Histoire

citation ou autre

La lumière du plafonnier est agressive, blanche, nue. La pièce est peu meublée, une grande table au centre, des pieds métalliques, bleus. Deux chaises en plastique. Un ou deux meubles de rangement contenant des dossiers, une machine à café qu'on ne lui propose pas, d'ailleurs. Et cette lampe qui lui brûle les rétines. La semelle de ses rangers frotte le sol stratifié en y laissant des marques noires à chaque passage, et tandis qu'Eva se cale contre le dossier de sa chaise, c'est pour mieux regarder celui qui lui fait face. L'homme n'est pas très grand. Blond. Une carrure épaisse, athlétique, deux yeux plus bleus que l'océan. Un très beau garçon, et il le sait d'ailleurs, ou si lui l'ignore, ses collègues y ont vu là une très belle occasion de la coincer. Et il a réussi. Il devrait être fier de lui, peut-être l'est-il. Elle dormait encore quand il a passé les menottes aux poignets. Elle ouvrait à peine les yeux, quand il a dit : "Tu es en état d'arrestation". Maintenant elle le regarde, et du haut de ses vingt et un ans elle juge silencieusement, en fusillant méthodiquement du regard ce salaud qui l'a trahie et qui va l'envoyer loin de sa ville, loin de Paris. Entre les barreaux gelés d'une prison ou... pire. Elle n'en sait rien, elle n'a pas la moindre idée de ce qui va advenir d'elle maintenant. Mais elle aurait dû se méfier. Bon sang, elle aurait dû se méfier.

Il a le teint pâle et les yeux fatigués de ceux qui n'ont pas beaucoup dormi. Ses traits affaissés ne reflètent aucune trace de remord, mais pas de joie non-plus ; s'il n'avait pas été si visiblement attiré par la brillance de ses yeux verts, elle aurait pu croire être face à un autre homme. « Après hier soir, c'est une simple formalité. Pour la paperasse. Ton mobile ? » Eva croise les bras. Elle ne répond d'abord rien. Non pas qu'elle n'ait pas envie de coopérer, les preuves sont accablantes, et l'épaisseur du dossier qu'il tient dans les mains ne laissera jamais la moindre place au doute. Ce n'est pas non plus qu'elle a des remords, elle le voulait, elle l'a eu, c'était un flic. Peut-être un message du karma pour lui dire qu'après Lancelot, elle a vraiment fait n'importe quoi. Ce n'est pas non plus qu'elle soit en colère contre lui, ou pas vraiment, Alistair a fait son travail. Elle... Ah, voilà ce qui l'énerve. « Tu m'as prise pour une conne. »

Il ne relève même pas le nez. Ses yeux sont glacés comme l'hiver quand il les pose presque tranquillement sur le dossier ouvert, qu'il grogne. « Oui. Réponds-moi, j'ai pas envie d'y passer la journée. » Se faire arrêter, d'accord. Coopérer, pourquoi pas, si cela peut réduire sa peine. Mais ça, non. Les yeux réduits à deux fente, Eva se fait mauvaise, sifflante. « T'étais beaucoup plus aimable hier soir, j'aurais pu répondre à toutes tes putains de questions à ce moment-là. » Elle lève les yeux au ciel, puis sourit. Ses dents blanches brillent presque à la lueur du plafonnier, comme des canines de vampire. « Ah mais je l'ai fait. T'as qu'à écouter tes enregistrements si tu veux la remplir, ta paperasse à la con. » Il a commencé à enregistrer quand, d'ailleurs ? Avant ou après l'avoir baisée ? « Je pourrais faire ça oui, mais ça nous ferait perdre beaucoup de temps pour pas grand chose. Ca dépend combien de temps t'as envie de rester en prison avant de partir sur l'île, en fait. » Tiens donc.

