Peau écarlate caressée par une douce brise, vient de plus en plus se faire frapper par un vent qui commence à devenir violent. Fraîcheur, se pointe et semble vouloir être un peu cruelle. Pensées ailleurs, corps sur le sol Willow observe le monde sans bouger. Pour elle, le temps s'est arrêté. Son regard était perdu, sur le ciel, elle se brûlait presque la rétine avec les quelques rayons de soleils qui se présentaient encore derrière quelques nuages. Cigarette portée à ses lèvres, elle aspire cette fumée nocive pour ses poumons. Elle aspire cette vague chaude qui permet la maintenir au chaud. Son corps s'est légèrement mis à trembler, ses cheveux dansent avec le vent tandis que son regard descend sur les personnes qui pouvaient l'entourer. Willow est complètement perdue, elle vient seulement de retrouver ses esprits. Gamine qui ne sait plus où regarder, qui ne sait pas qui regarder. Tout le monde se presse autour d'elle, personne ne veut affronter ce vent violent. Elle remarque pas très loin d'elle, un garçon avait fait tomber un carnet. Les pages se sont misent à se tourner dans le sens du vent. Un réflexe soudain, Willow se lève en grognant légèrement. L'envie de bouger n'y était pas mais elle ne voulait pas laisser ce carnet seul, et n'avait pas envie que son propriétaire parte sans. Seulement celui-ci s'est mis à le chercher, il semble l'avoir senti tomber. Avant même qu'il ne le trouve, elle le ramasse. Carnet en main, sa curiosité se réveille. Son doigt bloquant le vent de faire tourner certaines pages. Des notes sont dessinées, Willow n'arrive pas à s'imaginer la mélodie en tête. De plus avec cette note en bas de page, elle s'est mise à penser que ce garçon-là savait peut-être composer des chansons. Garçon face à elle, elle fini par tendre son carnet. "Tiens..." qu'elle balance dans son anglais. Un peu honteuse d'avoir lu ce qu'il contenait, son regard fuit légèrement le sien. "Désolé, j'ai un peu regardé."

( Pando )
@Zoe MacCárthaigh

Y’a du vent ces derniers temps. C’est pas vraiment bon pour le business, puisque les parapluies de Zoe, aussi efficaces soient-ils contre la pluie ne font pas le poids contre le vent qui souffle aussi violemment. Plusieurs jeunes s’en sont pleins parce que leur parapluie s’est retrouvé retourné ou des trucs comme ça. Zoe trouve ça stupide. Île ou non, les parapluies se retournent face au vent. C’est pas ses parapluies particulièrement. C’est pour ça qu’il a refusé de rembourser quiconque le lui a demandé jusqu’ici. Le vent est si fort que c’est parfois difficile de marcher même. Zoe est pas bien lourd, et même s’il est loin de s’envoler, il sent parfois que son poids est pas suffisant pour faire totalement barrière au vent. Parfois, il recule, quand une bourrasque est particulièrement violente. Elle passe pourtant, au bout d’un moment. Mais il sait, Zoe alors, qu’un truc manque. Comme une impression. Une impression très désagréable.
Il fourre la main dans sa sacoche, qu’il a toujours avec lui, en sort d’abord son crayon, qu’il pose entre ses dents, puis cherche son carnet doucement d’abord, puis frénétiquement lorsqu’il ne le trouve pas. Il a dû être emporté dans la bourrasque. Mais Zoe pourtant regarde d’abord à ses pieds, pour vérifier, pour être sûr. Puis il cherchera l’île entière s’il le faut, mais il le retrouvera, son carnet. La peur au ventre que peut-être, il ait volé jusqu’à la falaise, qu’il soit tombé dans le vide, dans l’eau, et qu’il ne le retrouve jamais. Dans son carnet, toutes ses pensées, tous ses rêves, tous ses souvenirs. Dans son carnet la nouvelle musique qu’il est en train de composer pour Lea. Elle est pas terminée, et il est hors de question qu’il perde le carnet alors qu’elle est encore en cours de route. Il ne la jouera jamais, et elle ne sera probablement jamais jouée par personne, mais il ne peut pas la laisser incomplète.
La peur s’intensifie lorsqu’il se rend compte que non, le carnet n’est pas à ses pieds. Il se retourne et se retrouve face à une fille. Une jolie fille. Zoe pourrait la trouver à son goût si son goût n’était  pas porté sur les hommes. Dans ses mains, elle tient son carnet. Il le reconnaîtrait entre mille. Il est extrêmement partagé entre le fait de le lui arracher des mains (surtout lorsqu’elle lui dit qu’elle a regardé ce qu’il y avait dedans), ou la remercier et lui offrir une bénédiction éternelle parce qu’elle l’a retrouvé avant qu’il aille s’échouer dans l’eau. Il fait ni l’un ni l’autre finalement, décidant de juste tendre la main pour le récupérer. “Merci” qu’il lance, rapidement, et simplement. Il se dit que c’est tout, que ça suffit bien, qu’il est temps de repartir, mais finalement reste planté là. Elle a regardé à l’intérieur. Et Zoe est curieux de quelque chose. “Et t’as compris quelque chose ?” Il a pas vraiment rencontré personne avec qui parler musique sur cette île, et ça lui manque. Même apprendre le solfège à quelqu’un, il en serait capable. Parce que ça lui permettrait de parler de la musique, et peut-être, de faire comprendre à quelqu’un à quel point il souffre parfois, sans avoir à le lui dire.

