« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Qu’est-ce que tu fais là? Une raison que t’as gravée dans ta main, comme pour faire semblant d’avoir une vraie raison. Mais est-ce que c’est vraiment la raison pour laquelle t’es là? Le bois dans ta main t’apporte un certain confort, certain que t’as l’air menaçant. T’es un monstre qui s’est échappé avec l’arme de l’ancienne proie? Mais tu n’es même pas sûre de son appellation. Elle n’avait rien de la proie, tu l’as reconnu, t’as vu cette expression sur son visage, t’as vu de l’intelligence au fond de ses yeux. Tu as tout vu et tu sais maintenant. T’es là pour une raison, avec un grand sourire sur le visage, que personne ne peut voir parce que t’as bien étudié, t’as fais attention à voir tout le monde quitter la maison. Alors il n’y a plus qu’elle à l’intérieur ça veut dire? Tu sais certainement que ça veut dire ça. Alors tu avances doucement, t’es certainement menaçant, t’as une vraie arme entre tes mains, tu te fous un peu de ce que les gens peuvent penser de toi dans la rue, mais si étais une personne normalement constituée tu aurais certainement regarder un peu autour, speeder jusqu’à la maison.
Passe toi une main dans les cheveux avant de passer le pas de la porte. Tu gardes le manche entre tes mains. L’état de la maison est silencieux, t’as envie de sourire encore, comme une mince sensation de chasse qui te donne un frisson à travers l’échine. Un pas, puis un autre, tu descends les yeux vers tes pas qui te mènent au premier étage de cette maison dont tu ne connais qu’une seule habitante. T’entends pas de bruit, plutôt heureux de pouvoir avancer de cette manière. Alors seulement quand t’es face à ce long couloir vide tu viens taper contre le mur pour faire le plus de bruit possible. Tu sais pas de quel côté elle va sauter, tu ne sais pas d’où elle va venir mais tu ne serais être plus heureux de cette situation.
«Lina?» Parce que t’as fais tes recherches maintenant, t’es bon pour ça et tu sais plein de choses sur elle. T’es fier d’être comme ça. La main se resserre sur l’arme, pas comme si t’allais l’utiliser pourtant.
(c) DΛNDELION
Dernière édition par Nicky Myers le Dim 12 Jan - 12:47, édité 1 fois
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
La chaleur avait fini par entièrement envahir la pièce dans laquelle la demoiselle se trouvait, formant une sorte de buée opaque sur l’unique bout de verre brisé qui faisait office de miroir depuis son arrivée. Ses iris couleur océan se détachaient de ce mélange, fixant leur propre reflet des secondes durant. Lina s’observait sous tous les angles possible. Avec pour seule tenue ses sous-vêtements usés, son regard neutre se détaillait et parcourait son corps mutilé. Les blessures, les cicatrices, les preuves de ses épreuves étaient éternellement marquées dans sa chair. Encre faite de sang, le papier de sa peau avait de nombreuses histoires à conter, histoires à jamais scellées derrière des lippes fermées. La sauvage n’avait jamais parlé de son histoire à quiconque ici et ne comptait pas le faire de si tôt. Lentement, elle plongea ses phalanges dans l’eau bouillante pour se porter le liquide au visage et terminer sa toilette. Elle s’efforçait de reprendre les bonnes vieilles habitudes pour ne pas se faire exclure de cette maison où un semblant de normalité s’était installé. Il n’y avait personne, d’ailleurs. Et la gamine espérait que cela reste comme tel jusqu’à ce qu’elle soit prête pour disparaître dans la nature, couteau à la main. La prédatrice en elle avait besoin de s’exercer, de chasser, de tuer. Pulsion sanguine, littéralement, impossible de lutter. Mais de toute manière, elle ne comptait pas résister à l’appel de la violence. Ce n’était qu’une simple question de temps, voilà tout. Alors elle prenait son mal en patience, exécutait minutieusement toutes les actions nécessaire à son hygiène -même si elle avait survécu sans ça, elle n’en voyait pas tellement la nécessité- avant de vivement tourner la tête vers la porte. Un bruit. Un grand bruit. Puis un silence. Puis une voix.
Sa voix. Il avait mis du temps à revenir. Sourire inconscient déchirant en deux son visage, la demoiselle ne répondit pas. Silence de mort, elle abaissa les yeux vers le sac plastique qui servait de poubelle et s’accroupit pour le fouiller. Après quelques secondes de recherches, toujours dans le plus grand des calmes, la sauvage sortit un bout du miroir brisé, pointu et tranchant à son bout. L’autre monstre venait-il terminer le sale boulot ? Ou cherchait-il simplement à se refaire planter ? Question laissée en suspens, lentement, Lina déboucha l’évier pour faire disparaître tout le liquide puis tourna la poignée de la porte pour l’ouvrir en grand. Le couloir était sombre. La faible lumière qui jaillissait de la salle de bain peinait à illuminer le corps de l’intrus, qui était simplement debout, à l’opposé d’elle, armé et … Clairement dangereux. Un pas, puis un second. Et elle s’arrêta. La longueur du couloir était désormais l’unique barrière. Réaction de son corps face au contraste de température entre la maison et la salle d’eau, un frisson désagréable lui parcourut l’échine. Il faisait froid. Surtout à cette période de l’année et en petite tenue. Après tout, elle ne s’attendait pas à de la visite. À moins que ce frisson n’avait été causé par son regard mauvais se posant sur sa chair dénudée. “Nic-cky.” Répondit-elle finalement, la tête légèrement relevée pour pouvoir l’observer dans les yeux. Il était plus grand, bien plus grand qu’elle. Mais la taille n’avait rien à voir avec la force, ni même avec l’issue d’un combat à mort. David et Goliath en étaient le parfait exemple. Main se resserrant sur l’éclat de verre qui lui servait d’arme, une goutte de son liquide vital perla jusqu’au sol. “Pourq-quoi tu es ici ? C-C’est pour me r-r-rendre ma lance j’esp-père ?” Premier semblant de blague depuis des années, finalement vivre dans une communité n’était pas si mauvais.
