le chaos, tout d'abord. les coups qui se perdent, les mots qui blessent. vous étiez tous aussi perdus les uns que les autres. et puis l'ordre. un semblant d'ordre arrivé avec l'apparition des gangs. chacun à son rôle à jour, en apparence, du moins. en réalité, vous êtes toujours aussi perdus. vous êtes toujours des criminels, pour la plupart, du moins. mais l'île, c'est devenu ton foyer. un foyer aussi bancal que celui que t'avais avant. mais un foyer que tu voudrais pas quitter pour autant.

quand t'es arrivé, t'était complètement paumé. tu l'avais bien cherché pourtant, tu savais qu'il y aurait des conséquences. mais t'avais perdu tous tes repères et, même si tu regrettais rien, tu savais plus quoi faire. t'as trouvé ton équilibre un temps. t'as trouvé ton soleil. un soleil certes éteint mais qui suffisait à réchauffer ton cœur. et longtemps, ça a juste été vous deux. jusqu'à ce que ça ne te suffise plus. t'avais besoin de sentir que tu faisais partie d'un univers plus grand. t'as perdu ton soleil, mais t'as trouvé des étoiles pour te guider dans la nuit froide et hostile qu'était devenue ta vie en arrivant sur l'île, et même bien avant cela.

ton rêve, ça a toujours été d'avoir une famille normale. de pouvoir partir à l'école le matin sans craindre ce que tu allais retrouver à la maison en rentrant le soir. tu rêvais d'avoir un père dont tu aurais connu le nom et le visage par cœur parce qu'il t'aurait appris à devenir un homme comme il t'aurait appris à rouler à vélo. tu rêvais d'avoir une mère heureuse dont les sourires auraient été sincères et dont les yeux n'auraient pas sans cesse trahi la détresse qui la rongeait de l'intérieur. et même si tu savais que ce serait jamais le cas, tu t'endormais toutes les nuits en priant pour qu'à ton réveil, tout soit rentré dans l'ordre. mais ça n'arrivait jamais.