((anatomy of scars))

jinwoo x iouri

Comme l’impression que peu de choses a changé. Le monde pourtant différent à ses yeux. Présence absente de Nikita. Étouffante. Son absence fait trop de bruit dans sa vie. Il voudrait faire comme si de rien Iouri c’est plus facile. Mais ce n’est pas rien. Et sous terre il y a un ange qui gît. Et il n’arrive pas à l’oublier. Comme il n’arrive pas à éprouver la moindre satisfaction à l’idée d’avoir le sang de son assassin sur ses mains. Rien. C’est le vide. Vide, vide, vide. Monochromie de ses émotions. Analgésie. Il ne ressent rien. Pas de regret, pas de satisfaction. Rien. Juste ses remords. Juste sa culpabilité. Et il aimerait se dire qu’il n’est pas le seul coupable. Il aimerait se dire qu’il n’est pas le seul à n’avoir rien vu. Mais Nikita a tendu ses mains pâles vers lui. Il a vu ses bleus. Et il n’a rien fait si ce n’est le maltraiter un peu plus. Pensant qu’il n’avait plus rien à perdre. Vision ridicule. Et tellement fausse. Nikita est mort. Et avec lui sans doute une partie de Iouri. Encore plus mort que vivant. Carcasse qu’il traine, et les clients qu’il enchainent. Il y en a plus des gens violents. Plus encore à venir dans ses draps. Il les accepte. Sans un mot. C’est son rôle Iouri. Trainée de muse avec des bleus pleins le corps, et tellement plus à l’âme. Mais il l’a tellement bien cachée son âme, qu’on doute tellement qu’il en ait une. Sans doute qu’il n’en a pas. Parce qu’il n’arrive pas à regretter les paroles qu’il a dites à Jinwoo. Il n’arrive pas à regretter la culpabilité qu’il lui a mise dans ses veines lorsqu’il est venu le trouver, du sang sur sa peau pour lui annoncer avec tellement de sarcasme qu’il pourrait dormir sur ses deux oreilles. Parce que Nikita pouvait enfin reposer en paix. Et qu’il pourrait recommencer à faire la chienne au près du prochain Aphrodite. Mots acides. Parce que c’était facile sur le coup. De le culpabiliser. Parce que c’était facile, il a toujours ce pouvoir sur lui Iouri. Mais Eros … Non Jinwoo surprenant. Nomination qui l’a fait hausser un sourcil. Le gamin qui devient Aphrodite. Et Iouri qui ne dit rien, le regard sombre. Et les jours défilent comme une monotonie abjecte. Les gens retournant à leurs habitudes. Iouri retrouvant ses clients, Iouri retrouvant ses habitudes. Mais il les entend les rumeurs sur Jinwoo. Il n’est pas stupide non plus. Plus à l’écoute qu’on ne le croit. Il les entend les paroles de ses clients. Même qu’il a sans doute cassé la mâchoire à l’un d’eux. Parce que ça l’énervait. D’entendre parler de Jinwoo alors que le gars se servait de son corps à lui. Que ça l’énervait. Parce qu’il sait pas ce qu’il y a de changé chez Jinwoo. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’aime pas l’intérêt qu’il a pour lui. Il n’a pas envie encore. D’avoir de l’intérêt pour quelqu’un. Pas envie encore, de s’attacher sans le vouloir. Non. Et pourtant ses doigts qui raclent contre la porte de l’endroit où officie Aphrodite. Même pièce que pour Nikita. Des relents de souvenir qu’il déteste et l’espace d’un instant l’impression de le voir tandis qu’il s’appuie contre le battant. Mais ce n’est que Jinwoo. Et le rictus de Iouri est amer. Lucide. Les yeux vides, mais juste un instant dans l’ambre terne des éclats de tristesse. « So. You and me will have a long time to spend together. » Murmure. Mais le ton est cruel. Les attentions du métisse claires. Trop. Le rappel d’une promesse qu’il avait sous-entendu quelques mois auparavant. La promesse de jouer avec lui. La promesse de le briser aussi entre ses doigts. Aujourd’hui Iouri qui a payé les services de Jinwoo. Des comptes à rendre. Aussi bien au gamin. Qu’à lui au final.