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Surprise que l'on peut lire sur ton visage. Oh surprise douce et amère. Et pourtant tu ne trouves pas d'amertume entre vous, tu trouves juste de l'amusement là où il ne devrait pas en avoir. T'es un monstre, apprend à t'amuser à l'aide de choses qui ne sont pas amusante. C'est toi qui te retrouves face à une jeune femme que tu as simplement croisé dans les bois, à moitié déshabillée. Tu portes des vêtements toi pour ta part. T'es habillé de quelques couches, t'as quelque chose en plus. Peut-être que c'est aussi la façon dont ton regard est habillé. De parures, de filtres pour les agissements et les comportements. Ton comportement est pourtant si éloigné du sien et pourtant t'aime chaque situation, chaque geste et chaque émotion.
Ta main sur le manche se resserre, mais pas pour t'en servir, juste pour qu'elle ne vienne pas heurter le sol sous le coup de la surprise. Surprise douce et à la fois au goût amer. T'es déçu qu'elle ne t'ai pas sauté dessus, qu'elle n'ai pas tenté de t'égorger d'un simple geste. Un sourire sur ton visage, sombre et qui annonce la couleur d'une situation que personne ne pourrait décrire. Tu ne parles pas, pas tout de suite, parce que tu prends le temps de détailler chaque partie de son corps, t'apprends les cicatrices et les bleus là où toi aussi tu peux en retrouver. T'en as certaines qui datent de la prison, d'autres qui remontent de ton temps en temps que dealer, bon dieu, des souvenirs aussi étranges les uns que les autres.
"Je ne viens pas te tuer avec si c'est ce dont tu as peur." Parce que si t'observes bien, tu te rends compte qu'elle aussi elle est armée, un morceau de verre au creux de sa main. T'es plus déçu, heureux de voir de quelle manière elle peut se défendre. Tu fais passer doucement la lance dans l'autre main, histoire de ne pas effrayer l'animal sauvage, le prédateur ou la proie, pas encore sûr de qui joue qui dans votre petit monde. "J'aurais du la garder, pour montrer que j'ai survécu à une attaque." Tu recommences, frontalement, comme à ton habitude. Même si tu es bon, bon pour planter des lames dans le dos des autres, tu es bon pour savoir comment pousser les boutons des uns et des autres. Là tu sais, tu l'as bien vu s'énerver une première fois, encore trop inexpérimentée pour savoir que tu lui tends un piège.
Tu souris doucement, encore une fois. Tu sais pas ce qu'elle va répondre pour le moment, tu la regardes encore, te demande certainement pourquoi elle se promène dans un tel accoutrement. Mais tu rentres dans sa vie privée, sa bulle. Humaine comme une autre, elle a beau être différente, des codes sociaux qui ne sont pas collés au fond de son crâne, tu la regardes et tu penses savoir pourquoi elle se tient ainsi debout. "Et toi tu veux finir le travail?" Un regard simple, un ton neutre, ne met pas toutes tes cartes sur le tapis, préfère rester neutre, qu'elle ne puisse essayer de te lire comme tu le fais déjà. Fatiguant, attachant, plein de descriptif dans la bouche d'autrui que t'aurais peut-être envie d'entendre dans la sienne. Mais la sienne ne s'ouvre que très peu, pour dire les choses qui lui semblent importantes. Alors quelle est ta place au sein de cet esprit que tu n'arrives que très peu à lire. Les autres sont ennuyeux. Mais elle, elle est spéciale. Pourtant pas un 'monstre' tu te souviens de cette fameuse saute d'humeur, presque envie d'en assister à une autre.