( Pando )
@Willow Blackburn

Trop seule pour être méchante, la faiblesse montrée au monde. L'enfer se change en paradis lors de ses phases dépressives. Willow n'a pas la foi de critiquer, pas la tête à sortir son venin de vipère. La muse aurait pu observer le garçon chercher dans une certaine panique seulement la gentillesse prend le dessus. La peur que ce carnet perd son propriétaire lui ronge les pensées, elle n'aurait pas voulu perdre un carnet qui pouvait être important pour elle malgré que ce ne soit pas dans ses habitudes. La mémoire de Willow est rapide, c'est comme si elle avait pris une photo de la page, elle se souvient presque de chaque note qu'elle avait pu remarquer, de cette petite précision en bas de page. L'inconnu la remercie, la discussion est finie Willow le laisserait partir sans rien dire de plus. Toujours face à elle, Willow parvient à poser son regard sur le visage de ce garçon. Question inattendue, étonnement qui prend place sur le visage de la muse. “Euh…” elle fouille rapidement dans sa tête pour revoir cette image de cette page. “J'm'y connais pas tellement en note de musique. La seule chose que j'aurais pu comprendre c'est que c'est une chanson qui est dédiée à ta soeur.” Brunette liée à la musique et qui pourtant se fie seulement au son des notes et non à leur place sur des lignes. L'écriture d'une musique encore une langue inconnue. L'occasion de l'apprendre dans un conservatoire est perdue par son entrée en prison, par sa folie trop importante. “T'as une soeur sur l'île?” qu'elle ose demander, curieuse. Willow ne connaît pas la fraternité, enfant unique, gamine adoptée à la naissance. Elle n'a jamais ressenti cette haine mélangée à de l'amour, ce besoin de protéger l'un des siens. Solitude collée sur son front durant sa minable vie.

