âge ; Quelques années, sans doute pas assez pour lire sur son visage toute la douleur d'un quotidien fait d'une violence ordinaire. Vingt et un ans à peine et déjà usée. L'âme noircie par la concupiscence de ses aînés, vingt et un ans et pourtant...
lieu et date de naissance ; 28 juillet 1998, un jour ordinaire pour une vie ordinaire dans la capitale du soleil levant. La chaleur de l'été étouffa ses premiers cris alors qu'elle peinait à ouvrir les yeux sur cette nouvelle famille qui serait la sienne, cette homme tout particulièrement qui l'attrapait pour la première fois... quelques heures de vie seulement et déjà elle lui appartenait.
origines ; La retenue coule dans ses veines, le respect et la politesse, mais aussi cette perversion si caractéristique et tabou des japonais à la pudicité légendaire... Les yeux étirés sont une évidence pour cette famille réfractaire au changement.
pays de provenance ; Encore et toujours ce pays qui l'a vu grandir et s'abîmer, devenir une femme et se heurter pourtant aux murs qui lui barraient son chemin. L'archipel perdue entre histoire et modernité sont une constante qu'elle exècre malgré elle.
langue(s) parlée(s) ; Le japonais n'est-il pas suffisant ? C'est pourtant ce qu'on lui a appris : il n'est de plus beau langage que celui des siens. Mais en dépit du regard noir de sa fratrie, elle bredouille quelques mots anglais, fière de se constituer sa "propre identité".
statut social ; Elle n'appartient à personne, du moins plus depuis qu'elle à mis les pieds sur l'île. Il a bien essayé pourtant, de la garder auprès de lui... Mais cette liberté soudaine est un poids, une croix à porter alors qu'elle découvre que son corps lui appartient. Alors elle donne ce qu'elle a toujours eu l'habitude de donner, elle fait onduler ses hanches sur des musiques langoureuses, et l'appel de la sirène, rarement reste sans réponse.
classe sociale ; L'argent n'a jamais afflué, et elle se contente de vivre avec quelques pièces. Avare d'attention bien plus que d'or, elle ne vit qu'au travers de ses rencontres sans se soucier de bien matériel. Elle se nourrit de l'âme plus que du porte monnaie.
temps d'exil ; La date est comme gravée dans sa mémoire alors que ses pieds ont foulés le sol de l'île le 7 février 2013. Elle erre depuis, et si elle semble s'être accommodée de cette vie, son regard, parfois, se perd dans le vague et craint de ne voir arriver cette silhouette qu'elle connait trop bien. Un cauchemar qui la hante et qu'elle préfère oublier en se noyant dans les sourires de ses "conquêtes".
crime présumé ; Un crime ? Est-ce un crime de prendre ce que l'on veut ? Aujourd'hui encore, elle ne comprend pas pourquoi elle doit payer pour une nuit qu'elle voulait. Elle avait pourtant cru comprendre, que quand on veut quelque chose, on le prend sans demander son reste, et que le monde devait s'en accommoder. Lui a-t-on menti ? Mais en son fort intérieur, cette petite boule d'angoisse qui a fait son apparition avant même de passer à l'action pèse toujours, sa conscience n'est pas tranquille et elle hésite, elle ne sait plus et elle se ferme alors que la vérité semble si difficile à croire.
innocence ; Coupable, le mot l'avait tranchée, poignardée en même temps que le marteau de la justice s'abattait sur le bois. La "victime" poussait un soupir de soulagement alors qu'on la condamnait. Une justice à laquelle elle ne comprenait rien, mais qu'on la forçait à accepter.
volontaire ; Si elle avait eu le choix, aurait-elle seulement pensé à se porter volontaire ? Sans doute que non, elle serait resté parmi les siens, sous son emprise, non loin de son regard abyssal.
casier ; Un visage de poupée, un sourire timide et une douceur que tout le monde lui connaissait. Elle n'était qu'une jeune femme à l'aube de sa vie, tentant vainement de trouver sa place dans un monde où tout semblait se contredire, mais si son âme était déjà souillée, jamais elle n'avait reproduit sa violence quotidienne. Jamais jusqu'à ce fameux soir. Son seul péché aux yeux de la lois est ce viol, un mot qui n'a aucun sens pour elle. Mais s'ils savaient... que malgré elle, son casier pourrait comporter quelques lignes de plus...