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Ses phalanges venaient de se resserrer sur la lance. Instinct de survie se déclenchant instantanément, ses muscles se tendirent rapidement, pour se tenir prêts à éviter une quelconque attaque. Qui ne vint jamais. Cerveau travaillant sans relâche dans son crâne, iris océans le fixant sans relâche, elle ne comprenait pas. Elle ne le comprenait pas. Pas comme lorsqu'elle ne comprenait pas les normes sociales ou les habitudes des occupants de cette maison, non. Elle ne comprenait pas son but. Son objectif. Que cherchait-il à faire en faisant ça, en jouant avec ses réflexes et ses réactions ? À simplement la regarder et l'observer comme si elle n'était qu'un putain d'animal en cage ? Elle détestait ça. Elle haïssait ça. L'envie meurtrière et violente de lui trancher la trachée vint secouer son bras, dont le bout était déjà en sang. Le sien. Le verre l'avait déjà bien entaillé la chair. Mais elle s'en fichait royalement. Ses premières paroles ne la firent pas bouger d'un poil. Ses yeux étaient restés plantés dans les siens, prédatrice jugeant et jaugeant sa proie, elle attendait simplement le bon moment. Peut-être ne souhaitait-il pas la tuer, soit. Cela ne l'empêchait pas à elle de le faire si besoin. Arme changeant de main, Lina se détendit le temps d'un instant. De ce qu'elle avait compris, ce n'était pas sa main habituelle. S'il tentait de l'embrocher, il la raterait à coup sûr. Tant mieux. La suite cependant ...
Phalanges se resserrant sur l'éclat tranchant, sang coulant le long de son membre pour s'échouer au sol, elle se rapprocha. Elle ne l'avait pas attaqué. Elle avait été attaqué et avait simplement répliqué. Comme à l'orphelinat. Elle n'était pas responsable, pas responsable. Ce n'était pas sa faute, mais la sienne, à lui seul. Dents se montrant, telle une chienne enragée, ses yeux traduisaient toute la violence qui s'imaginait dans sa tête. Pieds s'avançant seuls, la distance entre leurs deux corps avait déjà réduit de moitié. Son sourire ... La sauvage voulait lui arracher ses lèvres pour l'empêcher de continuer, lui couper la langue pour le faire taire à jamais ... Et puis il termina. Finir le travail ? Finir ... Le tuer ? Arrêtée dans son élan, à un simple pas de lui, la demoiselle leva la tête pour le regarder dans les yeux. Non. Non, non, non et non. Elle ne voulait pas faire ça, n'est-ce pas ? Les monstres tuaient. Les autres se défendaient seulement. Elle s'était défendue face à lui et s'il recommençait à l'attaquer -physiquement comme verbalement-, elle terminerait effectivement le travail. Mais ce n'était pas son intention pour l'instant ... N'est-ce pas ? L'imitant, elle passa son arme dans l'autre main avant de regarder celle en sang. Il y en avait beaucoup. Un dernier pas en avant et elle colla ses phalanges couvertes d'hémoglobines contre le haut de l'intrus. Marquage de territoire, preuve de propriété et ... De dominance. Elle le dominait, malgré sa très grande taille. "Non." Répondit-elle simplement avant de décoller sa main. "T'es f-faible. Pas à ma haut-teur. Pas d'intérêt à te t-t-tuer. Trop s-s-simple." Et elle passa à côté de lui pour retourner dans sa chambre, le poussant légèrement sur le côté.
Son refuge était très simple. Un lit, une sorte de bureau où ses lances et son couteau étaient disposés et des tas de vêtements à gauche et à droite. Et une trousse de pharmacie. Trousse qu'elle s'empressa de récupérer et ouvrir. A l'intérieur, du désinfectant et des bandages. De quoi soigner sa main même si elle ne sentait rien. Elle jeta un oeil à Nicky avant de se remettre à l'ignorer et sortir le matériel médical. Il pouvait vadrouiller la maison, voler des choses, briser des trucs qu'elle ne ferait rien. Sauf si c'était sur son territoire, son refuge, sa chambre. Égoïste n'ayant pas eu le choix de le devenir, sa survie primait sur celle des autres habitants de l'endroit. Et donc par conséquent sur leurs affaires. Ce n'était pas sa faute que personne ne savait installer de loquet pour fermer les portes à clé.
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Un pas qu'elle fait en ta direction, tu suis du regard les gouttes de sang qui tombent sur le sol. L'odeur te prends le nez une nouvelle fois, prête à te faire tourner la tête. T'as un petit souvenir, te dis que si tu veux encore planer il te suffit d'aller faire un tour chez les magiciens. Mais reconcentre toi Nicky, la jeune femme qui hante ton esprit est juste devant toi, prête à te bouffer l'intérieur dès qu'elle veut. Et elle grogne, animal, le son a ce petit quelque chose de rassurant, réconfortant et comme un amer goût de chez soi. Bordel Nicky, t'as la tête pleine de rêves ou de cauchemars? Tu saurais dire si elle est pour toi l'un ou l'autre. Peut-être pourrait-elle être les deux? Peut-être que tu auras cette sensation dans ta poitrine un long moment.
Garde ce sourire, refuse de le faire tomber. Monstre qu'elle est, monstre que vous être, un et deux, ensemble. Mais enfin, elle ne l'est pas qu'elle répète encore et encore. Tu l'entends une nouvelle fois lorsqu'elle le prononce. Mais tu sens le sang qui s'écoule de sa main, t'entends la façon dont sa respiration est calme, comme si elle n'était pas déphasé parce qu'il se passait. Qui fait ça? Qui fait ça en temps que personne normale? Oh tu ne l'es pas. Oh elle ne l'est pas. Une personne normale. Tu n'aimerais même pas. T'as d'autres rêves.