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((anatomy of scars))

jinwoo x iouri

Jinwoo a un rendez-vous, un client. Un nouveau. On lui a bien précisé que c’était pas un régulier. On lui a pas précisé qui c’était. On lui a juste demandé de pas être trop surpris lorsqu’il le verrait. On lui a même pas réellement dit si c’était une fille ou un garçon. Mais Jinwoo n’en à pas trop grand chose à faire. Il se masse l’avant bras où des taches noires commencent à se rassembler. Y’en a eu une, puis deux, puis trois, puis dix, puis vingt. Ils ont décidé de faire comme ça. Qu’il le payerait en tatouages. Jinwoo est même pas vraiment persuadé que ça soit considéré vraiment comme un rendez-vous entre une Muse et son client puisque rien de sa recette ne revient à Zeus du coup. Mais Jinwoo n’en à pas grand chose à faire. Client officiel ou non, Jinwoo ne fait plus la différence. Depuis le coup que lui asséné Iouri la dernière fois qu’il est venu le voir pour lui parler, les mains imbibées du sang de ce qu’il lui a dit être le meurtrier de Nikita, Jinwoo ne veut plus faire la part des choses. Il voulait aller demander conseil à Ange, à un moment donné, puis il s’est dit que ce n’était pas une bonne idée. Que ça ne servait à rien. Après tout, sa décision était déjà à moitié prise. Devenir Aphrodite à son tour, avant que quelqu’un d’autre n’ait la chance, l’opportunité, de prendre la place de Nikita. Parce que personne ne peut le remplacer. Parce que Jinwoo connaît la loyauté, le groupe, le trio, Aphrodite, Eros et Himeros. Et qu’il sait qu’il aurait été incapable d’avoir ce genre de loyauté envers quelqu’un d’autre qu’envers Nikita. Et entre Ange et lui existait déjà cette loyauté qui a juste changé de nom. Qui est passée d’une amitié et d’une loyauté commune vers une loyauté avant tout. C’était. Oui. Iouri a juste mis un coup de pied à la fourmilière, lui a juste intimé de se dépêcher. Et Jinwoo ne lui en est pas reconnaissant. Surtout depuis qu’il sait. Depuis qu’il sait qui il est. Depuis qu’il sait que la personne avec qui il a des conversations depuis trois ans par lettres, sur la religion, sur le pardon et sur cette fameuse loyauté, c’est lui. C’est Iouri. Qui lui a promis qui le briserait s’il jouait avec ses désirs comme c’était son rôle. Et parfois, Jinwoo se demande si ça a joué. Si le fait de plus avoir à jouer avec les désirs des uns et des autres, et donc avec ceux de Iouri le temps venu, ça a influencé son choix déjà bien clair de devenir Aphrodite. Si ça a pesé dans la balance. Oui. Probablement. Parce que Iouri le terrifie. Iouri ressemble à ces démons qui étaient dessinés dans ses livres de catéchisme. Il ressemble aux incubes dont on lui a souvent parlé. Ça lui fait peur. Et à côté, y’a ce gars. Cette personne avec qui il écrit. Pour qui il accepte dévoiler ses sentiments sur papier. Et cette personne là, Jinwoo l’aime, d’un amour réel et profond. Qui, après tout. Lui fait peur, aussi.

Il se pose derrière la porte à l’heure où son client mystère est censé arriver. Il attend quelques minutes avant d’entendre les bruits de grattements sur ce qui sert plus ou moins de porte. Et Jinwoo pose son sourire de Muse habituel sur ses lèvres. Les manches relevées, les traces de tatouages sur les bras visibles. Et l’ancre qui dépeint des choses qui sont énigmatiques, qui partent plus du rêve et de l’imagination que d’une réelle représentation de la chose. Oui. Sauf une lettre, qui est tout sauf énigmatique. Qu’il a caché sur sa hanche. Un N. Le premier, tout premier tatouage qu’il lui a demandé. Jinwoo a pleuré, lorsqu’il lui a fait. Pas de douleur, non. Non. Pas de douleur.

