“safety zone.” le spectacle auquel tu viens d'assister t'a perturbé, comme tu sais qu'il l'a fait pour ton amie. c'est pour ça que tu décides de partir avec elle, et de vous éloigner de ces horreurs qui se déroulent sous vos yeux et dans votre tête. car tu sais que des images la hantent elle aussi, comme la danse des flammes et la chaleur qui s'en dégageaient t'ont hanté depuis ce jour où t'as définitivement abandonné les faibles restes d'innocence qui te caractérisaient. parce que même si tu ne connais pas toute son histoire, tu sais qu'elle est comme toi, dans le fond. tu sais que son crime lui colle à la peau et qu'elle ne pourra jamais s'en défaire. lorsque vous êtes assez loin de la place, pourtant, tu la lâches subitement. et, aussitôt le contact rompu entre la main de bea et la tienne, tu accélères le pas, sans regarder derrière toi. tu peux plus faire semblant, pas après ce que tu viens de voir. tu peux plus prétendre que tout va bien quand t'as l'impression que ton monde est sur le point d'exploser à chaque instant, comme ça a été le cas ces derniers temps. alors tu la laisses tomber, lâchement. t'espères même pas qu'elle comprendra. t'arrives même plus à penser à autre chose que ce que tu viens de voir.

et à l'idée que ça pourrait un jour être toi sur cette place.

mais plus tu t'éloignes d'elle et plus t'as l'impression d'étouffer. t'as l'impression qu'avant ton monde, c'est ta tête qui va exploser. alors tu accélères encore le pas, t'en es presque à courir, comme à la poursuite de cet air qui semble te manquer. et les arbres défilent sous tes yeux, la lumière du soleil perçant à travers leurs branches, t'éblouissant. te donnant encore plus mal au crâne. et lorsque tu penses être assez loin, à bout de souffle, tu t'arrêtes, brusquement. trop brusquement. et les arbres ne défilent plus. ils se mettent à tourner. de plus en plus vite. trop vite. tourbillon de couleurs qui te donne le vertige. ton estomac se tord et tu as tout juste le temps de te pencher au dessus d'un buisson.

la culpabilité te ronge jusqu'à t'en rendre malade.
littéralement.

tes jambes te portent encore le temps de faire quelques pas. tu te passes une main sur le visage avant d'appuyer ton dos contre un arbre et te laisser glisser jusqu'au sol, à bout de forces. les jambes ramenées contre toi et le front posé sur les genoux, tu essaies de calmer ta respiration. de calmer tout ton corps qui s'est mis à trembler. comme si contenir ce que tu gardes au fond de toi devenait trop difficile pour lui. tu essaies d'effacer ces images, toutes ces images qui défilent et te narguent, s'entremêlant sans aucun sens. le feu ravageant le bâtiment et la sirène des pompiers, les pierres faisant craquer les os et les cris de la foule, le sang sur tes mains et cette voix dont les mots ne veulent rien dire, pas sur le moment du moins. pas encore. parce que tu n'as pas l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait. tu as juste l'impression d'être pire que ce gars qui est entrain de crever sur la place.

@beatrix lazarus  
 

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“safety zone.”La sauvagerie de leurs natures complexes impossible à chasser de sa vision, les pierres se succédant sur sa carcasse meurtrie, son imagination suffisant à prédire ce à quoi ils avaient tourné le dos pour s’enfoncer dans leur forêt familière, celle où leur nature bestiale paraissait presque naturelle et non plus prédéterminée par leur sentence, à l’image de ce que ce spectacle semblait refléter d’eux. L’esprit embrumé, elle suivit les pas de Newt, le laissant l’entraîner dans ces bois qu’ils connaissaient maintenant si bien, un dédale labyrinthique pour ceux qui n’étaient pas initiés. L’esprit obnubilé par les doutes, incapable de déterminer si le spectacle lui avait paru insoutenable en raison d’un reste d’humanité décharné après les atrocités qu’elle avait commise ou si c’était la culpabilité de ces atrocités qui l’avait fustigé au point qu’elle n’ait pas jeté la première pierre à celui dont elle craignait de prendre la place. Une interrogation restée pendante, à laquelle elle ne pouvait donner de réponse. Elle ignorait même si cela avait une importance dans le fond, les raisons de son inertie ; s’il était plus important de constater qu’elle n’avait rien fait que de savoir pourquoi il en avait été ainsi.

Ils n’échangèrent pas un mot, si perdue dans ses tourments existentiels et égocentriques qu’elle n’avait point remarqué ceux qui s’emparaient de son fidèle ami, lui qui avait toujours enduré les coups qui lui étaient destinés ou destinés à ses pairs. Une abnégation sans faille, en apparences, si ce n’était pour cette fissure qu’il parvenait si bien à cacher et alors masquée par le sang coulant des plaies de cet homme qu’elle ne connaissait pas mais dont le visage restera imprimé sur sa rétine éternellement. Ce n’est que lorsque Newt lâcha sa main pour presser le pas, sa silhouette se faisant distante à mesure que l’écart se creusait entre eux, elle qui s’était arrêtée lorsque le contact fut rompu comme pour prendre le temps de revenir à la réalité, fuyante.