Sa phrase te fait rire, hausse un sourcil à son attention. Non? Non tu ne mérites pas qu'elle te plante avec un couteau? Non tu ne mérites pas la mort? C'est presque ironique à entendre et lorsque tu ris tu c'est assez amer comme situation, parce que si tu mérites de mourir c'est bien par la main de quelqu'un qui est comme toi non? Tu mérites qu'elle s'occupe de toi de cette façon? Et lorsqu'elle te passe devant comme si tu n'existait pas, tu restes silencieux, tu es juste témoin de ta situation. Déteste là, une haine profonde que t'as envie de pousser au travers de sa gorge pour la voir disparaître.
Tu la suis, silencieusement, un regard qui ne disparaît pas. Tu la suis, sûr de toi, sûr que la suivre est la chose à faire. Tu sais quoi, après quelques secondes tu viens poser la lance contre la rambarde puis tu continues avant de venir te poster devant elle. Juste devant elle. Un regard fixe. T'apprécie les gestes, t'apprécie la technique. Un silence sur tes lèvres, parler n'est pas utile, tu la regarde simplement. "T'as peur?" Un silence qui accueille tes paroles, parce que tu sais qu'elle a ce petit temps de réflexion, qu'elle aime à réfléchir, qu'elle a du mal à parler peut-être. Un petit sourire encore, encore plus de provocation pour le plaisir de tes beaux yeux. "Lina, t'as peur de quoi?" Est-ce que t'es sûr de ta question, est-ce qu'elle va té répondre quelque chose que tu n'as pas envie d'entendre? Bien évidemment.
Un regard toujours fixe, tu viens poser ta tête sur tes deux mains, tu viens simplement lui offrir un doux sourire, un doux regard, une tranquillité d'esprit que vous ne partager pas oh oh. "Est-ce que tu aurais peur de moi Lina?" Alors que tu l'entends dire que non, alors que tu l'entends dire que tu ne l'équivaut pas. Mensonge de sa triste vie, tu sais la vérité toi, tu sais ce que tu vaux. Et t'es presque sûr de savoir qui elle est aussi. Une respiration douce, la tienne. T'es pas sûr de ce qu'elle te permet, mais pourtant tu fais un pas dans sa chambre dont tu as précédemment ouvert la porte, un regard autour, regarde, observe. "Et tu penses que ton chez toi n'est pas... Sauvage?" Un léger rire, arrête de rire monstre, arrête de se foutre d'elle qui pourrai avoir une vie, un quelque chose de normal. Loin de toi et pourtant t'es là, dans son espace vital.
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Esprit occupé à penser les plaies qu'elle avait elle-même causé, éclats de verre encore enfoncé dans sa peau extrêmement cicatrisée, la sauvageonne ne répondit pas aux questions de son interlocuteur. Il ne l'intéressait guère, du moins pour l'instant, à lui poser des questions inutiles et presque enfantines sur ses peurs. Lina s'en fichait complètement. Bandage enroulé dans le creux de sa main, elle coupa avec ses dents la gaze puis rangea le matériel médical dans la trousse prévu à cet effet. "De r-rien." Réponse murmurée, mensonge pourtant évident, tout le monde avait peur de quelque chose. Et elle aussi. De qui, de quoi, elle ne le prononcerait surement jamais, nom scellé sous ses lippes, secret à garder jusqu'à la fin de sa vie. Horrible énergumène, coupable des épreuves que la demoiselle avait dû traverser pour simplement survivre à la vie, il reposait six pieds sous-terre mais ça, Lina ne le savait pas. Mais ce n'était pas tout. Sa survie avait été la seule raison qui l'avait poussé à avancer, la peur de la mort, la peur de disparaître, la peur de sentir son souffle la quitter, la peur d'y passer. C'était ça qu'elle redoutait le plus au monde. Mais pourtant, elle permettait à un fou d'entrer chez elle sans rien y redire. Nouvelle question ignorée, la petite venait de dire que rien ne la terrorisait alors pourquoi essayait-il d'obtenir la moindre réaction ? Elle ne sourcillait même pas.
Jusqu'à ce qu'il fasse un pas. Dans sa chambre. Corps tourné à 180°, yeux perçants focalisés sur lui, l'homme n'avait même plus son arme mais venait de fouler son territoire. Poil se hérissant presque, son regard se fit menaçant tandis que l'intrus la traitait indirectement de sauvage tout en riant. Elle voulait lui arracher la langue, les cordes vocales, tout. Main toujours blessée venant récupérer fermement le bout de verre, allant jusqu'à pratiquement déchirer le bandage de fortune à peine terminé, Lina resta silencieuse. Longtemps. Très longtemps. Ses muscles lui hurlaient de lui bondir dessus, il ne pouvait pas esquiver une attaque aussi rapide. Néanmoins elle resta sage, se répéta en boucle dans son esprit les règles d'Alexeï et résista à sa soif de sang. "T-t-tu veux q-q-quoi ?" Griffes de sa main libre dévoilées, ses ongles s'enfoncèrent dans sa propre cuisse pour éviter de faire la moindre bêtise. Lutter contre sa véritable nature était difficile, douloureux même. Elle venait de se trouer la peau de la cuisse sans même s'en rendre compte. Lina se releva alors. "Pas peur de toi et pas une s-s-sauvage bord-del !" Paroles criées suivit d'un hoquet de rage. Consciente de son environnement, elle s'imaginait le tuer de mille et une façons différentes puis le dépecer comme un vulgaire animal. Ce qu'il était, au final. Un pas dans sa direction, poignard brandit, muscles tendus et animés par la haine. "Quoi tu cher-c-c-ches au juste ?! M'énerv-ver ? Trop f-f-faible pour que je m'én-n-nerve vraiment." Arme baissée. Elle ne savait pas quoi dire ni quoi faire de plus. On lui avait dit d'essayer d'être plus normale, elle s'efforçait d'essayer, de braver ses propres limites et de ne pas écouter ses instincts primaires. C'était difficile. Nicky ne lui rendait pas la tâche facile. C'était même l'inverse. C'était comme s'il poussait son côté animal, essayait de le faire ressortir au maximum. Peut-être qu'il n'avait pas tort d'essayer.
