On this day, a queen was born

@Giulia Rossini

​C'était la première fois que la famine te dérangeait vraiment. T'avais faim, tu pouvais pas le nier. Il t'arrivait souvent de donner tes rations aux plus jeunes, ratant ainsi plusieurs repas. Tu pouvais pas manger en sachant que d'autres mangeaient pas à leur faim. Ton trop grand coeur allait causé ta perte. Peut-être. Mais toi, t'étais convaincue que c'était ce qui faisait ta force. Alors tu te prenais pas trop la tête avec ça, t'avais espoir que ça ne soit que temporaire. Là, ce qui t'embêtait, c'est que t'avais aucune façon de faire un semblant de gâteau pour une journée qui était importante pour toi. La fête de Giulia. Douce Giulia qui méritait d'avoir un anniversaire à elle. D'avoir sa journée à elle. Alors au final, t'as quelques fruits, ce que t'as gardé depuis deux ou trois jours, à défaut de pouvoir vraiment faire mieux.

T’avais donc ton petit trésor dans tes bras, ayant montré les crocs ces deux derniers jours si quiconque tentait de te le dérober, alors que tu cherchais au travers le quartier celle à qui appartenait cette journée. Tu cherchais cette petite tête blonde, passant par le hangar pour ensuite aller voir du côté des dortoirs avant de te dire que t’allais sûrement plus la trouver du côté du laboratoire. C’est donc là-bas que tu vas, sans doute l’endroit que tu connais le moins parce que t’as pas grand chose à faire là-bas. T’as rien d’une scientifique et t’es vraiment pas sûre d’avoir ce qu’il faut pour réussir les recettes. Le ring te semble beaucoup plus simple à gérer.

Finalement, tu l’aperçois et c’est un large sourire qui vint étirer tes lèvres. T’accélères le pas, tu manques de bousculer quelqu’un, tu t’excuses platement, tu l’avais pas vu, ton regard concentré ailleurs. Elle te tourne dos, parfait, t’allais pouvoir la surprendre. Bon, t’attends qu’elle ai déposé ce qu’elle tient, t’as pas envie de savoir que le laboratoire a explosé par ta faute (surtout que, vu ta position, t’allais pouvoir y assister en direct). Quelques secondes plus tard, t’as presque l’air d’une enfant à t’impatienter à quelques pas de la sicilienne. Finalement, elle dépose ce qu’elle tient et toi, tu sautes sur l’occasion (et pas sur elle, même si t’as bien envie de la prendre dans tes bras).

- Giulia.

T’attends qu’elle réagit à son nom, celui que tu viens de prononcer doucement, avec un sourire sur tes lèvres qui s’entendait dans ta voix.

- Je sais pas si t’as encore beaucoup à faire, mais je te kidnappe pour la journée.

Tu lui donnais pas vraiment le choix. C’était ça, après tout, un kidnapping. Puis, si vraiment ça posait soucis, t’irais t’arranger toi-même avec Flitwick ou the Grey Lady. Ou alors t’irais voir Don pour plaider ta cause. On pouvait pas t’en vouloir de simplement vouloir faire d’un anniversaire quelque chose d’un peu plus spécial, si ? Dans tous les cas, toi, t’étais convaincue que non et c’était mal te connaître de croire qu’on pourrait te faire changer d’avis. Alors tu gardes ton large sourire, l’invitant à te suivre, attendant tout de même qu’elle t’emboîte le pas avant de prendre la sortie des laboratoires. Trop de fumée et d’émanations, c’était clairement pas l’endroit que tu préférais au sein du quartier dans lequel tu vivais depuis plusieurs années maintenant.

On this day, a queen was born

@Giulia Rossini

​C’est pas ta place, dans les laboratoires, mais c’est pas non plus comme si tu t’en souciais réellement. Après tout, t’étais dans ce gang depuis le tout début, alors t’assumais avoir ta place un peu partout. Puis, t’étais pas là pour jouer avec les recettes et faire mumuse avec ce qui pourrait potentiellement explosé, tu voulais juste voir Giulia. C’était son anniversaire et tu considérais ça comme important de le souligner. Alors tu t’étais déplacée, attendant avec une certaine impatience qu’elle dépose ce qu’elle tenait, juste pour éviter que quiconque se blesse. T’étais une adulte responsable, après tout, l’une des rares sur cette île, c’était encore plus vrai lorsque ça considérait le gang. Lorsque tu voyais la façon dont réagissaient certains, tu te disais que c’était pas mal, qu’il y ait un peu de sagesse dans ce gang de brutes qui réfléchissaient plus souvent avec leurs poings qu’avec le reste.

Même si, tu ne pouvais pas nier qu’il y en avait comme Giulia. Douce demoiselle qui découvrait la vie. C’était pour ça aussi que tu voulais souligner cette journée importante, parce que tu voulais la faire sentir importante mais aussi qu’elle puisse apprécier cette journée lui étant réservée. Car t’étais pas là pour autre personne qu’elle et tu comptais bien lui réserver cette journée toute entière. Peut-être aurait-elle préféré passer sa journée avec un autre chimiste (à qui tu adresses un regard en coin avant de reporter ton attention sur la reine de cette journée) mais tu lui laisses pas trop le choix. Et si elle semble pas convaincue par ta tentative d’enlèvement, elle accepte tout de moins de te suivre. C’est déjà ça de gagner.

- T’inquiète pas, je m’occupe de tout !

Après tout, tu la laisserais pas être la victime de conséquences de tes décisions. Tu salues les autres dans la pièce, tous ces jeunes que t’as appris à connaître au fil du temps et tu traînes la blonde à ta suite, tenant toujours le petit sac de tissu dans lequel se trouve les fruits. T’es vraiment triste de pas avoir pu cuisiner quelque chose d’un peu plus spécial mais, avec la famine et le manque de rations, tu pouvais difficilement faire mieux. Ne dit-on pas que c’est l’intention qui compte, non ?

- Ehh, c’est une bonne question.

Tu éclates d’un rire sincère. T’avais pas trop réfléchi à ce que vous alliez faire. T’avais juste eu l’idée de passer du temps avec elle, le reste, tu te disais que c’était pas trop important, que tu pourrais y réfléchir le moment venu. Alors maintenant et ce moment et t’étais un peu prise de court. Aussi responsable tu pouvais être, parfois t’avais trop d’un enfant trop enthousiaste vis-à-vis de quelque chose et oubliant de mettre les trucs en place.

- T’as envie de faire un truc en particulier ? Aujourd’hui, c’est ta journée, alors, tu décides.

Tu t’arrêtes de marcher, hors du laboratoire, te retournant vers elle en lui tendant le petit sac que tu tiens dans tes mains.

- Joyeux anniversaire Giulia.

T’affiches un large sourire, sincère, alors que ton regard se fait doux, presque maternel. T’es comme ça. Tu prends soin des autres. T’as juste envie de les faire sourire. C’est ça qui te fait plaisir, de savoir que les autres vont bien, que t’as peut-être réussi à amener un peu de soleil dans la sombre réalité que pouvait être la vie sur l’île. T’étais peut-être trop optimiste, sans doute que t’avais pas ta place ici mais t’étais là, alors t’avais décidé de faire le plus que tu pouvais de cette dizaine d’années forcée à passer loin du monde extérieur. T’étais venue pour rejoindre l’homme que t’aimais et t’étais pas du genre à te morfondre, alors t’étais là, à tendre la main à ceux en ayant besoin.