( Pando )
@Zoe MacCárthaigh

Y’a Miles avec qui il parle musique. Il fait même bien plus que parler musique avec Miles. Il lui enseigne les bases de ce qu’il sait. Il veut lui enseigner le plus de choses possibles. Miles écrit des chansons, mais d’une façon assez rudimentaire. Sans notes. Sans rien. Sans savoir vraiment ce qu’il fait. Mais il a de belles paroles. Des paroles d’amour principalement, et Zoe, ça lui inspire rien. Mais ça le fait sourire de se dire que peut-être, Miles a encore un peu l’âme d’un enfant qui peut tomber amoureux. Qu’importe. À part lui, y’a très peu de gens sur cette île qui sont capables de comprendre quelque chose à la musique. Et Zoe se prend à espérer, sans trop savoir pourquoi aujourd’hui plus qu’un autre jour, que cette jeune femme connaît et sait lire la musique sur portée. Mais il espère pas trop tout de même. Y’a peu de chances que ce soit le cas. Elle lui répond finalement par la négative. Elle s’y connaît pas trop, sans surprise. Elle a par contre compris que la musique était pour Lea. Zoe avait oublié mais il avait effectivement écrit en bas de page que c’était pour sa “soeur”. Il précise plus que Lea était pas seulement sa soeur mais sa jumelle. Il le précise plus parce que ça rend la chose encore plus douloureuse. Il ouvre le carnet à la dernière page qu’il a écrit et laisse un sourire s’échapper sur son visage. Un sourire triste. Si Lea était là, elle comprendrait probablement rien non plus à ce qu’il a gribouiller sur ce cahier. Personne peut comprendre.
Elle parle de nouveau, la femme, et Zoe relève les yeux vers elle en entendant sa voix, et les garde sur elle une fois qu’elle a fini de poser sa question. Une soeur sur l’île ? Qu’est-ce qu’il aimerait oui, que ce soit le cas. Il secoue négativement la tête. Il la regarde, le sourire triste qu’il avait quasiment effacé, il n’en reste qu’une trace sur le bord gauche de la lèvre qu’il a gardé légèrement relevé. “Elle est morte y’a quelques années, avant que j’arrive.” Il précise pas qu’il aurait pu la sauver. Il dit pas son prénom. Il dit pas non plus que c’était sa jumelle. Il veut pas lui dire tout ça parce que ça rendrait toutes ses choses réelles. Puis, il les a jamais réellement exprimées de cette façon là avant. Et il veut pas. Il a déjà assez mal au coeur comme ça.
En fait. Il a même carrément envie de vomir.

( Pando )
@Willow Blackburn

Douce voix qui murmure à l’oreille des gens pour les attirer dans ses filets. Douce voix qui devient affreuse lorsqu’il s’agit de chanter. La danse plutôt que le chant pour exprimer les émotions, c’était mieux pour elle. Ses gestes, ses pas qui suivent le rythme, l’émotion de la musique. Seulement c’est terminé maintenant, tout ça lui manque à Willow. Elle n’a plus cette même vision de la danse depuis qu’elle est devenue Terpischore, elle n’a plus ce même objectif à la fin de la chorée qu’elle a exercé. Elle n’exprime plus les émotions qui débordent en elle, elle n’a plus ce moyen qui lui permettait de se défouler lorsqu’un sentiment était beaucoup trop envahissant. Elle garde beaucoup pour elle, trop réservée sur son passé, sur sa vie. Même Clayton, son milicien disparu, ne savait pas grand chose sur son passé. Pourtant, Willow elle observe le monde, elle écoute les autres se plaindre de tout et n’importe quoi. C’est presque comme si c’était écrit allez-y racontez moi, j’vous écoutes. Malgré ses airs de connasses, de ce genre de fille qui porte un jugement, Willow est une fille bien. Sous les cendres de son coeur brûlé se trouve encore quelques morceaux qui ont résisté à cet incendie. La curiosité qui s’engage dans la discussion, la chimère pose des questions à ce garçon qu’elle ne connaît pourtant pas. Si elle avait un frère qui écrivait des chansons, elle aurait sûrement apprécié qu’il lui chante. Seulement, Willow elle a toujours été seul dans une fratrie inexistante. La gêne s’installe, la gorge qui se serre, Willow s’en veut d’avoir posé la question, lorsqu’elle entend sa réponse. Elle ne connaît pas ce sentiment, ce deuil pour une personne proche si ce n’est que l’abandon de son milicien. “Oh… euh… je…” elle sait plus quoi dire la muse, elle trouve pas les mots mais pourtant son regard remplit de tristesse, ce regard qui ne quitte pas celui du garçon parle pour elle. “Je suis désolée… est-ce que ça va?” d’un geste hésitant, elle pose sa main sur l’épaule de celui-ci. Elle cherche à savoir si elle n’avait pas trop touché la corde sensible. Elle laisse un blanc, le temps de laisser au garçon de digérer un peu le sujet de la conversation. “Et ta chanson, elle serait joyeuse dans le sens où tu racontes tes bons souvenirs avec elle? Ou…” elle n’ose pas finir sa phrase, pas trop envie de remuer trop fort le couteau dans la plaie.