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Tu viens lever les mains au ciel, montre la du doigt, impoli comme tu es, pas de surprise Nicky, toi aussi t'as été élevé à la petite cuillère. "Alors pourquoi tu continue à agir comme ça?" Parce que tu sens que bizarrement, toi qui est pourtant ne parle pas. Tu le sens au fond de ta gorge, que tu vas balancer quelque chose. Tu te souviens comment tu avais surpris tout le monde, comment t'avais pris la parole pour paraître aussi creepy que ce que tu étais vraiment. Qui sait, il y a de grands risques que ça arrive encore maintenant, dans l'immédiat. T'as encore besoin de quelques secondes pour reprendre tes esprits, pour que le sang ne te monte pas à la tête, pour que tu ne lui sautes pas dessus maintenant. Mais ton but ne serait pas de la buter, oh tu ne ferai pas ça pour l'avoir au milieu dune marre de sang, tu la voudrais simplement pour... L'image n'est pas encore des plus claire dans tes esprits.
"Tu t'es ouvert la main, tu t'es recousue sans anesthésie et tu tiens encore le morceau de verre serré comme si de rien n'était maintenant." Tu secoues la tête, comme pour faire mine que tu es réellement peiné par ce qui t'arrives, par ce qui lui arrive. "Les gens normaux ne font pas ça Lina." Mais toi tu fais ça, mais Lina fait ça, peut-être que ça veut dire quelque chose sur toi et sur elle. Elle ne veut juste pas encore le voir.
Et tu tentes le diable, tu fais un pas en lui présentant tes mains, présente toi comme l'âme faible, parce que tu l'es ici. "Lina, il n'y a rien de mal à être comme tu es." Parce qu'il faut reconnaître qu'être comme toutes ces âmes qui font les grandes dehors, qui marchent en faisant mine que tout est normal, que leur crime est regrettable, toutes ces âmes elles te font rire. T'as le talent, t'as le pouvoir d'être différent. "Je veux pas te faire peur!" Que tu cris à ton tour, bordel, c'est bon, t'as le droit d'être de la même façon toi. Parce que le pire dans ta situation c'est que tu y crois, t'es pas là pour lui faire peur. Même toi tu es pris de court, le doute doit se lire quelque peu sur ton regard. "Je ne veux pas te faire de mal non plus." Ta simple présence est un mal Nicky, certains se rendent compte de ça trop tard malheureusement, mais toi tu crois en ce que tu dis, t'es là pour l'aider. "Je veux juste que tu comprennes que l'on peut exister en étant différent de tous ces autres." Alors tu la fermes finalement, remet les mains dans tes poches et plante ton regard sur le sien. T'as envie de tendre la main, t'as envie de la toucher, t'en as envie. Alors tu tends la main vers la sienne. Tu tends la main et tu enserre la sienne. Le morceau de verre qui coupe dans ta chaire comme dans la sienne.
Respire, respire cette douce odeur, tes pupilles se dilatent. Ton visage est vachement près du sien T'aimes la proximité, t'aimes pouvoir la regarder sans parler. Maintenant, juste maintenant, à quelques centimètres à peine de la douceur de ses traits.
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Résonance dans son esprit, mots se répercutants longuement entre ses deux oreilles, si bien que la gamine avait oublié de répondre à la question de l'intrus. Pourquoi continuait-elle d'agir de la sorte ? La réponse était simple. C'était ce qu'elle voulait, au fin fond d'elle. Ne pas changer, ne pas se plier aux règles de la société et encore moins à celles d'Alexeï. Les évènements, les tragédies, l'Enfer de sa vie l'avait forgé, elle-même avait fini par accepter qui elle était devenue. Alors pourquoi revenir en arrière ? Lina était forte, Lina était déterminée, Lina n'avait peur de rien ni de personne mis à part la mort. Elle n'avait foi en rien, confiance en personne, solitaire pour toujours, ce mode de vie lui convenait parfaitement. Paupières se fermant pour se réouvrir quelques secondes plus tard, océan bleu se dévoilant puis perçant les prunelles de son semblable, la Sauvageonne ne répliqua pas. Son regard meurtrier voulait tout dire : elle agissait de la sorte car son instinct lui disait de le faire.