« Newt ? » Sa voix était suffisamment forte pour qu’il puisse l’entendre, si même il souhaitait l’entendre. Mais elle n’obtint aucune réponse et il ne se retourna pas, Lancelot continuant de s’éloigner silencieusement. Elle hésita un instant à le laisser ainsi, craignant que sa présence à ses côtés soit importune, non désirée comme elle semblait l’être. Mais son inquiétude pris le pas sur la bienséance, préférant s’assurer qu’il allait bien quitte à être chassée. Elle lui emboîta donc le pas, se pressant quelque peu pour rattraper son retard sans jamais quitter sa silhouette des yeux, pour ne pas la perdre au détour d’un sentier.

Elle était presque à sa hauteur lorsqu’elle le vit se pencher au dessus d’un buisson, incapable de retenir sa bile plus longtemps. Soucieuse, elle s’approcha de lui alors qu’il s’affaissa au pied d’un arbre, plongé dans un état qui ne soulagea en rien son appréhension. Sans dire un mot, elle fit tomber ses genoux à terre à ses côtés, l’une de ses mains venant se glisser dans les cheveux de Lancelot pour descendre jusqu’à sa joue, son regard alerte cherchant à croiser le sien pour tenter de comprendre ce qui l’animait, pour lui signaler sa présence – peut-être jugée intrusive -, pour lui signaler qu’elle était là tout simplement. Mais il semblait perdu dans un univers dont elle n’avait pas la clé, pris au piège dans un supplice dont elle ignorait les codes. « Newt, respire. Lentement, avec le ventre. » Elle tenta d’inspirer avec force, pour lui donner un rythme à suivre, sans jamais défaire le contact visuel. « Compte avec moi, dans ta tête, concentre toi sur les chiffres. Sept, six, cinq... » Son pouce glissa doucement sur la pommette du jeune homme tandis qu’elle continuait de compter à rebours, distinctement, sans hâte, pour tenter de le ramener à la réalité, constante.

@newt fawkes  
 

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“safety zone.” le vacarme de tes pensées et celui de ton cœur qui frappe au niveau de tes tempes t'empêchent de te rendre compte de ce qu'il se passe autour de toi. alors tu vois pas ton amie s'asseoir à tes côtés, tu sens pas sa main se glisser dans tes cheveux, sur ta joue, t'entends pas sa voix qui essaie de te ramener à elle. pas tout de suite. t'es plus vraiment là, t'es plus vraiment sur l'île. t'as l'impression d'être plongé dans un brouillard qui annihile tes sens, un brouillard dont t'arriveras pas à te sortir seul. sauf que t'es pas seul, newt, et les efforts de mordred qui s'acharne à te sortir de là finissent enfin par payer, te faisant revenir peu à peu à toi. soudain, tu entends à nouveau le bruit des feuilles agitées par le vent. et cette voix que tu reconnais entre mille. “bea...?” tu murmures faiblement, réalisant finalement qu'elle est là, incapable de dire depuis combien de temps cependant. t'essaies d'écouter, de faire ce qu'elle te dit. mais ta respiration est saccadée, et t'as toujours cette sensation d'étouffer. tes doigts frôlent doucement sa main posée sur ta joue d'où se dégage une chaleur qui ne parvient pourtant pas à réchauffer ton âme, ou pas complètement du moins, et tu fermes les yeux pour tenter de te concentrer sur ses paroles. mais les images te reviennent, comme un film se projetant inlassablement sur l'écran noir de tes paupières.

sauf que t'es seul dans la salle et que t'as pas payé pour cette séance là.

alors tu ouvres à nouveau les yeux pour retrouver le regard de ton amie et t'y accrocher comme à une bouée afin de ne pas te laisser sombrer dans les profondeurs de ton esprit encore embrumé. tu rencontres un regard soucieux dans lequel tu te perds finalement un peu avant de mieux te retrouver, apaisé mais toujours bouleversé. tu baisses finalement la tête lorsque tu sens tes yeux devenir humides. tu les essuies d'un revers de manche fébrile cependant, soulagé de pouvoir à nouveau respirer normalement, ou presque, mais honteux de t'être laissé submergé par la panique, espérant silencieusement dans un élan de fierté mal placée que bea n'aurait pas remarqué ta faiblesse malgré tes yeux encore rougis, mais sachant également qu'elle était de toute façon trop honorable pour te le faire remarquer. “je... suis désolé.” tu souffles, le regard toujours baissé, fixant le sol. désolé pour quoi exactement? désolé de t'être laissé aller devant elle alors que tu ne l'avais jamais fait de la sorte? désolé de l'avoir laissée tomber quelques minutes plus tôt lorsqu'elle avait besoin de toi pour évacuer ce que vous veniez de voir, préférant fuir pour te morfondre égoïstement sur ton propre cas? désolé de lui avoir caché la vérité jusqu'à présent et d'avoir été le contraire de l'ami droit et fiable que tu essayais d'être? probablement un peu des trois à la fois, tu sais pas. tu sais plus, newt. t'es perdu.