L'île, bien sûr qu'elle en a entendu parler, Eva, comme tout le monde. Mais seule une poignée de condamnés la rejoignent, qui dit que ce sera pour elle ? « T'as l'air drôlement bien renseigné. J'irai peut-être pas, sur l'île. » Elle renifle, méprisante. « Et si j'y vais pas j'vais sûrement prendre plusieurs décennies alors bon, tant qu'à faire. Moi je suis pas pressée. » Alistair est mal à l'aise. Il ne la regarde presque pas, un peu comme à chaque fois qu'elle prononçait une phrase un peu piquante en sa présence, quand il se faisait passer pour autre chose que ce qu'il est. Dans l'humanitaire, hein. Connard. Elle aurait dû s'en douter. Ses jambes se croisent, sa colère est gelée, murée par ses membres qui enferment sa fine silhouette. « T'as avoué six putains de meurtres, et t'as moins de vingt-et-un ans, t'iras sur l'île et ce sera le procès le plus court de l'histoire. Personne prendra le risque de te remettre en liberté. » « J'ai pas envie de te faire le détail du mobile et du modus operandi. Pose des questions où j'aurais juste à répondre par oui ou par non, on ira beaucoup plus vite et je gaspillerai pas ma salive. » Comme s'il méritait autre chose de sa part, maintenant.

Et contre toute attente, il lui obéit. « Tu avais prémédité ces meurtres ? » « Oui. » Pas elle directement. Elle avait des instructions, de plus haut, mais oui. « Tu étais payée pour ça ? » Encore oui. « Par qui ? » Elle ricane. Ses mains se crispent sur ses avants-bras. « Si tu crois que je vais te le dire. » Il lève les yeux, un sourcil haussé par l'agacement. Il est vraiment mignon comme ça. « T'as plus rien à perdre, là où on va t'envoyer personne pourra te retrouver pour te faire regretter d'avoir balancé. Ca évitera que d'autres hommes soient tués. » Ben voyons.
« J'ai pas l'intention de crever sur l'île et en rentrant je veux avoir l'assurance qu'il m'arrivera rien de fâcheux. Alors je vais pas te le dire, te fatigue pas. » « La coopération ne pourra jouer qu'en ta faveur pendant le procès. » Qu'il la prenne pour une conne, d'accord. Mais à ce point ? Cette fois, Eva fronce les sourcils, le dévisage. « Tu sais très bien que non. Question suivante, et arrête de m'énerver. » Elle a tellement rien à perdre que ça ne la dérangera pas du tout, de frapper un policier.

« T'es débile. » Cette phrase, ce n'est pas la première fois qu'elle l'entend. Hier soir, il l'a dite, les quelques jours avant aussi, les semaines. Ce foutu gag est devenu récurrent, alors elle répond par la même. « C'est toi le débile. Encore que, peut-être pas vraiment vu que je suis là et toi aussi. Si on a fini, on est pas obligés de faire durer ça, t'as peut-être d'autres nanas à aller piéger ? » Levant le menton, et refusant de s'attendrir, elle se penche doucement, un odieux sourire aux lèvres. « Les nouvelles méthodes de la police pour enquêter sont discutables, quand même. » Ah. Ça marche. Piqué au vif, il relève le nez, vexé. « J'avais pas prévu de coucher avec toi et quand bien même, ça change rien. Personne de sensé ne laisserait une meurtrière se balader librement. »  Son sifflement est faussement admiratif quand elle recule, se cale contre le dossier de sa chaise. « Bah t'étais drôlement assidu, dans ce cas. Si cette pensée te permet de dormir sur tes deux oreilles, tant mieux pour toi. » Elle, elle s'en souviendra sûrement, de cette étrange nuit. Il a été gentil avec elle, et ce n'était pas arrivé depuis longtemps, qu'on le soit ; voilà sans doute pourquoi ça la met autant en pétard, de se rendre compte qu'il n'y avait rien là-dessous, rien du tout. Seulement sa suspicion, et les résultats. Il l'a condamnée à l'instant où ses mains se sont posées sur elle.