Mots supplémentaires, ses paroles ne manquaient pas de sens. Les personnes normales ne faisaient effectivement pas ça. Personne ne laissaient entrer d'inconnus dans leurs maisons non plus sans réagir comme elle le faisait actuellement. Si jamais un autre occupant débarquait à ce moment là ... Nicky lui répéta alors l'évidence, ce à quoi elle répondit simplement. "Je sais ... Je sais." Pas de bégaiement, son corps entier comprenait à la gravité de ses mots, de ses paroles, de ses pensées. Instinct bien plus fort que tout, ce même instinct l'avait sorti de nombreuses situations, c'était à lui qu'elle devait sa survie. Il s'agissait là de l'unique chose en quoi la Norvégienne avait confiance. Il ne se trompait jamais. Et, pour une certaine raison, il le crût lorsque l'homme dit ne pas vouloir lui faire peur ni la blesser. Dernière phrase qui l'atteignit en plein coeur. Peut-être que, quelque part, cet inconnu rencontré au beau milieu de la forêt le comprenait mieux que quiconque. Nicky avait avancé et la demoiselle n'avait pas réagi. Pas de frisson, pas d'appréhension. Pas de la confiance non plus mais ... Une tolérance. Oui, voilà. Elle tolérait sa présence. La main du mâle vint alors se joindre à la sienne, le verre s'enfonça dans leurs chairs mais pas de réaction. Une simple fascination pour sa témérité et son, quelque part, courage. D'ici, Lina pouvait le tuer en un claquement de doigt, mais choisit de ne pas le faire pour à la place détailler son visage. "Je le c-c-comprends, Nic-cky. Je veux p-p-pas non plus te t-t-t-tuer. Pour l'instant." Elle dégagea vivement sa main puis lâcha le morceau de verre pour le laisser s'exploser au sol avant de reculer, ignorer sa main en sang et aller s'asseoir sur son lit. Après quelques secondes elle se laissa tomber en arrière et observa longuement le plafond. Quelques minutes plus tôt elle voulait absolument sortir chasser. Néanmoins, désormais, maintenant que la compagnie de cet homme ne la dérangeait plus, elle avait réussi à réprimer cette envie. "P-p-pourquoi tu es venu ici ? Juste p-p-pour me dire ça ?" Elle ne le regardait pas. Elle ne le faisait jamais après tout.
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Elle le sait. T'as rarement été aussi heureux d'entendre certains mots. Heureux. Un bien grand mot, t'es content de voir que cette situation avance pas à pas. Que plus tu parles plus tu lui rentres sous la peau. C'est ce que tu veux. Qu'elle comprenne que tu es là, que tu vas certainement être là pendant un long moment, que tu n'as pas envie de quitter ses côtés, que la douce odeur de son sang te berces certainement la nuit lorsque tu es seul à penser. Tu penses à elle peut-être.
Mais tes espoirs sont vains lorsqu'elle se détache, t'entends le morceau tomber par terre et t'as besoin de quelques instants. L'odeur est trop forte, ramène la main à ton visage. Quelques instants les yeux fermés où tu sens la douce odeur âcre de ton propre sang, quoique tu préfères la sienne. T'as toujours été étrange, toujours à vouloir faire des dessins de cette couleur pourpre. Tu te souviens de ce dessin d'enfance, des traits que tu avais fait sur ton visage, guerrier de pacotille heureux d'avoir l’hémoglobine sur le sang, vainqueur de sa propre survie.
Un doux rire, s'échappe de tes lèvres pour s'écraser au plafond. "Pour l'instant." Parce que t'avais lu su son visage l'envie de te faire sauter les yeux, te faire sauter les dents, t'avais aimé chaque seconde du frisson. "J'aime le danger." Appuie ton regard sur la douce silhouette allongée sur le lit. Toi t'as refusé de bouger, toujours debout à... regarder. Fidèle aventure qui est la tienne, fidèle manie horripilante qui donne aux hommes l'envie de te voir disparaître. Mais tu es plus rapide, plus malin, fais les disparaître, toi.
Tu passes doucement une main dans tes cheveux, le temps de te reconcentrer, de trouver une réponse convenable à sa question. "Tu m'intrigues Lina." Un regard qui la survole, qui échoue sur le morceau de verre, tu fais une pause, réfléchis à ce que tu pourrais lui dire, la froisser ou pas n'est pas un grand désir. "Tu m'attires." Et ces sensations n'existent plus depuis longtemps, tu ne crois plus en l'attirance, tu crois au jeu. Mais elle semble pourtant si différente de tes jeux communs. Alors tu te penches, t'attrapes ce morceau sur le sol avant de faire un pas vers elle. "Avant j'aurais bien regarder moi-même la couleur de ton sang, mais tu ne cesse de l'offrir à moi." Parce que son odeur est exquise, parce qu'elle promet des doux rêves et de douces chaleurs. Tu secoues la tête, un regard presque vitreux. "C'est inexplicable." T'es alarmant, elle pourrait te tacler mais tu ne veux pas lui faire du mal, tu vas la ruiner mais sans lui faire du mal.
