05/01/2020 // D -2034
Elle l’a remarqué y’a plusieurs jours. Et quand elle l’a vu marcher chez les Chimères, elle a d’abord cru que c’était un songe. Elle a d’abord cru que c’était son imagination qui lui jouait des tours comme elle le faisait quand elle était à l’hôpital. Parce qu’il était l’une des personnes qui lui permettaient de garder le sourire lorsque la vie se rapprochait plus de la mort que la mort qui risquait de l’attendre si elle prenait pas bien son traitement. Junhwi Oh. Le mannequin. Elle a toujours eu un crush sur lui. Mais elle a eu des crush sur pas mal de célébrités. Et elles ont toutes fait partie de ce groupe de personnes pour qui elle a développé un respect profond et qu’elle aimerait remercier un jour si elle en a l’occasion. Elle sait que ça risque pas d’arriver. Elle est assez réaliste pour savoir que rencontrer son idol, c’est pas quelque chose que quiconque à la chance de faire. Vraiment pas. Mais parfois, elle se dit  que ça fait vraiment pas de mal de rêver un peu. Alors forcément, lorsqu’elle a vu Junhwi, elle a pensé qu’elle rêvait. Puis elle l’a recroisé. Une fois, deux fois, trois fois dans la même journée. Et aujourd’hui, c’est son anniversaire. Elle a décidé de prendre son courage à deux mains et d’aller lui parler. Elle est pas bien certaine d’à quoi elle va ressembler une fois face à lui ou si même elle réussira à articuler deux mots à la suite. Mais elle se dit qu’au pire, elle passera pour une gamine paumée. Et elle aura juste envie de s’enterrer six pieds sous terre. Mais rien ne bien grave ne peut arriver. Après ce qu’elle a vécu, elle a appris à relativiser. Elle veut que la discussion possible avec Junhwi soit son cadeau d’anniversaire. Elle veut, pendant quelques minutes, arrêter d’avoir la haine, d’être en colère, d‘avoir la rage. Pour quelques minutes, elle veut arrêter de penser au monstre qui a tué sa jumelle et juste redevenir cette gamine fan de quelqu’un et qui a l’immense chance de pouvoir rencontrer cette personne et vraiment lui parler. Elle l’a pas suivi hein, mais elle a quand même eu l’occasion de le voir trainer avec une Muse déjà Muse. Junhwi, il est juste Nymphe. Comme elle, est héros. D’ailleurs, quand elle l’a su, ça l’a fait tiqué. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il voudrait se prostituer ? Il a ce corps parfait et cette attitude parfaite, et elle sait pour sûre qu’il plaît à plusieurs personnes (elle la première). Elle comprend pas bien l’intérêt qu’il verrait dans la prostitution. Puis, bien que Lena n’ait aucune envie de juger quelconque profession, elle trouve que la prostitution est une profession un peu… Enfin. Elle comprend juste pas pourquoi certaines personnes voudraient faire ça de leur vie volontairement. Vendre son corps, ça a l’air si dégradant.
Elle marche entre les habitations lorsqu’elle l'aperçoit. Elle se cache derrière le mur d’une maison et le regarde sortir de chez cette Muse qu’il semble bien connaître et qu’est plein de tatouages. Il ferme la porte derrière Junhwi et Lena sait que c’est maintenant ou jamais. Elle se pince les lèvres ensemble pour prendre du courage. Et elle remarque pas que c’est dans sa direction qu’il vient. Elle s’en rend compte juste quand il passe devant elle. Quelques pas qu’il a le temps de prendre qu’elle sort de derrière le mur et lance un “Oh hey salut euh.” Elle dévie les yeux immédiatement de Junhwi. La honte… C’est vraiment pas  ouf comme premiers mots à une des personnes qu’elle  considère comme lui ayant sauvé la vie. “Salut, je m’appelle euh. Le… Lena.” Elle bégaie. Elle a toujours pas relevé les yeux. Elle veut pas les relever parce qu’elle sait ce qu’elle verra si elle les relève. Et elle a déjà pas tout ses moyens actuellement. Elle veut même pas essayer d’imaginer ce que ça serait si elle avait le magnifique visage de Junhwi devant les yeux. Alors elle baisse la tête, dans un signe de respect, mais en gardant toujours les yeux au sol, plus proche de ses pieds à elle que des siens à lui. Son anglais est sérieusement à travailler, très scolaire, mais elle s’en sort. C’est déjà ça. Elle espère juste qu’elle va pas paraître trop étrange. Et qu’elle va pas lui faire peur. Et qu’il va pas prendre ses pieds à son cou. Elle se sentirait pire que mal si ça venait à être le cas. Ah.
La honte.