maison pour prendre ses affaires. Lorsqu’elle sort, elle se gêne pas pour donner un coup d’épaule à Jenny. Et le regard de Vinny se fait dur. Alors il parle plus fort, lorsqu’elle s’éloigne. “C’est pas la peine de revenir.” Et il s’approche de Jenny, rapidement. Parce que maintenant, il est juste inquiet. “Ça va ton épaule ? Elle t’a pas fait trop mal ?” Il pose sa main sur son épaule, pour… et la retire, comme s’il avait été brulé. Qu’est-ce qu’il est con. Il devrait pas la toucher, il a pas le droit de la toucher. “J’suis désolée Jen.” qu’il finit par lâcher. Et il baisse les yeux, à terre, et se recule de quelques pas pour rentrer chez lui de nouveau. Il laisse la porte ouverte pour qu’elle l’y rejoigne. Il s’en veut. Il doit plus la toucher, plus jamais.
C’est jamais des autres qu’il aurait du la protéger, Jenny.
C’est de lui-même.

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@vinny king

« Je pense que tu devrais partir. » Il l'a regarde droit dans les yeux. Et Jenny en a le souffle coupé. Elle s'y attendait pourtant, à ce rejet. Mais c'est si dur que ce soit vrai. Alors elle commence à hocher la tête, et y'a une larme qui coule. Mais elle est surprise. Très surprise, parce que finalement Vinny tourne son visage vers la femme à côté de lui. « Désolée, je pense que tu devrais partir, j’ai besoin de lui parler. » C'est à la femme qu'il disait ça. Et elle se sent idiote de ne jamais rien comprendre. Elle aurait évité cette situation si gênante et répugnante, si elle avait comprit, il y a six jours.

La femme n'est pas ravie. Ça ce voit. Et ça se sent aussi, parce qu'elle donne un coup d'épaule à Jenny qui se fait donc bousculer. Mais elle ne dit rien Jenny, jamais. C'est pas le genre de fille à répliquer. À rentrer dans la confrontation. Elle préfère subir en silence. Sauf que le silence, c'est son frère qui le brise en prenant sa défense. « C’est pas la peine de revenir. » Elle a encore tout gâché. Une nouvelle fois, parce qu'elle est toujours au mauvais endroit, elle gâche la vie de son frère. Et elle baisse la tête, regarde ses pieds. Faut qu'elle se retienne de pleurer. « Ça va ton épaule ? Elle t’a pas fait trop mal ? » Frisson. Lorsqu'il touche son épaule, pendant moins d'une seconde. Frisson et souvenir de cette fameuse soirée. Elle rougit, n'ose toujours pas le regarder. Elle secoue doucement la tête pour dire que ça va, son épaule, elle n'a pas mal. Pas autant mal que dans son coeur. Mais elle relève finalement la tête parce que Vinny, il dit une chose qu'elle ne comprend pas. « J’suis désolée Jen. » Il s'excuse alors qu'il devrait pas. Il n'a rien fait lui, il ne savait pas. Elle si. Alors elle veut le regarder, mais cette fois c'est lui qui baisse la tête. Qui tourne le dos, qui rentre chez lui. La porte reste ouverte. Et elle hésite. La dernière fois elle a quitté cet endroit en pleurant. Elle a peur d'entrer, de retourner là où tout s'est enflammé. Sa vie, autant que son corps.

Mais elle le fait, après une grande inspiration. Elle entre. Ferme la porte derrière elle. Mais ne s'avance pas trop. Elle garde une bonne distance de sécurité. Parce qu'elle a honte. Parce qu'elle se trouve répugnante. « Vi..Vinny.. » Elle bégaye, de la même façon qu'il y a six jours. Mais pas les mêmes circonstances. Puis elle ferme les yeux, comme si être dans le noir lui donnait du courage. « Je suis désolée. Tu dois me détester. Je.. Je me déteste aussi. Je.. Je sais pas pourquoi je.. enfin.. toi tu savais pas.. mais je croyais que tu savais.. et je me sentais.. bien ? En sécurité, avec toi. J'aurais du.. Je.. » C'est pas facile d'en parler, et elle monte ses mains sur ses yeux. Comme une enfant elle se les frottes. Elle pleure. Elle sanglote en parlant. « J'ai.. J'ai pas envie que tu me détestes.. Je suis désolée.. Je sais que je te répugnes.. Pardon mais.. S'il te plait.. S'il te plait je.. Je veux pas être loin de toi.. »

Elle tombe à genoux, comme à bout de force. Y'a trop d'émotions.