( Pando )
@Zoe MacCárthaigh

Zoe, il a cette impression désagréable que son monde s’est arrêté de tourner quand sa soeur est morte. Et à chaque fois qu’il y pense, il a envie de chialer. Et à chaque fois qu’il en parler, il a envie de gerber. Mais il veut pas vomir comme ça, devant cette jeune femme qu’a rien demandé. Ou en tout cas, qu’a pas demandé à ce qu’il lui vomisse dessus. Il aurait préféré ne jamais à avoir à entamer cette discussion, avec personne. Il a pu penser brièvement que ça lui ferait du bien d’en parler. Il le regrette maintenant. C’est clairement pas le cas. En parler, c’est la pire des idées. Il s’arrête vite d’ailleurs, apporte pas plus de précision que nécessaire. Puis, à voir la tête de la fille face à lui, manifestement, elle avait pas vraiment envie d’avoir plus de détails non plus. Il est étonné qu’elle continue à le regarder. Nombreux sont ceux qui auraient baisser les yeux face à une révélation comme celle-ci. Mais elle le fait pas. Seulement, il voit son regard. Ses yeux sont tristes. Elle a de beaux yeux, lorsqu’ils sont tristes, comme ça. Il trouve ça fascinant d’y trouver de la tristesse, et pas de cette pitié qu’il déteste tant chez les gens. Il continue de la regarder, baissant pas les yeux au sol, les gardant fixés sur les siens. Elle dit qu’elle est désolée. Elle lui demande s’il va bien. Et qu’est-ce qu’il peut répondre à ça, Zoe ? Dire qu’il va bien serait un honteux mensonge, et dire qu’il va pas bien serait comme demander à ce qu’on s'apitoie sur son sort. Et il veut que personne s'apitoie sur son sort. Il essaye déjà de pas le faire, lui. Elle s’approche légèrement et pose sa main sur son épaule. Dans une situation normale, Zoe se serait reculé de plusieurs pas, parce qu’il déteste ça, le contact humain. Sauf avec Cecil, avec Cecil ça va. Mais pas là. Cette situation n’a rien de normal après tout. Il continue de l’observer. Les traits de son visage. La tristesse. Comme si c’était elle qui avait vécu la perte de sa soeur. Et ça lui fait bizarre. Il se demande si c’est à ça qu’il ressemble, tous les jours. Lorsqu’elle reprend la parole, il hausse légèrement les sourcils, plus qu’étonné des mots qui sortent de la bouche de la jeune femme. Jamais il aurait pensé que quelqu’un puisse lui poser cette question. Ce genre de questions en général. Il y réfléchit. Il finit enfin par quitter les yeux de la belle pour les poser sur son cahier qu’il ouvre à la bonne page. Il lit les portées, se les imagine dans sa tête. C’est pas joyeux. C’est pas joyeux du tout. “Triste. Enfin.” Il continue de jouer l’air dans son esprit et se rend compte que triste est pas le mot exact pour décrire ce qu’il a écrit. “Mélancolique. Ma soeur et moi, on a des souvenirs qui sont magnifiques, mais y’a aussi quelques souvenirs qui le sont moins. Je pense que cette composition là exprime le manque, plus que la tristesse ou. Ou autre chose.” Celle là, oui. Parce qu’il en a fait d’autres, pour Lea. Des tristes, des heureuses. Des qui sont tellement douloureuses à lire et à imaginer qu’il les a déchiré du carnet et qu’il les a rangé dans un placard chez lui. Ça fait plusieurs mois qu’il n’y a pas touché. Il relève les yeux vers la jeune femme, se disant qu’il l’avait un peu oublié. “Zoe, mon nom. Et toi ?” qu’il lance. Il aimerait bien savoir quel est son nom, à cette jeune femme qui est triste pour lui. Qui est triste quand tous les autres le prennent en pitié.