Il ouvre la porte, et doit se retenir de pas la refermer presque immédiatement. Iouri. Iouri est là. Pourquoi Iouri ? C’est. Jinwoo comprend, il est pas con. Iouri veut juste tenir sa promesse. De s’amuser. De le détruire, de le briser. Et Jinwoo peut rien faire d’autre que de l’inviter à entrer. Il a gardé son sourire charmeur. Celui qu’il réserve à ses clients. Parce qu’il doit se souvenir que ce n’est que ça, aujourd’hui, Iouri. Qu’un client. Il n’est pas le Iouri qui lui a envoyé des reproches qu’il ne méritait pas dans la gueule. Il n’est certainement pas la personne à qui il envoie des lettres depuis trois ans. C’est juste. Un client. Un client qu’il doit satisfaire. Sa voix résonne dans les oreilles d’Aphrodite, et Jinwoo frissonne malgré lui. C’est la température. Il doit s’en convaincre. “We will. Won’t we ?” Il ouvre la porte totalement, lui montrant l’intérieur de sa hutte de son bras ancré pour qu’il y entre. Jinwoo se demande pourquoi Iouri a fait ça. Est-ce que ça l’amuse ? Est-ce qu’il considère ça comme un jeu malsain ? Ça fait un bail que Jinwoo a arrêté de faire la différence entre lui et Aphrodite. Ça fait quelques mois qu’il a arrêté de se mentir à lui-même. Il aime ça. Vendre son corps, il aime ça. Mais le vendre à Iouri, c’est. Le vendre à Iouri, c’est pas bien. C’est pas quelque chose qu’il veut faire. Il veut pas. Il veut pas.

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jinwoo x iouri

Le temps avance, change, le monde ne s’arrête pas et Iouri il déteste ça. L’impression de se sentir comme un enfant, ses pleurs qu’il n’a plus, gardé à l’intérieur. Lui bloqué à l’arrière, et les autres qui avancent, continuent leur chemin, leur vie. Mais pas Iouri. Non pas lui. Frustration. La mort de Nikita qui l’affecte plus qu’il ne veut le montrer. Jinwoo qui l’a remplacé. Les gens avancent. Ils acceptent la dureté de la vie, mais pas Iouri. Il en connaît pourtant la violence, l’injustice. Il en connaît pourtant l’horreur. Mais il n’arrive pas à avancer. Comme avec sa grand-mère. Comme avec sa sœur. Blocage. Il ne sait pas faire son deuil. Parce qu’on ne lui a pas appris à le faire. Alors il lutte contre le courant. Juste pour pas qu’on oublie Nikita. Il ne peut pas l’oublier. Fantôme qu’il voit partout. Et même avec le sang de son bourreau sur les mains, il ne peut pas avancer. Calmer son fantôme qui le hante. Et même entre les mains d’Abel il ne peut pas. Même en asservissant son pouvoir sur son monstre, il n’arrive pas à avancer. Si bien qu’il sombre un peu plus dans ce mal être qui le définit si bien. Dans sa condition de monstre aux yeux du monde. Et si Abel est surnommé son monstre, c’est lui qui l’est véritablement. Abel c’est juste un gars qui a mal tourné. Entre ses mains. Un gars qui porte son nom. Folie assumée. D’abord la nuque par envie, la lame entre ses doigts qui n’a pas autant tremblé, les caractères japonais de son prénom qui rougissent la peau à la base de ses cheveux. D’abord sa nuque, comme pour rappeler l’emprise qu’il a. Puis récemment sur un coup de tête, un coup de trop, où il a l’impression de perdre le contrôle, il est revenu vers Abel. L’envie de lui arracher le cœur. L’envie de lui faire du mal comme il s’en fait à lui même. Et le sage offert sous ses doigts. Même quand il a glissé la lame sur sa peau, même quand il l’a attaqué de son tranchant, le sang ne lui apportant rien si ce n’est un rictus amer. Son nom de nouveau comme une évidence. En Russe. Dans cette langue maudite. Celle