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@jenny king

Toutes ses réactions sont comme du poison pour lui. Il s’en veut. Sa culpabilité le bouffe jusqu’à la moelle. Il se déteste plus que tout. Il aurait jamais dû. Il aurait dû comprendre que quelque chose allait pas quand elle a pas clairement dit oui, ou même sa façon de dire son prénom, comme une supplication. Pas pour continuer, mais parce qu’elle se sentait mal. Et il s’en veut de l’avoir mis dans cette position, d’être la seule à savoir, d’être la seule à comprendre ce qu’il se passait. Lui c’en est rendu compte plus tard, de ce qu’il avait fait, et il se dégoûte déjà, beaucoup. Mais elle, elle l’a vécu en direct, et il peut pas se pardonner de lui avoir fait vivre ça, vraiment pas. Elle entre à sa suite, et elle ferme la porte. Il regrette presque instantanément de pas avoir décidé de lui parler autre part, parce que tous les souvenirs de cette soirée reviennent comme un torrent dans son esprit. Et ça le rend fou. De se dire que normalement, il se souvient pas des choses qui se passent lorsqu’il est bourré, mais que ça, bien sûr, il s’en souvient. Ce serait trop simple autrement. Merde. Putain de merde. Il se retourne pas vers elle, pas vraiment. Il lui fait presque face mais pas totalement. Il la regarde pas en tout cas, a les yeux rivés sur le sol. Et il aimerait pouvoir se convaincre que c’est pas si grave que ça. Que c’est pas comme s’il avait couché avec elle. Et en soi, il sait qu’il réussirait à se dire que c’est pas si grave que ça s’il n’avait pas parfois, la nuit, le rêve de recommencer et d’aller plus loin. Parce que c’est le genre de rêves qu’il a depuis qu’il a revu Jenny sur l’île. Et c’est aussi pour  ça qu’il s’en veut autant. Lorsqu’elle parle, Vinny est obligé de relever les yeux vers elle. Parce que les sons qu’elle émet de ses lèvres sont les mêmes que lorsqu’elle le suppliait de continuer, ou d’arrêter, il est plus sûr. Et il a les yeux brumeux, et les joues rouges. De honte.
Elle continue de parler et Vinny a juste envie qu’elle se taise. Parce que ce qu’elle lui dit ne fait aucun sens. Elle s’en veut ? Elle devrait pas. Elle devrait vraiment pas. Il est le grand frère, il aurait dû se rendre compte, il aurait dû comprendre, et il aurait dû être celui assez mature, assez grand pour mettre un stop à cette hérésie. Mais il l’a pas fait. Il l’a pas fait et maintenant elle est là, en train de s’excuser. Et vraiment Vinny devrait pas, mais il se concentre sur le fait qu’elle se soit sentie bien. Il devrait pas être surpris, bien sûr qu’elle s’est sentie bien. Mais elle a l’air de dire qu’elle s’est sentie bien parce qu’il était celui à lui procurer les plaisirs. Et elle lui dit, en pleurant, qu’elle a pas envie qu’il la déteste. Et elle lui dit des trucs qu’il pige pas. La détester ? Qu’elle le répugne ? Quoi ?
Et elle tombe par terre. Et Vinny réfléchit pas avant de se jeter vers elle et de tomber à genoux face à elle. “Jen… Je…  Comment tu peux penser un truc pareil ? Je te déteste pas, je te hais pas. Tu ne  me répugnes pas. C’est toi qui devrait me détester. J’ai pas su comprendre, je suis désolée.” Puis il relève son visage, un doigt posé sous son menton, et il la regarde dans les yeux, parce qu’il veut lui dire des choses, sérieusement. “T’as pas à avoir honte, d’avoir aimé ça. J’ai honte de t’avoir pris ta première fois, alors qu’elle aurait dû être pour quelqu’un d’autre. Mais toi, tout ce que tu as ressenti, c’est normal. Ton corps a réagit. Puis… T’inquiète pas, Jenny. Pleure pas. Une belle fille comme toi devrait pas pleurer.” Il sait pas trop quoi lui dire d’autre. Parce que quoique ce soit d’autre serait un aveu que lui aussi, il a aimé lui procurer ce plaisir. Et ce serait un aveu qu’il ne veut pas faire. Ni à elle, ni à lui-même.

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@vinny king

Elle pleure. Elle n'arrive pas à arrêter de pleurer, si bien qu'elle est tombée à genoux parce qu'elle se sent si horrible. Si répugnante. Mais Vinny vient la rejoindre. Vient se mettre à genoux lui aussi. Pour la rassurer. Pour être avec elle. « Jen… Je…  Comment tu peux penser un truc pareil ? Je te déteste pas, je te hais pas. Tu ne  me répugnes pas. C’est toi qui devrait me détester. J’ai pas su comprendre, je suis désolée. » Les mots qu'il lui dise, ça lui fait un bien fou à Jenny. Elle a l'impression qu'on l'autorise enfin à respirer après six jours en apnée. Puis elle sent le doigt de son frère venir délicatement remonter son visage larmoyant, afin que les deux se regardent dans les yeux. « T’as pas à avoir honte, d’avoir aimé ça. J’ai honte de t’avoir pris ta première fois, alors qu’elle aurait dû être pour quelqu’un d’autre. Mais toi, tout ce que tu as ressenti, c’est normal. Ton corps a réagit. Puis… T’inquiète pas, Jenny. Pleure pas. Une belle fille comme toi devrait pas pleurer. » Reparler de ça, elle se met à rougir. Fortement. Elle aimerait détourner son visage mais elle peut pas parce que Vinny tient son menton. Alors elle rougit face à lui. L'innocente et pure Jenny, rouge pivoine, qui aimerait disparaitre. « Tu.. tu.. n'as pas à t'excuser.. » Parce qu'elle reste sur ses positions. Ce n'est pas de sa faute à lui. Mais à elle.

Et puis au delà de ça, y'a autre chose. Jenny, elle ne pourrait jamais se sentir mieux, parce que ça la bouffe de l'intérieur. Parce que quand elle repense aux mains de son frère, elle n'a qu'une envie : qu'il recommence. Et elle se sent horrible pour ça. Elle se sent honteuse et impure. Et comme elle comprend pas, comme elle est perdue, elle fait la seule chose qu'elle sait faire... ce confier, au premier concerné. « Je.. j'ai tellement honte de moi Vinny.. Je.. » Elle se remet à pleurer, tout en regardant Vinny, parce qu'elle est proche de lui. Ses yeux ne sont plus que du flou, ses pupilles sont dissimulés sous les larmes. « J'ai pas envie de revivre ça.. avec quelqu'un d'autre que toi. » Elle est rouge. Elle a honte. Elle a envie de s'enfuir. Elle a un problème, et elle en a peur. « Dis moi quoi faire.. s'il te plait.. J'ai peur de ressentir ce.. ce que je ressens. »