( Pando )
@Willow Blackburn

Chagrin des autres se rajoutant aux siens, gamine qui se laisse étouffer par cette tristesse qui ne demande qu’à être écoutée. Nombreuses sont les fois où le temps s’arrête le temps qu’elle écoute ces douloureuses histoires qui se terminent sur des larmes qu’elle ne peut sécher. Sous ce tas de cendre, reste ces morceaux de coeur chaleureux qui arrivent parfois à battre en harmonie pour venir y ajouter de la douceur dans les expressions de la brunette. Willow ne se confie pas, parlent très peu des mauvaises aventures des autres à son entourage. Willow, c’est le genre de gamine qui garde pour elle. Cette tombe aux milles secrets qui se perdent souvent dans les oubliettes de sa mémoire afin d’être sûr qu’ils ne soient révélés un jour. Elle a toujours trop vécu dans la solitude, elle sait la douleur que ça procure. Elle veut pas que le monde autour d’elle, les plus jeunes surtout, vivent ce qu’elle vit au quotidien. Recevoir de la pitié, c’est le pire sentiment qu’elle a pu ressentir lorsqu’on a voulu la soutenir. La pitié avec la société c’est devenu quelque chose de mauvais qu’alors à la base c’est un geste gentil. L’air triste qui ne quitte plus son visage, l’inquiétude pour le garçon qui ne cesse d’augmenter, elle s’en veut d’avoir démarré le sujet, dans le fond de son être elle s’ordonne d’arrêter, elle grimace à chaque fois que sa curiosité prend le dessus. Elle essaie de montrer du soutien à ce garçon par ce geste qui n’est pas dans ses habitudes, elle l’observe lire ce passage, le laisser réfléchir et peut-être laisser ses émotions chambouler ses pensées. Il répond, il s’ouvre légèrement. L’expression de Willow ne change pas si ce n’est qu’il s'adoucit plus.  Elle n’ose pas encore prendre la parole, préférant répondre d’un lent signe de tête, légèrement confuse lorsqu’il se présente, Willow met plusieurs secondes avant de réagir. “Willow, j’m’appelle Willow.” doux sourire qui étire ses lippes rosées, l’air amical qui s’installe doucement. Ca lui manque d’exprimer des émotions, des sentiments par ses pas de danse. Ces chansons, c’était peut-être une occasion pour elle de retrouver ces danses qu’elle exerçait. Sa main se retire mais son regard ne cesse de le quitter. Elle se propose. “Si jamais tu veux un jour les interpréter sur l’île, je pourrais essayer de les illustrer avec de la danse. J’sais danser.”  pas ce genre de danse dont elle est réduite à produire pour ce travail, pour augmenter les plaisirs de ses clients. Non le genre de danse où ça lui permet de faire exploser ses émotions où les émotions recherchées par la musique.

