le jour est enfin venu. fini la prostitution, fini les abus. aujourd’hui, tu mets un terme à tout ça. aujourd’hui, tu deviens officiellement charon. enfin, techniquement, ça fait quelques jours déjà que ta demande a été acceptée, épaulée par oksana. votre nouveau zeus. t’es fière de voir ton amie, cette femme si forte et si incroyable, accéder à un rang pour le bien des vôtres. t’as aucun doute qu’elle fera le meilleur leader pour les muses que les chimères n’ont jamais connu.
aujourd’hui, tu deviens charon et oksana a proposé de te guider dans ta première mission. t’es bien consciente que ça sera pas facile, qu’émotionnellement, ça sera dur de voir certains des tiens éteints, les yeux fermés, le visage sans vie. à la limite des mondes, là où morts et
vivants cohabitent. mais t’es aussi reconnaissante qu’on te fasse confiance pour perpétuer vos rites et vos coutumes. tu t’approches lentement de ton amie, t’imprégnant de l’atmosphère, découvrant les lieux que t’as si souvent arpentés d’un nouveau regard. lorsqu’oksana s’aperçoit de ta présence, elle t’appelle auprès d’elle, un sourire aux lèvres. tu le lui rends, un sourire timide mais franc, de ceux que tu n’as pas eu depuis longtemps. «
je suis toujours sûre de moi. » tu lui réponds en écho, certaine de ta décision. il était temps pour toi d’évoluer. d’arrêter de te punir pour quelque chose que tu n’as pas demandé. de reconnecter avec toi-même. de recommencer à avoir de l’estime pour ta propre personne. oksana t’explique que le rite que vous vous apprêtez à faire est particulièrement élaboré, tu hoches la tête vigoureusement en l’écoutant. c’est pas la première fois que tu vois un corps d’aussi près, mais t’avoueras que t’as quand même un peu la
trouille, cam. tu sais qu’avec le temps t’auras moins peur, que tu seras plus à l’aise. en attendant, t’essaies juste d’imaginer que t’as affaire à un bout de
viande, c’est plus simple. «
allons-y, je ferai de mon mieux ! » tu lances, certainement moins à l’aise que t’essaies de faire paraître. t’étudies le corps tandis qu’oksana commence son œuvre. la
lumière du soleil entre par quelques orifices au plafond et vient doucement caresser les traits de la chimère récemment décédée. la
cicatrice le long de sa joue, le
bracelet ornant son poignet, que d’indices pointant un milicien chevronné. t’as même l’impression de voir un
rictus sur ses lèvres fermées, signe que même dans cette autre vie, l’homme ne cesse de se moquer de la mort. t’admets que c’est un
cadre particulier, mais la sérénité, l’élégance dans les gestes que ton amie te surprend davantage. ils sont presque doux, comme si elle ne voulait pas brusquer la tranquillité désormais éternelle du milicien. tu te dis que d’autres gens laisseraient probablement pourrir les corps de leurs hommes perdus au combat ou contre la maladie. que s’il y avait des
vautours sur l’île, les cadavres finiraient en lambeaux, à la merci des
goules venues pour se délecter de chair humaine. «
oksana ? » t’oses pas trop la déranger les outils à la main, mais une question te brûle les lèvres. «
est-ce que tu… est-ce que toi aussi, quand t’es devenu charon, ça t’a fait bizarre de laisser… enfin, de laisser tout ça derrière toi ? » t’aurais jamais pensé le dire un jour. tu sais que ça te manquera pas, mais tu te sens un peu étrange à l’idée d’être enfin libre, maître de ton corps. t’as besoin de te sentir rassurée, cam.
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