de son père. Celle de l’homme qui criait au monstre. Et des heures, jours à son chevet le temps qu’il se remette de la fièvre, de l’infection, avant de disparaître. Iouri qui n’a pourtant pas oublié son rôle. Et pendant ses sessions, on lui a rappelé. Jinwoo. Aphrodite. L’encre sur son corps. Le gamin qui change. On lui en a tellement parlé que la rage qu’il avait su évacuer est revenue plus forte. Si bien que l’homme qui le prenait avec violence est repartie avec la mâchoire cassée. Si bien qu’il a décidé de payer les services de Jinwoo. Besoin de voir. Besoin de comprendre. Attirance aussi. Il y a quelque chose chez Jinwoo. Il ne sait pas trop. Il a envie de l’avoir à ses côtés comme de le briser. C’est frustrant. C’est blessant. Parce qu’il s’attache. Et qu’il n’a pas envie. Pas encore. Abel est brisé, remodelé entre ses doigts. Nikita est six pieds sous terre. Ça suffit. Jinwoo qu’il a culpabilisé de la mort de Nikita. Rage de le voir avancer, rage de savoir qu’il est responsable dans un sens, parce qu’il n’a pas vu les signes. Rage. Rage. Envie de le voir sombrer dans la même douleur que la sienne. Et aucun regret de l’avoir violenté avec ses mains rouges. Aucun regret de l’avoir blessé. Si ce n’est de le voir être capable de continuer à vivre, d’accepter la mort de Nikita, là où lui la refuse de son côté. Et il est posé quand il va le voir. Posé quand ses doigts raclent contre la porte, phalanges qui tapent dans un bruit sourd contre le bois. Sourire néfaste lorsqu’il voit sa réaction, son regard qui a un instant des lueurs alarmées même si son sourire reste. Le dos qui s’appuie contre la porte et la remarque lourde, funeste qu’il susurre. Il a payé pour son temps. Et aujourd’hui, Jinwoo ne sera rien d’autre qu’un jouet entre ses mains. Qu’il va découvrir avec soin, sans aucun doute détruire, parce qu’il ne sait faire que ça, pour mieux le reconstruire. Et lorsqu’il avance le métisse, la porte qu’il referme lentement derrière, l’attitude est lascive, recherchée. « I know you are afraid. I know you don’t want that … But I paid, and you are just like any other Muses, here to sell your body. » Il est enfin à sa hauteur. Sa main qui glisse le long de sa joue comme un rappel lointain à cette première fois où ils avaient véritablement parlé. Il représente bien son rôle Jinwoo. La beauté. On ne peut nier qu’il est beau. Presque autant que Nikita. Mais Nikita il l’a vu faner. Il l’a violenté pour qu’il arrête de voir des clients pareils. Et Nikita n’a pas écouté. Au final la mort a fini par flétrir le reste de sa beauté. Il se demande presque Iouri, si ça sera pareil avec Jinwoo. Si lui aussi il va faner à cause de lui, à son contact. Lucidité dérangeante derrière la folie qu’il affiche. « Won’t you just sit pretty for me ? » Main qui s'agite vers le lit, gracieusement. Le ton est tendre, mais le vide de ses yeux ne trompent pas. « Naked, doll. » Et ses doigts ont glissé au niveau de sa nuque, pression évidente comme quoi il n’acceptera aucun refus. Pression évidente comme quoi, même si Jinwoo tente de lui refuser ses demandes, il finira comme Iouri le veut. Parce que dans ce jeu, c’est lui qui domine. Parce que Iouri on lui a toujours tout refusé, qu’il finit toujours par prendre ce qui lui revient. Manipulation, séduction. Il n’est pas le monstre qui s’impose. On finit toujours par lui offrir ce qu’il veut. Sourires fatales et lèvres pulpeuses aux ordres mortels. C'est l'heure de régler les comptes qu'ils ont entre eux.