( Pando )
@Zoe MacCárthaigh

Il a toujours trouvé ça surprenant que certains soient capables de comprendre la peine de quelqu’un d’autre assez pour se sentir triste avec eux et pas juste les prendre en pitié. Voir que quelqu’un est triste et lui dire “désolée” avec cet air désolée, c’est différent que ce que cette fille dégage. Elle l’air sincèrement triste, comme si elle partageait sa peine. Et Zoe se demande rapidement si c’est le cas. Est-ce qu’elle aussi, elle a vécu une perte d’un proche ? Famille ou ami ? Amoureux, peut-être ? Zoe aussi, a perdu un amour, mais c’était différent. C’était faux. C’était comme perdre quelque chose qui n’avait finalement jamais été. Et c’est moins douloureux quand c’est quelque chose qui n’a jamais existé. Zoe comprend pas toutes ces personnes qui se posent des questions sur ce qui est le pire : perdre quelqu’un ou ne jamais l’avoir connu. Pour lui, la réponse est évidente. Ne pas avoir eu la joie de connaître l’amour n’est rien comparé à la peine de le perdre une fois qu’on y a gouté. Aujourd’hui, il n’a pas honte de dire qu’il aurait préféré être fils unique que de vivre la mort de Lea. Pourtant. Pourtant, ça n’empêche qu’il a des souvenirs, de beaux souvenirs, et que cette musique qu’il a composé, il l’a écrite en pensant à ces souvenirs. Et en pensant au fait qu’il ne pourra plus jamais vivre quelque chose qui s’en rapproche, ne serait-ce qu’un peu. Y’a bien Cecil, et tous les autres. Mais c’est vraiment pas la même chose. Lea, c’était pas seulement sa soeur, c’était sa jumelle. Y’a des choses qui se partagent entre jumeaux qu’on peut pas retrouver avec des frères et soeurs, et encore moins ceux qu’on choisit.
Il a décidé de s’ouvrir à cette fille sur la signification de sa musique et il a décidé de lui donner son prénom. Il attend qu’elle lui donne le sien. C’est rare que Zoe s’intéresse à quelqu’un d’autre que lui-même ou sa famille. Mais cette fille est différente de toutes les personnes qu’il a pu croiser sur l’île. Cette fille est triste pour luI. Elle a pas pitié de ce pauvre gamin qui a perdu sa soeur et qui écrit des musiques en sa mémoire. Et il trouve ça bien. Alors il lui parle, il lui explique sa composition, il lui donne son identité. Se révèle un petit peu. Juste un peu. Mais ça signifie déjà beaucoup pour lui. Lui qui est fermé à la plupart des gens sur cette île. À la majorité des gens sur cette île. Elle s’appelle Willow qu’elle lui dit. Zoe pose le prénom dans un coin de son esprit. Willow. Il saurait pas vraiment dire pourquoi mais il trouve que ça lui va bien. Elle retire sa main de son épaule mais continue à le regarder dans les yeux. Et il baisse pas le regard non plus. Y’a quelque chose dans ses yeux, qu’il trouve vrai, sincère, et il veut pas lâcher ça, même pas pour une seule seconde. Elle se remet à parler et Zoe entend ce qu’elle dit. Il entend bien ce qu’elle dit. Il réagit pas tout de suite. Il sait pas vraiment comment réagir après tout. Mais il sait qu’il ne se sentirait pas bien, de voir quelqu’un danser sur une musique composée pour Lea. Les musiques composées pour Lea sont empreintes de son art à elle, de sa peinture. Danser dessus serait comme les dégrader. Il s’éloigne de quelques pas, mais sans la quitter des yeux, cette jolie fille. Il l’observe, de la tête aux pieds. “J’aimerais bien te voir danser.” C’est vrai. Il aimerait bien. Il aimerait bien parce qu’il a cette impression très étrange. Une impression qu’il avait pas eu depuis Lea. “J’ai l’impression que si je te voyais danser, je pourrais écrire des musiques, juste pour que tu puisses danser dessus. Pour toi.” C’est pas de la drague, c’est pas des pick up lines. C’est même pas pour être gentil. Mais il se rend juste compte qu’elle réveille en lui quelque chose que personne après Lea n’avait réussi à réveiller.
Son âme de compositeur.
Compositeur de rêve, lui qui était devenu un compositeur de souvenirs.