Face à elle, Alistair soupire. Si elle est incapable d'en interpréter la cause, elle sait en tout cas ce qu'il va faire juste après. Sa conscience est maltraitée, au pauvre petit policier, et elle ignore si c'est de la culpabilité ou seulement de l'agacement. D'ailleurs, Eva ne sait pas ce qu'elle préfère, de ces deux sentiments. Ses mains ramassent l'épais dossier, il n'a pas besoin de lui poser plus de questions. Il sait déjà qu'elle ne répondra pas, qu'elle connait déjà son sort ; alors sans lui jeter le moindre regard, il recule. Elle est toujours assise. « Ouais, c'est ça. Tu vas me manquer. Profite bien du voyage. » Eva ne répond rien. Il s'éloigne, pose une main sur la porte ; une dernière fois, ses yeux bleus se tournent vers elle, et incapable de comprendre ce qui l'anime, tout de suite, ce qui brille dans son regard gelé, elle le soutient tout de même, défiante, déçue. Parce que pour la première fois depuis la mort de Lancelot, elle y a cru. Pour les quelques heures de répit qu'il lui a donné la veille, elle y a cru. Quand il la franchit, elle se promet que c'était la dernière fois. La trahison est trop amère pour qu'elle récidive.

La porte claque derrière Alistair, et elle soupire, avant de poser ses coudes sur la table, penchée en avant. Une étrange nausée l'envahit maintenant, sûrement de l'appréhension. Elle ne devrait pas avoir peur d'aller là-bas, et pourtant ; pourtant, à la lueur de ce qu'était sa vie autrefois, elle sait qu'il ne s'agit que de la dernière marche de sa descente. Sur l'île, si tant est qu'on l'y envoie, ce sera le fond du gouffre. Trop haut pour être remonté, trop profond pour être vue. Une dernière pensée va doucement à sa famille, la maison en Espagne, au milieu de rien. Peut-être que si sa vie avait été différente à ce moment-là, elle n'aurait pas connu ce futur. Pourtant, elle ne regrette rien. Si les choses s'étaient passées autrement, elle n'aurait pas connu ce qu'elle juge aujourd'hui comme les deux seules années de bonheur qui ont jalonné son existence, et que la maladie lui a arrachée. Alors, peu importe ; désabusée, Eva attend qu'on vienne la chercher. Quel que soit son futur, elle est prête à l'endurer.

Elle n'a plus rien à perdre, même pas la vie.

Félicitations !

Eva Esperanza, bienvenue sur l'île !

Une petite demoiselle haute en couleur qui n'aura sans doute eu aucun problème pour se faire sa place sur l'île (et chez les chimères, surtout si elle est espagnole).
Amuses-toi bien avec ce nouveau perso et help ça me fait plus de rp

Bravo pour ta validation petit délinquant. Maintenant que ta fiche est terminée, il est temps de poser définitivement tes valises, de t'installer et de commencer à jouer.
Pour commencer, tu peux vérifier que le staff a bien fait son boulot, et vérifier que ton avatar a été réservé dans le bottin, et que ton personnage a été recensé dans son pays d'origine et sur la date de son arrivée. Si tu ne vois pas ton nom sur un des trois sujets, n'hésite pas à MP un des membres du staff, on t'en voudra pas, loin de là
Une fois ça fait, tu peux aller poster ta fiche de lien et ta première fiche d'activité RP. Si besoin est, tu peux aussi aller poster un pré-lien si t'as une idée bien précise de ce que tu veux.
Voilà, maintenant t'es paré pour commencer à jouer.
Tu peux désormais aller voir ce qu'il se passe dans ton gang (intrigues ou tea time sur les autres gangs) dans le forum qui lui correspond dans la partie "A la file indienne".
Hésite pas non plus à passer dans le flood et les jeux ainsi qu'a voter sur les top-sites.

Bon jeu parmi nous !