C'est pas pire, c'est pas mieux. Y a pas les touristes friqués à arnaquer, mais y a pas non plus les flics qui te cassent le dos (encore que la Milice en est pas loin, mine de). Et elle le juge comme ça, des maux et des biens qui s’additionnent de manière équivalente. A la limite, il y a plus de moins que de plus parce qu'ici, y a pas de coca et de chewing-gum, et ça, ça craint carrément.

C'est la meilleure blague du moment, Luz, une Sage. Elle est trop perchée pour la comprendre elle-même. Dans tous les cas, Luz ne pouvait pas rester sans protection, sans quelque chose à s'injecter dans le crâne non plus. Faut croire que pour une fois, elle a eu de la chance, elle a rencontré les bonnes personnes, sinon, elle aurait terminé chez les magiciens et s'en serait pas sortie. L'appel des substances, ce genre de trucs. Au moins, chez les Sages, c'est meilleur, parce que c'est "naturel", 'fin, c'est ce qu'ils disent, alors ça doit être vrai. En plus, elle aime bien bosser dans les plantations, c'est vert et ça sent bon.

Dur à croire, simple à comprendre, Luz n'en avait pas. Ou alors, ils n'étaient pas au même niveau de fantaisie que l'on imagine quand on parle d'un "rêve". Parfois, elle rêvait de manger un bon gâteau. A d'autres moments, de pouvoir quitter la Villa miséreuse. Une fois, elle a rêvé qu'elle se rendait à une fête hyper friquée, avec du maquillage et une jolie robe, et même qu'elle avait un partenaire avec qui danser. Puis, tout changeait au gré de ses humeurs, de ses envies. Rien de bien concret puisque de toute manière, ses plus beaux rêves, elle les réalisait quand elle avait une aiguille dans le bras.