" Papa il était déjà pas cool avant le départ de maman.  " T'inspiras. " Papa, il frappait fort. " Corps d'un enfant, affublé d'ecchymoses. " Mais faut pas le dire, s'il te plaît le dit pas " Secret entre cousins. Secrets entre lien du sang. Secrets entre âmes soeurs, sans le savoir. Il était au courant, Rehan. Il était au courant de tout, voyait tout depuis l'âge de sept ans. Parce que ta mère elle est morte y a un an maintenant, gamin. Elle est morte d'un accident de voiture, causé par l'alcool de ton père, par ses coups parfois déjà trop fort sur toi, une dispute éclate, le volant bifurque et a tête de maman sur le pare-brise. Papa, il t'a toujours dit que c'était de ta faute que t'avais qu'à moins pleurer. Ta mère est morte et c'est de ta faute, et t'en es désolé, t'as voulu te tuer plusieurs fois. Pression morale. Violence physique d'un adulte sur un bambin mais y avait Rehan. Et maman était juive. Alors, tu te dis que si tu te suicides tu pourras pas la rejoindre au paradis, c'est comme ça hein?  



" Rehan! " cri d'un enfant, cri d'une victime. une fois de plus papa a frappé, une fois de plus tu cours vers chez ton cousin, tu te caches dans sa chambre sans que sa mère le sache parce que tu veux pas que tata le sache parce que tu veux simplement les bras de rehan. rehan il a les bras plus forts, mais toi tu l'fais rire. il te soigne, rehan. il te fait jouer aux jeux vidéos, il te fait sortir, virevolter sur son skate alors que toi t'es nul à ça, mais vous en rigolez. rehan c'est ton paradis face à l'enfer de papa. papa il dit toujours que c'est de ta faute, mais t'essayes de le rendre fier toi, tu ramènes des bonnes notes, tu croules sous les compliments des professeurs mais papa se noit dans l'alcool et c'est pas assez pour papa, papa dit des fois qu'il aimerait que tu sois pas là, papa il casse des choses autour de toi, papa il t'enferme. puis rehan il part. il s'en va parce que rehan il a voulu te sauver pourtant t'as voulu l'en empêcher mais lui il est devenu rouge de colère alors rehan il t'a pas écouté. et toi, c'est devenu encore pire. claustrophobie, crise de panique. t'as plus d'échappatoire, t'as plus rien. t'as juste ton père.



papa cette fois-ci, il hurle trop fort. et ta tête bourdonne. et tu vois trouble. et ton corps tremble, et tes lèvres se retroussent, et t'es plus toi. tu hurles, tu hurles " c'est de ta faute, c'est toi, c'est toi depuis toujours, elle est plus là. frappe plus, frappe plus. plus jamais, tu frapperas. " tu prends quelque chose, ton poing peut-être? peut-être la lampe qu'il y a à l'entrée, peut-être bien que t'as pris la petite statuette de jésus qu'il y a dans l'entrée parce que fallait pas parler des origines juives de maman à la maison depuis son départ. mais c'que tu te rappelles c'est le rouge. le rouge partout. les éclaboussures et toi dedans. toi, gisant. et lui, agonisant. t'as appelé les urgences, la police, tu t'es rendu. t'as tout expliqué devant le juge mais y avait pas de preuves de tout ce que tu racontais puis, t'étais peut-être juste devenu fou?  alors, on t'a demandé de partir loin de chez toi, t'es parti.



tu retrouves rehan, tu l'veux lui. c'est l'amour rehan, tu le comprends enfin. mais lui le comprend pas lui il voit que les filles alors, que toi, tu vois que lui mais c'est pas grave, c'est la joie il est là. puis y a les autres sages, les hommes, les femmes, les amours, les emmerdes, les livres, les sages, les drogues douces, les rires. quelques petites larmes, quelques petites crises quand y a trop de bruits quand y a trop de mots, des mots que tu veux plus entendre. mais t'es heureux ici, t'es loin. t'es loin de papa, et t'as même l'impression que maman elle te voit mieux d'ici parce que les étoiles sont plus brillantes qu'en Autriche, alors tu décides d'être heureux, t'aides comme tu peux, t'essayes de ne pas trop t'attacher parce que des fois t'as un peu peur, t'as eu peur quand Lenny s'est fait accuser de meurtres.