( Pando )
@Willow Blackburn

La musique était une méthode d'évasion, ses pas, ses émotions ressortaient sans même prendre le temps de les expliquer. La danse lui permettait de s’évader de ce monde qui l’énervait. La danse comme les flammes qui sortaient de ses briquets. Gamine incomprise. Chaleur dégagée, courbes du feu qui dansait à travers l’air qui l’agressait. Willow apaisée par ce spectacle, enfant comme hypnotisée pour ce qui est devenu son élément. Le feu. moyen de décompression par cette passion. Folle, qu’on la qualifiait. Pyromane qui la suivait. Les séances de psy de la prison l’ont aidé à s’éloigner un peu. Ce n’est plus des bâtiments, des objets qu’elle enflamme, non Willow aujourd’hui c’est des corps qu’elle brûle, des âmes qu’elle ramène en enfer le temps d’une soirée, le temps d’une danse. Willow, elle sent le manque du reflet des flammes dans ses iris brunes, des danses qu’elle pourrait effectuer. Elle en a besoin surtout pour apaiser ses mots de coeurs encore douloureux. J’aimerai bien te voir danser, qui lui monte jusqu’à la tête. Cette phrase elle s’y est habituée mais le ton était si différent. L’innocence était là, le but habituel n’était pas recherché. Ce n’était pas le style de danse auquel elle s’était habitué depuis qu’elle s’est trouvée ici, qu’il demandait. Regard légèrement écarquillé à cette demande imprévue. Willow ne saurait pas danser là maintenant devant lui, sans mélodie. “Là maintenant? Sans musique? Tu veux faire des musiques pour moi?” les informations s’enchaînent, lui donnant presque mal à la tête. Dans le fond ça lui ferait plaisir de reprendre ces danses dont elle ne perd pas la pratique. Des émotions qu’elle pourra enfin exprimer à travers ses pas, des gestes doux et délicats qui serait en parfait contraste avec ces tendres danses enflammées. Le sourire qui étire les lippes, le regard qui revient à la normal lorsqu'il se pose à nouveau sur celui-ci. Simple mouvement d’épaule qu’elle accompagne d’un rapide timbre de voix presque enfantin. “Pourquoi pas!”

( Pando )
@Zoe MacCárthaigh

Une muse. Depuis la mort de Lea, il n’en avait pas retrouvé. Depuis la mort de Lea, tout ce qu’il écrivait était lié à sa jumelle, d’une façon ou d’une autre. C’était des souvenirs de leurs bons moments ensembles. Ou des souvenirs de sa mort. Ou des souvenirs de leurs disputes ou de leurs moments de complicités. Mais c’était toujours lié à elle, et c’était toujours mélancolique, et ça commençait à tourner en rond, toujours autour des mêmes accords et de la même tessiture. Mais elle, cette fille face à lui, elle lui donne envie d’écrire autre chose. Elle lui donne envie d’écrire plus de musique. Et pas que des choses mélancoliques. À vrai dire, cette fille ne lui inspire pas de mélancolie, du tout. De la joie de vivre, de l’amour, comme une fleur tout juste éclos et qui a vécu pourtant vingt précédentes vies lorsqu’elle n’était qu’un bourgeon. Et oui, maintenant qu’il y pense, ce sera sa première composition pour elle. Pour qu’elle danse dessus. Et il sait Zoe, que cette fille sera magnifique. Et que la musique le sera d’autant plus avec quelqu’un pour l’incarner. C’est un peu le soucis avec les compositions mélancoliques sur Lea. Lea n’est plus de ce monde. Donc Lea ne peut pas, plus, incarner ses musiques. Ses compositions. Et ça leur donne un goût amer, en plus de leur donner une sonorité mélancolique qui pue la mort. Lorsqu’elle semble s’étonner qu’il veuille écrire pour elle, il hoche juste la tête pour lui redire que oui, oui il veut écrire pour elle. Et il pourrait presque sourire lorsqu’elle lui lance un “pourquoi pas” qui sonnerait heureux si Zoe osait l’imaginer.
Il s’approche d’elle doucement. C’est pas menaçant ou quoi, c’est juste pour l’observer un peu mieux. Elle a cette façon d’être particulière. Elle est juste. Et elle est juste. Y’a quelque chose chez elle qui sonne comme une harmonie parfaite et pourtant complètement désorganisé. Et Zoe trouve ça fascinant. Inspirant. “Dans un mois. Je pense que dans un mois j’aurais écrit une pièce pour toi.” Et il le pense sincèrement. Dans un mois il aura une pièce pour elle, qu’il aura composé en pensant à elle. Une belle pièce, en majeur, qui sonnera pas, pour la première fois depuis des années, comme une pièce à jouer lors d’un enterrement.

( Pando )
@Willow Blackburn