Alors tu laisses tomber le morceau de verre à ses côtés, qu'elle puisse t'attaquer si elle le désire, vient caler ton visage comme seul vision de son regard. "Je suis venu pour toi Lina. Seulement pour ça." Dans la bouche d'un autre les mots auraient pu être romantiques, ils auraient pu faire plaisir, comme apporter un vent de chaleur. Peut-être que Lina ressent de la chaleur, mais elle ne comprend certainement pas tout ce que tu essaies de faire, alors tu lui tends la main, en l'attente de savoir si elle veut la saisir, si elle veut rentrer dans ton jeu, si elle veut cette... danse dans ton monde. T'aimerais lui montrer comment les choses sont plus simples lorsqu'on les prends sous ta vision. Tu te fous du monde entier, tu vis dans le tien, l'unique qui porte de l'intérêt. Tu regardes la pluie tomber, les gens s'activer et t'observes, silencieux et meurtrier.
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Âme impure étendue sur un drap de lin blanc, salit par la couleur de son propre sang se déversant lentement, douleur et curiosité ne formaient plus qu'un. Regard glacial plongé dans celui de l'intrus, attention totalement focalisée sur sa personne, le monde autour d'eux n'existaient plus. Intérêt devenant doucement morbide, une danse sanglante et dangereuse avait débuté il y a quelques jours de cela dans la forêt. Corps et esprits aimantés, aucun des deux ne pouvaient se dérober. Le diable était entré dans cette valse effrayante, mais quel était son déguisement ? Celui d'une sauvage, ou celui d'un monstre ? Peur transformée, Lina détaillait ses lippes lorsque ce dernier lui répondait. Lèvres d'une enflure, monstruosité pourtant déjà révélée, elle avait fini par comprendre qui il était réellement. Néanmoins, douce jeunette satisfaite de sa réponse, presque flattée si elle savait ce que c'était, la curiosité envers l'un l'autre était l'unique chose qui les empêchaient de s'entre-tuer. Nicky aussi souhaitait la découvrir d'après ses dires. Puis il énonça quelque chose qui fit tiquer la demoiselle. Elle l'attirait ? Que voulait-il lui sous-entendre par là ? Elle ne comprenait pas. "... Hein ?" Tête inclinée, elle lui demandait des explications. Apparemment cette ... Attirance proviendrait de son sang. De son sang hein ? Provocatrice, le visage n'exprimant aucune émotion, elle passa ses phalanges sur sa cuisse déchirée pour étaler ses hémoglobines sur sa peau tout en guettant les réactions de l'homme en face. Si le sang l'attirait à ce point, elle était certainement celle qui lui en donnerait le plus. Dans tous les sens du terme.
Féline couchée sur son trône, la menace du bout de verre ne lui fit plus rien. Ce n'était pas une question de confiance. Du moins, pas en lui. Mais en elle-même. Elle se pensait toujours largement supérieure à lui, au point de pouvoir résister et encaisser la moindre attaque. Elle restait drôlement dure, même avec ses blessures. Eclat volant jusqu'à ses côtés, ses phalanges passèrent sur la lame ensanglantée quelques instants avant de l'empoigner sans bouger. Juste pour garder le pouvoir, pour garder les choses sous contrôle. Si elle devait l'égorger, ce serait avec ça. Et non avec ses ongles ni ses dents. Visage proche du sien, la demoiselle soutenu son regard envers et contre tout sans cligner des yeux. Statue de pierre au coeur presque similaire, elle ne respira que le stricte nécessaire pour ne pas s'évanouir. Elle était immobile. Puis Nicky avoua la raison de sa venue. Pour elle et seulement pour ça. Sourire peinant à se dessiner sur le coin de ses lèvres, pas d'autre réaction. Main se tendant, main attrapée sans même regarder. Mais avant quoi que ce soit, elle s'élança sur le côté pour le renverser et inverser les rapports de force. Habile, agile et forte, ce ne fut pas difficile de le soumettre à sa volonté -de plus il ne semblait pas réellement s'y opposer ...- . En califourchon sur lui, lame toujours dans la main, elle la fit tournoyer entre ses doigts tout en continuer de le regarder. "Ok-k." Paume venant essuyer la commissure de ses lippes, la salive fut remplacée par son liquide vital qui continuait de perler. "M-montre moi t-t-tout alors, Nick-ky."
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Les frissons sont de plus violents, de plus en plus incontrôlables. Peut-être que c'est son regard, certainement l'odeur aigre dans l'air. Tu ne sais pas dire ce qui te met dans de tels états mais tu sais que c'est elle et uniquement elle. L'odeur dans ton nez, ferme les yeux, respire, prends conscience que peut-être elle n'est pas aussi innocence que ce qu'elle laissait penser et bon ce que tu peux être excité par l'idée. Ce n'est même pas un désir purement sexuel, c'est autre chose, plus profond, comme si entre elle et toi les choses avaient consistance depuis le début, comme si vous vous deviez d'exister l'un pour l'autre. Quelqu'un verrais ici quelque chose d'amoureux, toi tu sais que c'est pervers, que c'est cet esprit de calcul qui te permet d'être comme ça.
