Histoire
she's getting on my nerves
Kaszia a neuf ans, c’est plus qu’il n’en faut pour se rendre compte de ce qu’il se passe. Elle doit dire au revoir à ses parents, la petite s’y refuse. Même s’ils sont pas parfaits, qu’ils sont pas toujours là où qu’ils oublient parfois de la nourrir, elle les aime, les aime si fort de tout son petit cœur d’enfant.
C’est pas que leur faute, c’est le méchant juge qui l’a décidé. Il a dit qu’ils sont pas capable de s’occuper d’elle, que des mensonges. Kaszia elle, elle le sait que ses parents lui feront jamais de mal. Personne ne veut l’écouter et elle voit, elle le voit très bien, que ses parents cessent de se battre bien vite.
Tous des menteurs.
Une année entière au sein d’un établissement social, ça laisse des traces et c’est la peur qui l’étouffe lorsqu’un couple autrichien l’adopte. C’est partir loin, si loin de tout ce qu’elle connait et de son pays. Murée dans un silence nerveux, elle finit par s’ouvrir au père, polonais d’origine. Elle peut communiquer facilement avec lui ainsi, elle se sent plus à l’aise pour apprendre l’allemand. Kaszia redouble d’efforts, elle veut faire plaisir et ce, même si l’homme est régulièrement absent. Militaire de métier, sa femme, quant à elle, maudit ses horaires qui le forcent à rompre le Shabbat.
Lorsqu'il est présent et que les nuits se font trop sombres, il n'est pas rare que la petite brune vienne grimper dans le lit de ses parents d'adoption. Elle se blotti contre son père et l'autre femme doit parfois terminer sa nuit dans le canapé.
Kaszia est éduquée au sein d'une école privée pour filles. Elle aime l'ordre qui y règne qui n'est pas sans lui rappeler le caractère strict de son père. Démarquée par ses bons résultats en sciences et en langues, elle n'est jamais plus heureuse que lorsqu'elle est félicitée par celui qu'elle admire. Et puis, il y a aussi cette fille, avec ses magnifiques boucles de feu. Kaszia ne sait pas trop si elle voudrait être elle, ou à ses côtés. Alors, elle la suit, essaye de se mêler à son groupe d'amies même si la demoiselle la trouve énervante, trop collante. Où qu'elle aille, Kaszia la rejoint et la limite est rompue le jour où, dans son dos, la polonaise coupe une longue mèche de cheveux roux. Kaszia est grondée, une plainte pour harcèlement est déposée, finalement sans suite.
Ils ne comprennent pas.
Forcée de changer d'établissement à cause des craintes des parents de l'élève et de ceux de l'école, la jeune fille s'adapte assez rapidement à son nouvel environnement. Néanmoins, avant sa majorité, le pire survient :
ce n'est ni la guerre, ni aucun autre contexte dangereux qui emporte le père, seulement la maladresse. Sa femme lui aura demandé de replacer la gouttière et une mauvaise chute depuis l'échelle est si vite arrivée. Kaszia est inconsolable, pour la première fois, elle fait preuve de réactions violente vis à vis de sa mère adoptive. Adolescente en colère, elle la tient pour responsable pendant que son cœur pleure la perte de celui qu'elle aimait plus que tout. Pourquoi devait-il la laisser ? L'abandonner avec
cette maudite femme ?
L'aigreur la ronge comme un fruit au cœur pourrissant, heureusement, son professeur de biologie est l'homme le plus bon que cette Terre ait porté. Attentif, patient, cultivé et si gentil, Kaszia se sent spéciale quand elle converse avec lui. Elle reste aussi longtemps qu’elle le peut en classe, le prend en photo en cachette, elle a même volé l’écharpe de l’homme. La nuit, elle s’enroule dedans pour s’endormir bercée par son eau de Cologne. Avec le temps, ses suppositions se font ferme, il ne la regarde pas comme une élève. Il y a des sentiments dans leurs regards échangés, Kaszia en est sûre. Alors, elle se faufile dans la salle des professeurs et glisse des sachets de gâteaux et chocolats fait maison dans son casier. Il saura que ça vient d’elle, c’est certain. Un jour, il lui demandera de rester après la classe et il lui avouera sa flamme, ça aurait dû se passer de cette manière.
Si cette
sale garce qui lui sert de mère adoptive ne s’était pas mise en travers de son chemin.
Elle a trouvé sa cachette où Kazsia met son journal intime. Il y a aussi les affaires volées du professeur, des lettres d’amour jamais envoyées, des photos imprimées avec des montages. Encore heureux qu’elle n’a pas mis la main sur les dossiers qui se trouvent sur son ordinateur, ç’aurait été bien pire. Elle l’a prend à part, lui demande des explications. Cette conne lui dit qu’elle ne sait pas ce qu’elle fait, qu’elle est trop jeune et stupide, ce genre de saloperies, comme quoi ça ne serait que dans la tête de l’adolescente. Pire, elle lui prend
son journal,
ses photos pour les déchirer et les jeter en annonçant qu’elle en touchera deux mots à son professeur le lendemain.
Connasse.
Les divers produits piqués en classe de chimie n'auront pas servi à rien. Privée de sortie, interdite de mettre le pied en dehors de sa chambre, Kaszia se faufile pourtant dans celle de la femme endormie. Un mouchoir sur le nez, elle a du mal à tirer par les chevilles sa carcasse de grosse chienne jusqu'à la cave. Cependant, elle parvient à l'attacher à une chaise avant de paniquer. Que faire si elle appelle à l'aide ? La jeune fille décide donc de lui couper la langue mais elle n'est pas un monstre, elle utilise des poches de glace pour éviter que la vieille ne perde trop de sang. Ça ne l’empêche pourtant pas de crier,
merde. Prise de court, Kaszia s’empare d’un marteau pour cogner le crâne, plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle ne bouge plus. Dans le risque quelqu’un ait entendu les cris de sa mère, elle se presse de verrouiller la cave, d’enfile un manteau après avoir nettoyé ses mains et se précipite au logement de son professeur. Elle sait où il habite, elle connait même le digicode ainsi que le numéro de son appartement.
Il est surpris en la voyant, inquiet, face à son agitation. Kaszia s’empourpre lorsqu’il ose la repousser, elle et ses baisers. C’est probablement parce que celle qui lui sert de petite-amie est présente. Le ton monte, ça va si vite. L’homme refuse de la suivre et fait comme s’il ne comprenait rien à ce qu’elle raconte, pendant ce temps, l’autre menace d’appeler la police. La polonaise doit fuir et retourne chez elle. En arrivant, un drôle de bruit l’interpelle. Des gémissements et des faibles coups la guident jusqu’à la porte de la cave qu’elle rouvre.
La pute n’est pas encore morte.C’est de sa faute si tout à mal tourné.
C’est de sa faute si papa est parti.
C’est de sa faute si elle a été repoussée.
C’est
elle qui l’a poussé à de tels extrêmes, Kaszia, elle, ne voulait pas ça, oh non.
Les sirènes de la police se font entendre au loin, l’adolescente récupère le marteau. Il est absolument hors de question que la femme puisse parler. Elle n’en n’aura pas l’occasion.
Le procès est expédié. Les enquêteurs ont récupéré ses affaires ainsi que le contenu de son ordinateur portable. Tout y est. Comme dans son enfance, personne ne l’écoute, ils ne comprennent pas, c’est mieux de l’envoyer au loin, loin du continent. Quels salauds.
Poutant Kaszia l’aura, sa fin heureuse. Et si elle doit tuer pour cela
Elle n’hésitera pas.