@beatrix lazarus
 

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“safety zone.”Elle pouvait entendre son cœur tambouriner contre sa poitrine, une bête féroce souhaitant s’affranchir de ces os qui la tenaient en place, furieuse que sa fuite soit ainsi empêchée, trop grande et trop tendre pour être maintenue dans un espace si clos sans menacer d’exploser de chagrin et de rage. Sa joue sous sa main, seule preuve qu’il était en réalité présent auprès d’elle, son esprit absent, submergé par une peine indicible qu’elle ne pouvait deviner, seulement observer, impuissante. Sa voix tempérée s’éleva, suffisamment pour qu’il puisse l’entendre sans le brusquer, dans une une vaine tentative pour l’extirper de son affliction.  Sa respiration qui lui donne l’exemple, pour qu’il reprenne pied, pour qu’elle puisse l’avoir en face d’elle, dans leur réalité commune, et non pas la seule carcasse d’un homme trop perdu dans ses tourments pour être conscient de ses alentours. Elle qui ne voit plus que lui, les cimes des arbres leur offrant une protection éphémère, tenant à l’écart le reste du monde pour qu’ils ne soient qu’eux deux, momentanément saufs de leurs supplices respectifs.

Elle pouvait sentir son propre cœur frapper contre sa poitrine, vif organe virulent cherchant à s’échapper en vain d’un corps qui n’avait jamais abandonné, pas même lorsqu’il aurait dû pour sauver son âme. Finalement, son surnom s’échappe de ses lèvres torturées, une bouteille à la mer jetée en plein naufrage à laquelle elle s’accrocha désespérément comme si elle était celle menacée de la noyade. « Oui, c’est moi, Newt. Je suis là. » Elle lui offrit un bien faible sourire, son regard soucieux ne donnant pas le change, alors qu’elle continua de caresser sa joue lentement, d’un geste presque circulaire pour le ramener à elle. Et elle aurait presque réussi alors que les doigts du jeune homme viennent se poser sur les siens mais le soupir est bref, les paupières de Lancelot se refermant aussitôt et craignant qu’il ne sombre à nouveau dans les méandres de son obsession diurne, elle le rappela : « Newt, regarde-moi. ». Cette même obsession qui semblait l’avoir happé devant l’homme sur la potence, lui qui n’avait pas soufflé un mot alors qu’ils les avaient éloigné de l’horreur en train de se perpétrer encore en ce moment même, des pierres qui se succèdent sur des os meurtris, faisant couler le sang sur l’épiderme d’un coupable qui n’en méritait pas tant.

Et c’est alors qu’il semble reprendre vie pleinement, difficilement, piteusement. Ses yeux retrouvent les siens avant que ces derniers ne prennent la fuite, la tête basse, et elle le laisse faire sans lâcher cette main contre son visage pas même lorsqu’il se l’essuya d’un revers de la manche, pour arracher de ses joues des larmes malvenues, probablement. Elle n’en souffle pas un mot, sa posture se relâchant subtilement , assez pour qu’elle s’assoie sur ses talons aux côtés de son ami, celui aux côtés duquel elle se trouvera toujours, quoi qu’il arrive. Même lorsqu’il vient s’excuser et qu’elle n’en comprend pas la raison, ses sourcils se fronçant pour illustrer son expression confuse, presque elle-même désolée de le voir prononcer des mots qu’elle estimait injustifiés. « Pourquoi ? Il y a pas de quoi être désolé, Newt, c'est rien. » Sa main cessa finalement de caresser sa joue pour venir se perdre dans ses cheveux, lui adressant cette fois-ci un sourire plus rassurant, plus rassuré aussi, bien que ses yeux ne parvenaient pas encore à se défaire de leur air anxieux de l’avoir trouvé ainsi, dans cet état. Peut-être connaissait-il le sage ainsi exécuté, peut-être la raison était-elle toute autre. Mais ça lui avait fait peur de voir son ami si perdu en étant si impuissante face à son désarroi. « Ça va aller, je suis là. Je serais toujours là tu sais. » Toujours pour Newt, peu importe qu’il s’agisse d’épouser ses rires ou d’essuyer ses larmes ou de panser ses plaies.

@newt fawkes  
 

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