Les mots s'échappent de ta gorge, elle retire de ton corps tout le self-control que tu te bat pour avoir en permanence, le sang sur sa cuisse qui appelle ta langue, l'envie de voir les sensations que tu pourrais tirer de son corps. Mais les sensations elles viennent d'elle, lorsqu'elle se retrouve à califourchon sur toi. Un rire s'échappe de tes lèvres, souvenirs d'une ancienne amante qui avait finit tes mains autour de son cou, à serrer pour que toute once de vie s'échappe. Elle est dangereuse et tu le sais, tu le sais depuis que tu l'as vu dans cette forêt, mais qu'est-ce que tu t'en fous, qu'est-ce que t'as plaisir à l'avoir sur toi.
Un rire, lorsque c'est elle qui vient prononcer ces quelques mots, t'apprécie son courage même si tu penses qu'elle ne sait pas tout ce que tu as envie de lui faire. Elle qui a son corps pressé contre le tien, elle doit sentir à quel point ses agissements te mettent en émoi. Et tu la regardes, tu la regardes encore et encore quand ces mains jouent sur ces lèvres. "Tu joues un jeu dangereux Lina." Parce que ce sont les dernières paroles logiques qui peuvent échapper tes lèvres avant que tu redresses ton corps, doucement, ne fais pas fuir l'animal sauvage.
Tu redresses ton corps, que vos deux visages soient proches l'un de l'autre. T'aimerais venir lécher directement le visage de la jeune fille mais tu sais qu'elle ne s'attend pas à un tel geste, alors tu viens poser tes lèvres contre les siennes. D'abord un geste doux, simple, qui est fait pour la mettre en confiance. D'abord tes mains qui sont contre ton propre corps, qui ne quittent pas le matelas. Mais les voilà presque partout maintenant, autour de la taille de la jeune femme, autour de sa nuque, pour ne pas la laisser s'échapper. Peut-être que tu es le prédateur, peut-être que tu es la proie, tu ne sais pas ta position dans cette situation, tu t'en fous, t'as juste envie de la dévorer toute entière. Une main qui enserre la nuque, pas pour lui faire mal, pour lui faire comprendre que t'es là. Certainement l'odeur du sang qui te pousse à être comme ça, folie qui est dans ta tête depuis le premier jour, pourtant le regard dans tes yeux qui refusent de se fermer pour ne pas perdre un morceau du spectacle que représente la jeune femme. Oh que tu es heureux d'être ici maintenant. Peut-être que c'est ta fin.
« don't worry about a thing, cause every little things gonna be alright »
Elle le sentait. Réaction humaine masculine située sous son corps, entre ses cuisses. Lieu interdit, endroit qu'elle ne comptait pas dévoiler. La sauvage savait de quoi il s'agissait. Pas d'une quelconque lance ou lame dissimulée, mais bel et bien autre chose. Elle en jouait, inconsciemment. Mouvements de bassin discrets mais présents, les sensations procurées lui plaisait. Seule, la demoiselle n'avait jamais rien essayé, pas assez curieuse envers son propre corps pour ça. Néanmoins, désormais, pas moyen de s'en empêcher. Jeu dangereux lancé d'après ses mots, il n'en était rien pour elle. Lina voulait qu'on lui montre, Lina voulait qu'on lui apprenne. Elève indisciplinée face à son professeur soumis à sa propre volonté, la sauvageonne restait tout de même la chasseuse et lui, la proie. Du moins, c'était ce qu'elle pensait avant que leurs lèvres ne se collent et que ses pattes ne l'emprisonnent dans cette position. Pas moyen de fuir, pas moyen d'éviter, pas moyen de reculer. Impossible à dompter, la demoiselle commença à gigoter pour se libérer, sans pour autant essayer de séparer leurs lippes. Nan. Il y avait quelque chose. A l'époque de l'orphelinat, d'autres adolescentes lui avaient parlé de tout ça, de ce que cela pouvait vouloir dire. Une sorte de lien, quelque chose qu'ils nommaient l'amour. Mais Lina n'était pas stupide, loin de là. Les descriptions qu'elle avait entendu de cette chose étaient belles, féériques, le genre de trucs qui n'existaient pas dans sa vie. Alors elle se doutait, elle savait pertinemment, que ce n'était pas si pur, si niais. Mais elle s'en fichait. Complètement. C'était sa façon de vivre, avec les autres et seule. Alors elle continuait de l'embrasser puis, avec assez d'effort, réussi à s'échapper de son emprise.
Demoiselle redressée, désormais debout, les pieds de part et d'autre de son ventre, elle l'observa quelques secondes avant de retirer l'unique bout de tissu qui cachait sa poitrine à peine développée. Elle ne savait pas quoi faire. Et comptait sur le fait que l'homme s'occupe d'elle, lui indique quoi faire. Sans quoi elle ne ferait simplement rien. Prunelles glaciales posées sur ce bout de chair dégoulinant de liquide âcre. Elle le savait attiré. Phalanges glissées sur sa blessure, légère crispation à la douleur, ses doigts laissèrent sur leur sillage une belle couleur rouge, de sa cuisse, en passant sur son bas-ventre et sa poitrine, jusqu'à son visage. Guerrière avec peinture de guerre, dominante au-dessus du dominé, elle leva l'un de ses pieds pour le poser sur son entrejambe. Là où elle l'avait senti. Et puis. Une légère pression sur sa jambe. Pas pour le blesser, non. Une façon d'étudier le terrain, de voir qu'est-ce qui pouvait le blesser, qu'est-ce qui pouvait lui plaire.