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jinwoo x iouri

C’est pas bien, c’est pas sain. Pour tellement de raisons. Y’a les raisons évidentes déjà. Y’a les raisons qui sont que Iouri est juste là pour le faire souffrir et qu’il ne l’a jamais caché. Qu’il lui a très clairement dit, la dernière fois qu’ils se sont retrouvés. Ou peut-être pas la dernière fois. Mais sa voix, ses mots, raisonnent encore dans son esprit. “I will break you if we play”. Une promesse de le détruire. Mais Jinwoo a jamais accepté de jouer avec lui. C’est juste Iouri, qui a décidé de jouer tout seul, et à ses dépends. Et Jinwoo peut rien faire. Bien sûr, y’a les raisons évidentes. Puis y’a les raisons que Jinwoo est le seul à connaître. Parce que de coucher avec Iouri, parce que c’est ce qu’il va se passer aujourd’hui, il n’en doute pas, c’est coucher avec Y. C’est coucher avec le garçon dont il est tombé amoureux des mots. Et ça, ça lui fait du mal à Jinwoo. Parce qu’il se doute que ce sera pas doux, que ce sera pas amoureux du tout. Que ça se rapprochera plus du sexe violent que de faire l’amour à quelqu’un. Et Jinwoo a du mal à accepter ça. Il doit se forcer à oublier que Iouri et Y pour toute cette période de temps. Mais il peut pas. Il sait qu’il peut pas. Il a même pas essayer qu’il sait déjà qu’il n’y arrivera pas. Parce que Y est dans ses pensées, tout le temps, tous les jours, du soir au matin. Parce qu’il est important pour lui. Bien plus que n’importe qui d’autre pourrait ne l’être, en toute honnêteté. Y, lorsqu’il ne savait pas encore qui il était et que Nikita était encore en vie, il le considérait comme plus important même que son ami. Et c’était difficile à l’époque, de faire plus important que lui. Y’avait sa famille, mais il était aussi plus important qu’eux, probablement. À un certain moment, Jinwoo arrive pas à se souvenir exactement de quand, il est devenu la personne la plus importante à ses yeux. Et c’est lui. Lui, qui se trouve devant lui, et qui va l’utiliser comme un objet, le faire souffrir, le faire trembler, et profiter de ces moments avec avidité et plaisir. C’est pour ça. C’est pour ça, que c’est pas sain.
Iouri parle, et Jinwoo l’écoute. Ses mots pas réellement blessants. Il a pas peur, Jinwoo. Il redoute juste l’inévitable, mais exactement comme quelqu’un qui se sait sur le point de mourir, sans aucun moyen de l’en empêcher, et qu’attend juste que le couperet tombe. Il a pas peur, il a accepté la fatalité que Iouri aujourd’hui, allait franchir une barrière qui lui fera changer sa façon de voir le monde et l’amour, à tout jamais. Jinwoo veut pas essayer de se défendre parce qu’il connaît le monstre. Il le connaît, Iouri. Il peut pas l’appeler le monstre, parce qu’il y a Y. Parce que. Parce qu’Y n’est pas un monstre. Sa voix est plus blessante que ses mots. L’entendre lui parler sur ce ton là. Ce n’est qu’un avant goût. Une préparation amère à ce qui va suivre. Alors Jinwoo la prend, cette préparation. Autour qu’il commence à douiller maintenant. Parce qu’il sait que s’il ferme ses oreilles maintenant, ce sera pire, plus tard. Et il refuse ça.
La main de Iouri se pose sur sa joue, et c’est presque une caresse. Jinwoo a presque envie de se complaire dedans, mais il ne le fait pas. Il ne va pas se défendre, mais il refuse de prendre le moindre plaisir à prendre part à son jeu pervers. Payer les services d’Aphrodite, pas de Jinwoo. La Muse se demande si ce n’est pas juste une façon de retrouver les services de Nikita. De la part d’un esprit malade comme celui de Iouri, ça ne l’étonnerait pas, Jinwoo. Et il déteste le fait que cette idée, qu’il ne soit qu’un remplacement, lui sert les poumons.
Il parle de nouveau, lui demande de s’asseoir, lui montre le lit. Et lui parle de nouveau, lui demande de se déshabiller. Jinwoo a envie de vomir. Mais Jinwoo s’est éteint. Il s’est éteint à petit feu lorsqu’il a compris qu’il arriverait pas à dissocier Iouri de Y pendant le moment qu’ils allaient passer ensemble. Et que le garçon qu’il aimait allait jouer avec lui comme il jouerait avec un pantin désarticulé. Alors c’est ce que Jinwoo décide d’être. Rien de plus, rien de moins. Un simple pantin sous les ordres et sous les doigts de Iouri. Poupée. Le surnom est bien trouvé. Il pourrait faire rire de sarcasme Jinwoo si Jinwoo était en l’état de faire du sarcasme. C’est pas le cas. Jinwoo est à peine en l’état d’être vivant. Il se force à n’être qu’une coquille vide. Il veut qu’il s’assoit sur le lit, nu. Et si la main sur sa nuque lui donne envie de frissonner, il se retient. Ne rien ressentir, ne pas lui montrer qu’il l’affecte. C’est là qu’il concentre toute son attention. Sur rien d’autre. Et certainement pas sur ses pensées, nombreuses pensées qui le font saigner de l’intérieur. Il s’éloigne de Iouri et se déshabille. Y met même quelques formes que les formatrices lui ont inculqué lorsqu’il est devenu Muse. Pour appâter l'appétit du client. C’est pas trop, c’est pas vulgaire. C’est juste qu’il se déshabille pas comme s’il allait prendre sa douche ou se coucher. Mais c’est mécanique. Parce qu’il l’a fait des centaines de fois. Et que s’il y a des clients pour qui il veut faire des efforts, c’est pas le cas de Iouri. Il se retourne, une fois nu, vers Iouri, et s’assoit sur le lit, comme il le lui a demandé. Ses jambes pendent du bord du lit, et il le regarde dans les yeux. Mais il le voit pas. Il voit une forme. Une ombre. Monstrueuse. Ce n’est pas Y. Ce n’est pas Y. Ce n’est pas. Iouri.

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